Témoin historique de la naissance de l’État vietnamien, il a adopté un point de vue progressiste en soutenant la cause judicieuse du peuple vietnamien dans les deux guerres anti-française et anti-américaine. Il est arrivé à Saigon le 3 novembre 1945 en qualité d’attaché de presse au sein de l’État-major du général Leclerc et de correspondant du journal Le Monde en Indochine. Le général Leclerc était alors commandant en chef du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient.
Le journaliste et historien Phillippe Devillers et son dernier livre "Vingt-ans et plus avec le Vietnam, 1945-1969". |
C’est avec la fougue de la jeunesse que Philippe Devillers s’est lancé à la découverte de l’Indochine. Il a écrit de nombreux articles sur la guerre au Vietnam. En novembre 1945, lui et ses amis, les journalistes Jean Lacouture et Pierre-Maurice Dessinges ont fondé l’hebdomadaire "Paris-Saigon". À travers son travail, il a mieux compris la guerre française au Vietnam, ses facettes cachées, ce qui l'a poussé à s’interroger lui-même : Pourquoi la France qui a connu une guerre acharnée avec l’Allemagne nazie est allée déclencher la guerre avec le Vietnam ?
Selon l’historien Alain Russio, le 20 janvier 1946, le journal Le Monde a publié son premier article dans lequel il a écrivait : " La France doit prendre conscience qu’une page est tournée en Indochine : Ce n’est plus la colonisation ni la tutelle qui doit guider la politique française, mais la coopération d'un genre nouveau avec des peuples dont le rythme d'évolution ne fera sans doute que se précipiter". Ce point de vue révèle tous les engagements futurs de Philippe Devillers et, à l’époque, peu nombreux étaient les Français d'une telle lucidité.
De retour en France en octobre 1946, Phillipe Devillers s’est engagé dans le mouvement pacifiste. Il a adhéré à l’Association France-Vietnam, fondée en 1946 par la journaliste-écrivain Andrée Viollis, une militante anti-fasciste qui était aussi une camarade du président Hô Chi Minh. Son statut de haut fonctionnaire du Secrétariat général du gouvernement ne l’empêchât pas de percevoir les erreurs de la politique du gouvernement français à l’égard du Vietnam. Pendant la guerre américaine au Vietnam, il continua de soutenir le peuple vietnamien à travers des articles et des livres, ainsi que des cours donné à l’université.
Lors d’une rencontre en 2010 avec la presse vietnamienne à l’occasion de la publication de son dernier livre "Vingt-ans et plus avec le Vietnam, 1945-1969" , il avait confié toujours soutenir la noble cause du peuple vietnamien qui était d’acquérir l’indépendance et la réunification. D’après lui, le peuple vietnamien était courageux, choisissant la lutte pour recouvrer l’indépendance : "Ce peuple mérite une vie dans la liberté et le bonheur".
Pour ses contributions remarquables à l’œuvre de libération du Vietnam et l’amitié entre les deux peuples français et vietnamien, il s’est vu décerner l’Ordre de l’Amitié par l’État vietnamien.