Selon les calculs des scientifiques, élever un petit tigre pour le réintroduire par la suite dans la nature est financièrement coûteux. Le Docteur-professeur Dang Huy Huynh, de l'Association de la protection de la nature et de l'environnement, a fait savoir que pour pouvoir survivre à l'état sauvage, chaque tigre a besoin au minimum de 50 proies chaque année. En d'autres termes, cela signifie que chaque spécimen a besoin d'un territoire de chasse d'environ 400 ha de forêts à usage spécifique où coexistent plusieurs espèces animales.
Un autre problème, les tigres sauvages sont toujours victimes du braconnage, et sont ainsi menacés d'extinction. En effet, le premier souci de plusieurs scientifiques se résume en cette question : comment faire pour stopper le déclin de la population actuelle de tigres sauvages ?
Les chiffres sur le nombre de spécimens qui peuplent les forêts du Vietnam diffèrent selon les organismes. Selon le Fonds mondial pour la nature du Vietnam (WWF Vietnam), il y aurait entre 30 et 60 tigres au Vietnam, tandis que les estimations du Centre d'éducation de la nature (ENV) sont elles plus pessimistes.
"Le Vietnam ne compte que 30 tigres vivant dans certains parcs et réserves nationales, essentiellement dans la région frontalière des provinces du Centre", fait savoir Trân Viêt Hung, de l'ENV.
D'après le Docteur Pham Binh Quyên, de l'Association de la protection de la nature et de l'environnement du Vietnam, il y a un autre problème : "Les zones choisies prioritairement pour l'établissement des centres de préservation des tigres sont tous menacés par les activités économiques et touristiques". Selon lui, en dehors des difficultés dans la préservation de ces félins, le plus grand défis est de parvenir à ce qu'ils se reproduisent, seule solution pour que les populations croissent à nouveau.
Un modèle efficace à Soc Son
Plusieurs chercheurs estiment qu'il faut étudier la méthode de reproduction des tigres en captivité pour pouvoir ensuite les relâcher dans la nature. Le Centre de sauvetage des animaux sauvages de Soc Son (Hanoi) a réussi à mettre en œuvre ce modèle, avec de bons résultats. Selon son directeur Ngô Ba Oanh, l'établissement a recueilli à ses débuts deux petits tigres de six mois, un mâle et une femelle, saisis après le démantèlement d'un trafic d'animaux dans une province méridionale. Après avoir grandi en ces lieux, ils se sont accouplés et comptent aujourd'hui une descendance de 10 petits.
M. Oanh fait savoir qu'une tigresse peut se reproduire à partir de quatre ans. Mais, les frais pour élever un tigre sont importants. Le Centre de sauvetage des animaux sauvages de Soc Son doit dépenser environ un million de dôngs par jour, et ce pour chaque spécimen. Il faut donc compter environ 3,65 milliards de dôngs pour élever un tigre 10 ans durant comme le prévoit le plan du programme national de préservation des tigres. M. Oanh relativise toutefois, estimant que l'on peut réduire ces dépenses au moyen du procédé suivant : après avoir été élevés pendant quelques mois, ces tigres peuvent être relâchés dans un environnement semi-captif, puis après dans leur environnement naturel pour qu'il recouvre une totale liberté.
Actuellement, le Centre de sauvetage des animaux sauvages de Soc Son déploie un projet sur la construction d'un centre de sauvetage où les animaux sont en semi-liberté sur une superficie de 13 ha. Ce projet a été approuvé par la ville de Hanoi.
Pour préserver et favoriser le renouvellement des populations de tigres, le Docteur Dang Huy Huynh demande de maintenir et d'étendre le modèle de reproduction des tigres appliqué par le Centre de sauvetage des animaux sauvages de Soc Son, ce en profitant des aides internationales.
Huong Linh/CVN