La présence de plus de 300 sociétés au forum des M & A 2010, tenu récemment dans la mégapole du Sud, témoigne de l'intérêt des entreprises pour ce genre d'opération, dont un panorama et l'estimation de leur évolution au Vietnam ont été présentés.
Pour le vice-ministre du Plan et de l'Investissement, Bùi Quang Vinh, compte tenu de la transition vers une économie de marché et de l'intégration internationale du pays, "la réglementation de la finance d'entreprise et des autres opérations financières favorise de plus en plus les fusions-acquisitions".
Les Lois sur l'investissement et l'entreprise de 2005 ont réglementé plusieurs nouvelles formes d'investissement, dont les M & A. En particulier, dans le contexte de reprise économique après la période difficile provoquée par la crise financière mondiale, l'opportunité pour les entreprises vietnamiennes d'acquérir des expériences en termes d'administration, de capacité financière, de commerce, de marché… via les fusions-acquisitions est devenue très grande.
Près de 300 opérations pour près de 1,1 milliard de dollars
Les participants au forum ont bien souligné que les M & A étaient une tendance actuelle dans le monde comme au Vietnam. Selon les économistes, bien que les M & A "ne soient pas +monnayeur+, elles constitueront un très bon outil de croissance externe pour les entreprises si ces dernières savent en exploiter pleinement les avantages".
Cependant, d'après M. Vinh, de telles opérations au Vietnam étant encore toutes récentes, le cadre juridique et les politiques les concernant restent lacunaires et ne peuvent permettre aux entreprises d'utiliser les M & A conformément à leurs besoins ou stratégies. Ce forum sur les M & A 2010 a donc constitué une excellente occasion d'échanger des informations afin que les organes de gestion de l'État puissent améliorer la réglementation en la matière et, plus généralement, celles concernant opérations financières, finance et regroupement d'entreprises.
Selon les spécialistes, les M & A, bien que récentes au Vietnam, ont pris de l'ampleur depuis que le pays est membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
La première M & A au Vietnam a été effectuée en 2000 et depuis, de telles opérations se sont multipliées rapidement grâce à l'ouverture du marché domestique et à l'amélioration de la législation en la matière.
D'après le Docteur Nguyên Anh Tuân, rédacteur en chef du journal Ðâu tu (Investissement) et chef du comité d'organisation dudit forum, près de 300 opérations ont eu lieu en 2009 au Vietnam, pour un montant d'environ 1,1 milliard de dollars. Par ailleurs, 295 conventions ont été signées, soit une hausse de 77% par rapport à 2008, pour la plupart dans les secteurs de l'industrie et de l'énergie. Le montant des fusions-acquisitions transnationales a également augmenté, de 18%, selon un rapport de PricewaterhouseCoopers Vietnam (PwC). La plus importante est celle de la Compagnie générale du pétrole du Vietnam (PV Oil) et le groupe Shell. La HSBC Insurance Holdings Limited a signé un contrat de 105 millions de dollars afin de porter de 10% à 18% sa participation dans le capital de la Compagnie d'assurances Bao Viêt (Bao Viêt Holdings). Les cimenteries de Hà Tiên 1 et Hà Tiên 2 se sont associées, pour un coût estimé à 133 millions de dollars. La Compagnie de l'immobilier Vincom, dont le siège social est au Vietnam, détient désormais 44,25% du capital (50,5 millions de dollars) de la Compagnie d'investissement et de développement immobilier Hoàng Gia.
Les M & A se sont multipliées en 2009 et l'augmentation des opérations du genre laisse présager un développement satisfaisant en 2010.
Prudence nécessaire lors des opérations de M & A
Depuis le début de l'année, de grosses opérations ont eu lieu dans le pays. La Compagnie de produits aquatiques Hùng Vuong a lancé une offre publique pour l'acquisition de 3,75 millions d'actions de la Compagnie d'import-export de produits aquatiques d'An Giang (Agifish). Il s'agit de la première opération effectuée sur la Bourse du Vietnam. De plus, la Banque commerciale Vietinbank a vendu 10% de son capital à la Compagnie financière internationale (IFC) et à la banque canadienne Nova Scotia. Par ailleurs, la banque Commonwealth d'Australie (CBA) a racheté 15% du capital de la Banque internationale (VIB). En outre, le Groupe de technologies CMC est devenu l'actionnaire stratégique de la société NetNam, en détenant désormais 43,8% de son capital. Tout récemment, la compagnie Kinh Ðô a informé de son intention de racheter Kido et Vinabico. Le groupe Kinh Bac envisage, lui aussi, de racheter la totalité du capital de la compagnie Saigontel. Enfin, la Compagnie générale des postes du Vietnam est sur le point d'entrer dans le capital de la banque Liên Viêt.
Selon le Docteur Christopher Kummer, président de l'Institut des fusions, acquisitions et alliances (IMAA), dont le siège est en Autriche et en Suisse, "les entreprises doivent bien comprendre que la M & A ne consiste pas seulement en le rachat d'une société, mais aussi en la réunion de capitaux pour effectuer des investissements. Alors, en décidant de mener de telles opérations, les entreprises doivent élaborer une stratégie précise".
La stratégie de développement doit être simple pour que l'ensemble du personnel de la compagnie comprenne son orientation. Il faut aussi un contingent de gens chargés des opérations de M & A, depuis le début jusqu'au bout. Par ailleurs, il faut absolument une réunion de ressources internes et externes, outre les conseils venant de l'extérieur.
Bien que les objectifs et les raisons des fusions et acquisitions soient souvent valables et nombreux, les résultats sont parfois décevants avec un taux d'échec compris entre 50% et 85%. Alors, d'après Andy Ho, directeur exécutif de VinaCapital, pour que les activités de M & A soient réussies, chaque entreprise doit avoir confiance en elle-même et un but précis. En général, lors de la fusion-acquisition, l'entreprise devra penser aux objectifs en matière de parts de marché, de canal de distribution, d'usines de production, de main-d'œuvre… pour qu'elle prenne de l'extension. Quel que soit le but, l'acquéreur doit dans tous les cas expertiser et évaluer l'entreprise acquise. Car lors de la fusion, l'entreprise acquérante doit prendre en charge également les dettes de l'entreprise acquise. Ainsi, l'évaluation des risques s'avère capital pour le succès des opérations, souligne Andy Ho.
Plus de 600 entreprises opèrent actuellement des transactions en bourse, la plupart étant des PME. Dans le temps qui vient, le nombre d'entreprises cotées en bourse ne cessera d'augmenter. "Il s'agit d'une condition favorable aux M & A", considère un représentant de la Bourse de Hô Chi Minh-Ville (HOSE).
Fusion-acquisition
L'expression "fusion-acquisition" (on parle parfois de "fusac" ou de "M & A" pour Mergers and Acquisitions) recouvre les différents aspects du rachat d'une entreprise par un acteur économique, généralement une autre entreprise, dans les domaines de finance d'entreprise et de gestion d'opérations financières. L'entreprise acquise peut conserver son intégrité, ou bien être fusionnée à l'entreprise acquérante. Par extension, la définition comporte également et de plus en plus les opérations de désinvestissements.
Les fusions-acquisitions qui se font au niveau international sont regroupées sous le sigle FAT (fusions-acquisitions transnationales).
Les fusions et acquisitions sont un outil utilisé par les entreprises dans le but d'accroître leurs activités économiques et d'augmenter leur profit. On parle alors de croissance externe à l'opposé d'une croissance organique (ou croissance interne) faite par l'augmentation du chiffre d'affaires sur un même périmètre de sociétés. (Source : Wikipédia)
Hoàng Minh/CVN