>>La bataille de Mossoul a fait près de 500.000 déplacés
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Des femmes et des enfants font la queue devant une clinique mobile, à Mossoul, alors que les hommes patientent dans une file différente. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour ces Irakiens, dont la vie quotidienne est bouleversée par les combats acharnés entre les forces gouvernementales et les jihadistes du groupe État islamique (EI), les soins médicaux gratuits sont d'un précieux secours.
Les forces irakiennes ont repris ces dernières semaines plusieurs quartiers de Mossoul-Ouest, où elles ont interdit aux véhicules de se déplacer en raison des craintes d'attentats à la voiture piégée.
Ainsi, nombre d'habitants, dont la plupart souffrent de malnutrition ou de maladies chroniques, sont contraints de parcourir des kilomètres pour atteindre un hôpital et consulter un médecin.
L'organisation humanitaire Dary, soutenue par des fonds de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Koweït, dispose d'une clinique à Hamam al-Alil, à 30 minutes de route au sud de la ligne de front. Pour ceux qui ne peuvent y accéder, l'organisation fournit une assistance médicale grâce à six cliniques mobiles, envoyées directement au contact des civils.
"L'une d'entre elles est réservée aux femmes, dirigée par une femme médecin et équipée d'appareils à ultrasons pour les femmes enceintes", explique Ihab Amer, membre du personnel de Dary.
À bord des camionnettes, frappées du logo bleu de l'OMS, dix médecins irakiens assistés par des infirmiers se rendent dans des quartiers récemment libérés et dévastés par les combats. Ils y reçoivent les habitants et les populations qui y ont trouvé refuge en fuyant les affrontements qui se poursuivent dans d'autres zones de la vieille ville.
Au total, "les médecins voient 1.250 patients par jour" dans des quartiers comme Mossoul al-Jadida, Wadi Hajjar et Al-Mansour, assure Ihab.
"Malnutrition"
"La malnutrition chez les femmes et les enfants est le principal problème, en plus des patients atteints de maladies chroniques", explique-t-il.
À l'intérieur d'une clinique, un médecin ausculte le cœur d'une femme âgée drapée dans un tissu noir. Un instant plus tard, il griffonne quelques mots sur un papier et remet l'ordonnance à son aide-soignant, qui distribue gratuitement le médicament à la patiente.
Devant une clinique mobile dans l'ouest de Mossoul, le 25 avril 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dehors, la file d'attente continue de s'allonger.
Une jeune femme tente désespérément de calmer les pleurs de sa petite fille avec une tétine. "Je n'ai pas de lait à lui donner", déplore-t-elle.
Les forces d'élite irakiennes sont engagées depuis le 17 octobre 2016 dans une offensive d'ampleur pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays et dernier grand bastion de l'EI en Irak.
Elles ont repris en janvier la partie orientale de la ville et font face depuis mi-février à une forte résistance des jihadistes sur la rive Ouest.
"Pas une goutte d'eau"
Selon l'ONU, plus de 500.000 civils ont été forcés de quitter leur foyer depuis le début de l'offensive sur Mossoul, le ministère irakien de l'Intérieur affirmant que plus de 400.000 personnes ont été déplacées de Mossoul-Ouest.
Les autorités luttent pour soulager les difficultés des déplacés, mais semblent faire face à des obstacles de taille. Les Irakiens se plaignent notamment du manque d'eau, malgré l'aide du gouvernement.
"Nous n'avons pas eu d'eau pendant deux mois. Pas une goutte. Les robinets sont à sec et nos provisions épuisées", soupire Raï Mohamed Saleh, 21 ans.
Selon lui, de nombreuses familles doivent acheter des jerricans auprès de fournisseurs privés, au prix de 2.500 dinars (deux euros) pour 17 litres.
"Je suis couvreur et Raï répare les climatiseurs. Mais nous sommes tous deux au chômage. Nous sommes à court d'argent", se désole Omar, un ami de Raï.
Le jeune homme assure qu'il gagnait l'équivalent de 735 euros par mois avant l'offensive sur Mossoul-Ouest.
Dans une rue voisine, les habitants, désormais débarrassés du joug jihadiste, tentent de retrouver une vie normale.
Avec l'interdiction des voitures, des charrettes à bras sont utilisées pour transporter les marchandises ou les personnes âgées. Les plus chanceux ont un vélo ou un âne pour les tracter.
AFP/VNA/CVN