* En tant que diplomate, quels sont les plus grands succès du Vietnam en 3 années de participation à l'OMC ?
Le Vietnam a accédé à un nouveau statut. Ce n'est pas une estimation personnelle, elle a été exprimée par plusieurs dirigeants étrangers, que ce soit de pays ou d'organisations internationales. L'accession à l'OMC a ouvert une nouvelle page de l'histoire du rapprochement du Vietnam avec les pays et organisations internationales, que ce soit sur le plan bilatéral ou multilatéral, ou celui des relations politiques, économiques, commerciales, culturelles... Je considère qu'une coopération complète avec les pays et organisations internationales est essentielle pour l'œuvre d'industrialisation et de modernisation du Vietnam.
* Quel est le résultat le plus notable du Vietnam durant ces 3 années ?
En ce qui concerne l'investissement direct étranger (IDE), en 2007, soit la première année en tant membre de l'OMC, le pays a attiré 20,3 milliards de dollars d'IDE, dépassant l'objectif de 6-7 milliards de dollars fixé pour cette année. En 2008, l'IDE enregistré a battu un record absolu avec plus de 60 milliards de dollars. En 2009, même si à cause de la crise mondiale les IDE dans le monde entier ont fortement chuté, le Vietnam a reçu 21,48 milliards de dollars, ce qui est très encourageant au regard des performances d'autres pays. Lors des 5 premiers mois de cette année, le pays a attiré 360 projets cumulant des capitaux de plus de 7 milliards de dollars, soit une croissance de 40% en glissement annuel.
* Mais les spécialistes soulignent cependant que la structure de l'IDE est déséquilibrée ?
Auparavant, l'IDE allait essentiellement dans les secteurs de l'immobilier et de l'exploitation de minerais, et depuis quelques temps, porte sur d'autres secteurs de notre économie.
Il faut rappeler que, naturellement, la tendance en matière d'IDE est d'abord de privilégier les secteurs les plus rentables, tel que l'exploitation de ressources minérales. Ainsi, dans un but de rééquilibrer la structure de ces investissements, le gouvernement a renforcé la gestion publique dans ce secteur, essentiellement au niveau de la législation avec la Loi sur les ressources minérales, sur la fiscalité relative aux ressources naturelles, et prochainement la loi sur la taxe de protection de l'environnement. Une telle réglementation qui écarte l'exploitation "sauvage" de ces ressources entraîne sur le plan économique une diminution de rentabilité. Simultanément, le gouvernement a pris des mesures incitatives afin que les investisseurs étrangers s'intéressent aux autres secteurs de notre économie, tels que production industrielle, tourisme, services. J'estime que ces mesures vont à terme rééquilibrer l'IDE de manière positive, permettant d'écarter le risque d'un épuisement de nos ressources naturelles.
* Que pensez-vous de l'IDE considérable dans l'immobilier ?
Ces derniers temps, il a tendance à diminuer sans que cela ne résulte d'une perte d'attrait de ce secteur. Il ne m'apparaît pas nécessaire de décrier les investissements dans l'immobilier. Il est en effet très varié, il ne concerne pas seulement les immeubles commerciaux, mais aussi des immeubles touristiques, ce qui est très positif pour le tourisme vietnamien, un des secteurs qui a beaucoup à exploiter de notre participation à l'OMC.
* Quelles mesures avanceriez-vous pour une meilleure gestion de ce segment d'IDE ?
J'ai déjà demandé au gouvernement d'élaborer une stratégie nationale de développement du tourisme devant comprendre en particulier un réaménagement des zones de tourisme existantes. Ceci répond à une double logique de recherche d'un développement durable de ce secteur et d'exploitation des potentiels de notre pays en ce domaine, en particulier des patrimoines culturels matériels et immatériels. Pour ce, il faut développer des produits touristiques de luxe, ce qui implique l'IDE pour construire les infrastructures.
* Lê Xuân Ba, directeur de l'Institut central de recherche et de gestion de l'économie
L'intégration à l'économie mondiale a eu des effets positifs sur la croissance économique du Vietnam. Le taux de croissance du PIB national a atteint 8,5% en 2007. Les années suivantes témoignent de performances moindres mais pour une raison conjoncturelle, celle de la crise mondiale, avec 6,2% en 2008 et 5,3% en 2009. Des résultats non inquiétants si on les compare aux performances des autres pays dans le monde durant la même période…
* Nguyên Câm Tu, vice-ministre de l'Industrie et du Commerce
Après l'adhésion vietnamienne à l'OMC, les entreprises domestiques ont fortement évolué dans le sens d'un gain significatif de compétitivité sur un plan international. Ces derniers temps, malgré la crise, les exportations des produits clés du Vietnam maintiennent leur croissance, et même pour certains d'entre eux, tels les produits agricoles ou industriels transformés, les exportations ont augmenté nettement.
Thê Linh/CVN