Une ruelle sinueuse et étroite sur le boulevard Quang Trung mène à la pagode Lá, perdue dans le tumulte d'un quartier peuplé de l’arrondissement de Go Vâp. Depuis plus d’un an, la petite pagode est fréquentée par un nombre croissant d’élèves, pour la plupart démunis, venant suivre des cours gratuits de langues étrangères.
Le bonze Thich Nhuân Tâm (au micro) devant ses élèves à la pagode Lá |
Dans le cours de japonais donné par l’enseignante Nguyên Thu Thuy règne une ambiance stu-dieuse, presque religieuse. La jeune femme veille attentivement à ce que chacun de ses élèves prononce correctement les mots écrits au tableau. Un peu en retrait, le bonze Thích Nhuân Tâm suit l’attitude de chaque élève, sans pour autant que cela ne les crispe. «Les premiers cours de langues étrangères ont débuté officiellement le 12 janvier 2010 avec l’anglais et le chinois. Ensuite, au vu des besoins croissants, j’ai continué à chercher des enseignants volontaires pour permettre d’ouvrir des cours de japonais et d’allemand», fait savoir le bonze Thích Nhuân Tâm.
Le dharma et la vie
Diplômé de l’École supérieure des sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville en 1995, le bonze Thich Nhuân Tâm a sué pour construire cette pagode. «En ce temps-là, cette région était déserte. Mais plusieurs travailleurs démunis sont venus s'y installer. En raison de leurs conditions de vie très difficiles, la plupart de leurs enfants ne pouvaient aller à l’école. C’est pour cela que j’ai pris l’initiative de mettre en place des cours gratuits d'alphabétisation», se souvient-il.
Convaincus de sa sincérité, de plus en plus d’habitants locaux y ont envoyé leurs enfants. Le nombre d’élèves ne cessait d’augmenter tandis que les murs de la pagode restaient les mêmes. Compatissant aux difficultés des élèves, le bonze Thich Nhuân Tâm a lancé un appel aux âmes charitables pour acheter un terrain face à la pagode, et construire une maison en guise de salle de classe où se tiennent aujourd’hui les cours de langues étrangères. La plupart des enseignants viennent d’universités et de centres de langues étrangères de Hô Chi Minh-Ville, ce qui permet de faciliter les démarches d’inscription des élèves.
Actuellement, la pagode accueille 400 élèves répartis en 12 classes où sont prodigués, au choix, des cours d’anglais, de français, d’allemand et de japonais. Sans surprise, les premiers sont les plus prisés. Avant de participer aux cours, les élèves sont soumis à des tests pour ensuite profiter des leçons les mieux adaptées à leur niveau. Les enseignants aident aussi leurs élèves à participer aux concours organisés par les centres de langues étrangères de prestige ou les universités de la ville.
Le savoir-vivre fait école
Les élèves de la pagode sont devenus des volontaires lors des campagnes de secours organisées pour les habitants victimes des inondations |
En plus des cours de langues étrangères, le bonze Thich Nhuân Tâm insiste aussi sur l’enseignement du savoir-vivre. Après les heures d’études, les élèves peuvent étudier la peinture et la calligraphie. Le bonze organise aussi des discussions pour transmettre aux élèves des valeurs comme la charité, la volonté ou encore l’assiduité. C’est ainsi que les élèves de la pagode sont devenus des volontaires lors des campagnes de secours organisées pour les habitants victimes des inondations dans les provinces du Centre.
«Les enseignants de la pagode Lá et notamment le bonze Thich Nhuân Tâm nous aident avec un enthousiasme sans pareil», confie Nguyên Thi Hoàng Linh, élève de la classe de japonais. «En dehors des heures d’études, nous apprenons beaucoup de choses par le biais des cours de calligraphie ou de peinture, et surtout grâce aux activités humanitaires de la pagode», s'enthousiasme-t-elle.
Afin de maintenir les cours et d’assurer des perspectives d’un avenir meilleur pour les étudiants démunis, le bonze Thich Nhuân Tâm s’efforce de trouver des bourses pour encourager les élèves. Selon lui, après avoir suivi le programme principal, les élèves peuvent trouver un emploi à mi-temps par le biais du centre de recherche d'emploi de la pagode.
Le bonze Thich Nhuân Tâm compte à l’avenir transformer la pagode en un véritable centre de langues étrangères. Il va coopérer pour cela avec le Service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville ou les universités, afin d’avoir la possibilité de délivrer les certificats d’aptitude à ses élèves.
Huong Linh/CVN