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La mission Artémis portant le capsule Orion au Centre spatial de Kennedy, aux États-Unis avant l'heure de de projection vers la Lune en 2022. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais construire une base lunaire n'est pas une mince affaire. Électricité, véhicules, habitats... l'industrie spatiale est déjà à pied d'œuvre pour développer les technologies nécessaires.
"C'est un peu la Coupe du monde des ingénieurs", a résumé Neal Davis, qui travaille chez Dynetics, une entreprise américaine ayant dévoilé son prototype de véhicule lunaire (rover) le mois dernier, lors du Symposium de l'espace à Colorado Springs.
Il faudra pourtant "probablement" attendre les missions Artémis 7 et suivantes pour des "habitations permanentes sur la surface" de la Lune, a déclaré Jim Free, administrateur associé à la Nasa, lors de ce rassemblement. Soit pas avant les années 2030.
La base sera a priori composée de plusieurs sites, a-t-il aussi précisé, afin de diversifier les lieux d'exploration scientifique, et offrir davantage de flexibilité pour les alunissages.
Communications et courant
Malgré cet horizon lointain, les entreprises se bousculent déjà au portillon lunaire.
"La première étape, ce sont les communications", dit Joe Landon, patron de Crescent Space, une toute nouvelle filiale de Lockheed Martin dédiée aux services lunaires. "Pensez à un déménagement dans un nouvel appartement : la première chose à faire, c'est brancher son téléphone et internet."
Avec une constellation de deux satellites (pour commencer), l'entreprise veut devenir le fournisseur internet et GPS de la Lune. Et ainsi soulager le réseau de la Nasa, qui menace de surchauffe face à toutes les missions qui s'annoncent - y compris privées.
Il évalue le marché lunaire à "100 milliards (d'USD) sur les dix prochaines années".
Deuxième impératif : brancher le courant.
Astrobotic (220 employés) est l'une des trois entreprises sélectionnées par la Nasa pour développer des panneaux solaires verticaux.
Au pôle sud de la Lune - destination visée car il s'y trouve de l'eau sous forme de glace - le Soleil ne s'élève que très peu au-dessus de l'horizon. Ses rayons frappent donc à l'horizontale.
Hauts d'environ 18 m, les panneaux d'Astrobotic seront reliés par des câbles de plusieurs kilomètres de long, décrit Mike Provenzano, chargé des équipements de surface lunaire.
Ils pourront être roulés et déroulés à volonté, et déplacés si besoin.
Véhicules
Pour les expéditions scientifiques de ses astronautes, la Nasa a demandé à l'industrie de plancher sur un véhicule non-pressurisé (ouvert) pour deux personnes, prêt pour 2028.
Contrairement aux rovers des missions Apollo, il devra aussi pouvoir fonctionner de façon autonome, pour des missions sans astronaute. Cela signifie survivre aux nuits lunaires, qui peuvent durer deux semaines, avec une température descendant jusqu'à environ -170°C.
De nombreuses sociétés se sont lancées. Lockheed Martin profite de l'expertise de General Motors dans les véhicules électriques et tout-terrain.
Dynetics, filiale du géant Leidos, s'est associée avec la Nascar, organisatrice de courses automobiles aux États-Unis.
Le prototype, qui ira à 15 km/h maximum, comprend un bras robotique et des pneus en métal tressé, explique l'ingénieur Neal Davis. "Ils sont conçus pour une bonne adhérence, y compris aux roches (...) mais ont aussi beaucoup d'ouvertures vers les côtés pour ne pas amasser de poussière", explique-t-il.
La poussière lunaire constitue un défi majeur, car n'étant pas érodée par l'eau ou le vent, elle est abrasive presque comme du verre.
La Nasa n'a pas encore annoncé la ou les entreprises sélectionnées. À plus long terme, elle travaille avec l'Agence spatiale japonaise (Jaxa) sur un véhicule pressurisé, dans lequel porter une combinaison spatiale ne sera pas nécessaire.
Habitats
Enfin, il faudra aux astronautes une maison.
La Nasa a attribué un contrat de 57,2 millions d'USD à l'entreprise texane ICON, spécialisée dans l'impression en 3D, pour développer la technologie nécessaire à la construction sur la Lune de routes, pistes d'atterrissage et habitations. Le sol lunaire doit être utilisé comme matériau.
D'autres entreprises, comme Lockheed Martin, développent elles des concepts d'habitat gonflable.
"Vous pouvez l'envoyer dans un petit paquet", ce qui est important car la place à bord d'une fusée est limitée, explique à l'AFP Kirk Shireman, vice-président en charge de l'exploration lunaire de la société. Une fois gonflé, "il y a un bien plus grand volume pour vivre et travailler".
À l'intérieur : chambres, cuisine, instruments scientifiques... Le tout, mobile.
Sur le très long terme, toute l'idée d'Artémis est de préparer des missions bien plus lointaines. Et de transformer la base lunaire en base martienne.
Kirk Shireman le confirme : "Quel que soit l'argent que nous devons dépenser pour développer ces systèmes sur la Lune, nous voulons qu'ils soient applicables pour aller sur Mars."
AFP/VNA/CVN