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Aujourd’hui, beaucoup de villages de chanteurs représentatifs de Thanh Hoa gardent encore les traces de ce passé glorieux du chant des courtisanes. Certains vestiges, objets relatifs au ca trù de la province de Thanh Hoa ont été mentionnés dans le dossier sur cet art traditionnel, soumis à l’UNESCO, en vue de sa reconnaissance au patrimoine culturel de l’humanité. Ainsi, on peut citer la maison de culte des fondateurs de la lignée des Hà avec la malle contenant des habits et un édit royal de la chanteuse Hà Thi Tham (domiciliée dans le district de Hoàng Hoa), le tombeau de la chanteuse Trân Thi Duyên (dans le district de Vinh Lôc)...
Vers la fin du XXe siècle, le ca trù de Thanh Hoa est quasiment tombé dans l’oubli à la suite de diverses vicissitudes socio-historiques. Ces dernières années, en réponse au programme d’action national relatif à la renaissance et à la préservation du ca trù, le Service provincial de la culture de Thanh Hoa a procédé à la collecte et l’étude des chants. De nombreux colloques, festivals de chants ont été organisés pour présenter le ca trù de Thanh Hoa au public de l’ensemble du pays. La province a envoyé certains jeunes musiciens et chanteurs se former au ca trù par le Département des arts et des représentations. Dans la province, des formations ont été ouvertes à l’intention des jeunes amateurs des districts et communes. Ces formations ont été animées par les deux vieux maîtres Ngô Trong Binh et Nguyên Thi Kim. Thanh Hoa encourage aussi les clubs de ca trù de la province à participer aux festivals nationaux de chants folkloriques.
Les vieux talents ou gardiens du patrimoine
De vieilles chanteuses transmettent leur expérience et amour pour le ca trù aux jeunes générations. Photo Minh DUC/VNA/CVN
Outre l’effort du Service provincial de la culture, de nombreux vieux chanteurs et musiciens ont contribué à la préservation du chant ca trù en transmettant leur expérience et amour pour cet art aux jeunes générations. Parmi ces vieux artistes amateurs, le musicien Ngô Trong Binh, 84 ans, responsable du club de ca trù et de chant populaire Thành Hac, et la chanteuse Nguyên Thi Kim, 89 ans, en sont les figures les plus représentatives.
Né d’une famille de chanteurs, le musicien Ngô Trong Binh a été initié par son père aux instruments musicaux. À l’âge adulte, il se rend à Vinh (province de Nghê An, Centre) pour travailler dans les troupes de chanteurs de ca trù célèbres. En 1945, la terrible famine et d’autres bouleversements historiques ont provoqué la fermeture des théâtres et troupes de chanteurs de ca trù. Le musicien et chanteur Ngô Trong Binh a dû gagner sa vie par d’autres métiers. En l’an 2000, le vieux musicien a eu l’occasion de retrouver son ancien métier et sa passion, le ca trù. Ngô Trong Binh peut chanter les anciens airs tout en jouant du luth à trois cordes (dàn day). Il écrit aussi de nouvelles paroles sur de vieilles mélodies. Avec le souhait de transmettre l’art traditionnel aux jeunes générations, il a fondé en août 2007 le club de ca trù et de chant folklorique Thành Hac. Le club réunit aujourd’hui une vingtaine de jeunes. Ils se réunissent deux ou trois fois par semaine pour apprendre l’art traditionnel. Le club du vieil artiste amateur Trong Binh a participé à de nombreux festivals de ca trù et remporté beaucoup de récompenses.
La chanteuse Nguyên Thi Kim est issue de la famille de Nguyên Thê (village de Phuong Doài), l’unique famille de chanteurs du district de Nông Công. Dès l’âge de 12 ans, Nguyên Thi Kim est devenue la chanteuse principale d’une troupe de chanteurs de ca trù. Aujourd’hui, cette vieille chanteuse se souvient toujours des airs anciens et de leurs paroles... Elle fait partie des trois chanteuses dont la voix a été enregistrée par l’Institut national de musique. L’enregistrement de sa voix si particulière a été ensuite envoyé en France pour des analyses scientifiques. Le trésor vocal de Nguyên Thi Kim sera ainsi préservé. Elle est toujours prête à transmettre ses secrets de ca trù aux jeunes élèves.
HOÀNG HOA/CVN