À Madagascar, la messe très attendue du "pape des pauvres"

Plusieurs centaines de milliers de Malgaches venus des quatre coins du pays se sont rassemblées dimanche 8 septembre en lisière de la capitale, Antananarivo, pour assister à la grande messe du pape François, point d'orgue du deuxième jour de sa visite dans la "Grande île".

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Des fidèles saluent le passage du pape François dans une rue d'Antananarivo, le 7 septembre 2019.

L'Église catholique locale attend jusqu'à 800.000 personnes à "Soamandrakizay" ("Un bien pour l'éternité" en langue locale), un ancien vignoble de 60 hectares spécialement aménagé, pour y entendre le message du Saint-Père.

Dès l'aube, la capitale Antananarivo a été parcourue de Malgaches prenant la route pour assister à la messe du pape. Pour cette messe exceptionnelle, des fidèles de tout le pays sont arrivés ces derniers jours à Antananarivo, hébergés sous des tentes installées dans les cours des paroisses et des écoles.

Au départ de l'église d'Andravoahangy, 5.000 pèlerins ont ainsi entamé un parcours de deux heures à pied sous une bise froide.

Non sans conseils du président du comité pastoral de l’église, Jean-Yves Ravoajanahary. "On ne se sépare pas sur le chemin!", a-t-il crié.

"La route est très dangereuse, c’est l'heure des pickpockets et des bandits qui sortent pour dépouiller les gens qu’ils croisent sur leur chemin", explique-t-il .

Au petit matin, l'une des voies de la route qui mène au lieu de rassemblement était noire de monde, l'autre concentrait un vaste embouteillage de voitures, a constaté l'AFP.

Sur le chemin, Hery Saholimanana accélère le pas. "J'ai peur d'arriver après l'heure limite d'entrée des fidèles, fixée à six heures du matin à Soamandrakizay", confie cet étudiant en informatique de 23 ans, parti de chez lui à trois heures.

"Message fort aux leaders"

Rado Niaina, 29 ans, a pris la route encore plus tôt depuis la banlieue sud d'Antananarivo. "J'ai hâte de voir le pape" dont il dit attendre "un message fort à l’endroit des leaders politiques pour la lutte contre la corruption et le népotisme"

Samedi 7 septembre, lors d'une rencontre avec les autorités politiques et civiles du pays, le pape avait appelé à lutter contre "la corruption et la spéculation qui augmentent la disparité sociale" évoquant "la grande précarité" parfois "inhumaine" de la population de l'île.

L'instabilité politique du pays a freiné son développement économique, essentiellement basé sur l'agriculture, avec notamment l'exportation de la vanille et du cacao.

À Madagascar, cinquième plus grande île du monde (587.000 km2) où les neuf dixièmes de ses 25 millions d'habitants vivent avec moins de deux dollars par jour, beaucoup d'habitants ne mangent pas à leur faim et ne vont pas à l'école. Dans cette île majoritairement chrétienne qui compte un tiers de catholiques, les institutions religieuses jouent un rôle fondamental dans l'éducation et la santé.

Le long des routes de la capitale, une foule ardente et pauvre a guetté samedi 7 septembre le passage de la voiture du pape, progressant sur des routes accidentées le long de rizières, bordées de fours à briques artisanaux et de modestes étals de fruits.

Dimanche 8 septembre, François s'adressera à eux, après un premier rendez-vous samedi soir avec 100.000 jeunes conviés à une veillée. La dernière visite d'un pape, Jean-Paul II, à Madagascar, remonte à trente ans.

"Le bras de Dieu"

Le pape François arrive à la cathédrale Andohalo d'Antananarivo pour un entretien avec les évêques de Madagascar, le 7 septembre 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN

Dans l'après-midi, le pape argentin est attendu dans la cité d'Akamasoa ("Bons amis" en malgache). Son fondateur, le père Pedro, Argentin comme le pape, a sorti des milliers de personnes de la misère en créant sur les immondices d'une ancienne décharge une ville de 25.000 habitants.

Sa genèse remonte à 1989, ses maisonnettes à un étage, couleur pastel, semblent tout droit sorties d'un conte pour enfants.

Mais l'odeur insoutenable des déchets et les colonies de mouches tenaces rappellent l'immédiate proximité des déchets qui s'accumulent toujours sur des mètres de hauteur. Figure incontournable du catholicisme à Madagascar, le père Pedro, 71 ans, y est considéré comme "le bras de Dieu" voire "le deuxième pape" par ceux qui lui doivent une vie meilleure.

Les écoles d'Akamasoa, financées par des dons, accueillent plus de 14.000 élèves nourris sur place. Lors de cette visite, François prononcera aussi "une prière pour les travailleurs" sur le site d'une carrière gérée par la cité.

Il terminera sa journée par une rencontre avec les prêtres, religieux et religieuses du pays, avant une visite-éclair lundi sur l'île touristique et multi-ethnique de Maurice.


AFP/VNA/CVN

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