Le cinéma révolutionnaire vietnamien, créé en 1953, a vu son premier long métrage Chung môt dong sông (Sur les bords de la même rivière) en 1959. À partir de ce premier film, et ce jusqu’en 1975 (année de la réunification nationale), le septième art vietnamien avait ses idoles. Les cinéphiles se souviennent encore des acteurs et actrices tels que Phi Nga, Manh Linh, Tô Uyên, Trà Giang, Thanh Loan, Thê Anh, Lâm Toi, Nhu Quynh... Ils étaient considérés comme des symboles du succès du cinéma national, portant la fierté nationale dans le monde.
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Entre 1975 et 1985, les films sur la guerre ou sur la période de l’après-guerre ont aussi eu leurs vedettes : Thuy An, Ly Huynh, Nguyên Chanh Tin, Hà Xuyên, Lê Vân...
Tô Uyên et l'affiche du film Con chim vành khuyên (zostérops). |
Au début du Renouveau (Dôi moi), entre 1985 et 1995, le cinéma national a connu un certain déclin. Il y a eu une période avec des sorties de films dits «commerciaux» qu’on nommait : «les nouilles instantanées», car ils étaient vite préparés et peu de moyens étaient investis. Malgré leurs faiblesses, ces films entraînèrent quand même l’apparition de stars qui causaient des évanouissements dans les salles obscures. Ly Hùng, Diêm Huong, Viêt Trinh, Lê Công Tuân Anh, étaient les idoles des étudiants et lycéens.
Le cinéma vietnamien a soif d’idoles
Si le cinéma vietnamien a eu dans le passé ses idoles, c’est beaucoup moins le cas aujourd’hui. Le pays compte une dizaine de films produits chaque année, mais il est difficile de déterminer les acteurs suscitant des émois tel que c’étaient le cas auparavant. C’est une faiblesse du cinéma vietnamien actuel quant au développement de l’industrie des loisirs du pays.
Les recettes d’un film réussi sont beaucoup dues à la présence de vedettes capables de plaire au grand public. Elles permettent souvent le succès d’une production cinématographique. Leur absence dans les longs métrages vietnamiens est aussi marquée dans les films produits par les studios d’État que ceux tournés par les établissements privés.
L’actrice Hai Yên qui est devenue populaire après son apparition dans le film Nguoi My trâm lang (Un Américain bien tranquille) du réalisateur américain Phillip Noyce, a joué récemment dans deux films : Chuyên cua Pao (Histoire de Pao) du réalisateur Quang Hai et Choi voi (Vertige) du réalisateur Bùi Thac Chuyên. Mais son apparition dans ces deux longs métrages n’a pas attiré le public escompté dans les salles obscures.
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Hông Anh, actrice ayant remporté différentes récompenses nationales et internationales, assure difficilement aussi le succès commercial des films auxquels elle participe. Les acteurs masculins, quant à eux, semblent avoir encore moins de charisme. Rares sont ceux qui se souviennent de ces acteurs ayant joué dans des films d’État.
Concernant les films des studios privés, c’est encore une autre histoire. L’objectif majeur de ces studios est la production de films dits «commerciaux» et les patrons de ces établissements connaissent par coeur la recette des longs métrages réussis : hot boys ou hot girls (idoles du milieu de divertissement, stars des ados), beaux décors, histoire simple et mêlant plusieurs genres (sentimental, comique, film d’action...).
Ces studios privés ont essayé de créer certaines idoles comme Ngô Thanh Vân, Johnny Tri Nguyên, Tang Thanh Hà, Luong Manh Hai, Thanh Hang, Minh Hang, Vo Thành Tâm, Luong Thê Thành... Mais ces acteurs et actrices n’arrivent pas encore à conquérir les coeurs. Pour expliquer cela, on peut citer la qualité très faible de leur interprétation. Sans parler des scandales de leurs vies personnelles qui ont de mauvais impacts sur les spectateurs.
Acteur Luong Manh Hai |
Actuellement, le cinéma vietnamien n’a pas encore acquis totalement cette notion de «formation de futures stars», mais par exemple à Hô Chi Minh-Ville et à Hanoi, il y a des écoles de formation d’acteurs et d’actrices avec des niveaux universitaire et post-universitaire. La Télévision nationale a ouvert aussi des formations à l’intention des jeunes voulant devenir comédiens de séries télévisées ; et dans certaines Maisons de culture, il existe des clubs d’interprétation, des cours de théâtre.
Mais le pays ne compte aucun établissement spécialisé dans la formation professionnelle de futurs acteurs, stars du cinéma vietnamien. Il n’existe pas non plus de société gérant les carrières professionnelles des «stars cinématographiques».
Concernant cela, l’industrie des loisirs vietnamienne pourrait prendre exemple sur les groupes de communication et de loisirs de Chine, de Corée du Sud, de Japon ou de Singapour.
La plupart des réalisateurs vietnamiens, en choisissant les acteurs et actrices de leurs films, cherchent parmi les comédiens connus des théâtres ou des séries télévisées. Ces réalisateurs sélectionnent aussi les mannequins, les lauréats de concours de beauté ou encore des stars de la musique. Ces comédiens amateurs profitent de leur réputation dans leur propre domaine (mode, musique...) et cherchent à faire un essai dans un nouveau domaine, le cinéma.
Mais comme ces comédiens amateurs n’ont pas les connaissances basiques et l’expérience concernant l’interprétation cinématographique, leurs faiblesses se révèlent à l’écran.
D’un autre côté, pour créer une vedette, on ne peut compter uniquement sur la technique de formation, ou sur la bonne interprétation de l’acteur ou de l’actrice principal(e), mais le travail de l’ensemble de l’équipe de production est également capital : scénariste, réalisateur, technicien... D’autres facteurs entrent en jeu également : le coût de production, la stratégie marketing autour du film... Tous ces facteurs font partie encore des faiblesses du cinéma national.
Hoàng Hoa/CVN