Comment l’université peut redorer son blason

Depuis les années 1990, le sytème d’enseignement supérieur n’a cessé de se moderniser pour répondre aux défis du développement. D’immenses progrès ont été réalisés, qui ne doivent cependant pas masquer les difficultés qui perdurent.

La bibliothèque de l’Université des langues étrangères (Université nationale de Hanoi).

Favorisé par l’ouverture économique du pays, l’enseignement supérieur a acquis une nouvelle dimension avec un nombre croissant de nouveaux établissements et d’étudiants. De 2006 à 2011, 84 nouvelles universités ont été fondées dont 51 sur la base d’écoles supérieures existantes, soit 14 nouvelles universités en moyenne annuelle.

État des lieux

Pour autant, la dynamique reste fragile. L’enseignement supérieur fait face désormais à une demande plus élevée sur la qualité. La formation de ressources humaines laisse à désirer. L’éducation nationale peine à satisfaire les besoins d’une économie en rapide croissance. Nombre de jeunes diplômés ont du mal à trouver un emploi ou se voient attribuer un emploi sans rapport avec leur investissement éducatif.

Selon le ministre de l’Éducation et de la Formation, Pham Vu Luân, si certaines écoles peinent à faire le plein d’étudiants, c’est parce que des disciplines comme agriculture, sciences élémentaires et pédagogie ont du mal à intégrer le marché de l’emploi. Nombre d’écoles ne possèdent pas suffisamment d’équipements pédagogiques, manquent de professeurs. La multiplicité et la simultanéité, et la concurrence entre établissements pour les mêmes formations comme finances, banques, comptabilité rendent le paysage peu lisible.

Renouveler la gestion

Dans ce contexte, le renou-vellement des modes de gestion de l’enseignement supérieur, du ressort central au niveau local, s’impose comme une nécessité. De la planification du réseau d’universités et écoles supérieures au renforcement du contrôle de la qualité et à la réduction du nombre de candidats admis aux formations non régulières, en passant par la sanction des infractions, une série de mesures ont été prises pour augmenter la qualité de l’enseignement supérieur.

Ces deux dernières années, le ministère a ralenti le rythme de création d’universités et suspendu l’ouverture de nouvelles filières au niveau universitaire, master et doctorat ainsi que le recrutement dans 101 spécialités doctorales dans les écoles qui ne réunissent pas les conditions requises pour assurer la qualité de la formation.

Le ministère a demandé aux établissements de réaliser leurs engagements sur l’assurance de la qualité de l’enseignement, surtout les nouvelles universités qui doivent affirmer leur prestige pour attirer les étudiants, selon son vice-ministre Bui Van Ga.

Offrir plus d’autonomie

Le ministre Pham Vu Luân réaffirme que l’ouverture de nouvelles universités ces derniers temps relève de la planification du gouvernement et que, dans l’avenir, pour répondre aux besoins de la société, des centaines d’autres seront fondées selon la feuille de route établie.

En particulier, en échange d’une plus grande autonomie accordée aux établissements d’en-seignement supérieur, le ministère a demandé aux établissements, surtout les nouveaux acteurs, de démontrer les résultats obtenus, et de se concurrencer sainement pour augmenter leur qualité.

Le ministère révisera la sélection des étudiants. Par exemple : ouvrir de nouvelles disciplines l’an prochain, donner plus d’autonomie aux universités dans l’organisation des concours d’entrée ainsi qu’établir des politiques appropriées pour les disciplines difficiles à recruter mais dont la société a un besoin important. À long terme, les écoles seront autonomes dans toutes leurs activités.

Des pistes de réflexion

Le Professeur-Docteur Pham Tât Dong, vice-président et secrétaire général de l’Association d’encouragement aux études du Vietnam, estime qu’il faut offrir davantage de filières de formation pour attirer les étudiants, et ouvrir des formations à distance. Il souhaite que les entreprises d’envergure ouvrent elles-mêmes des écoles de formation. Une fois que les entreprises participeront à la formation, la qualité de l’enseignement sera améliorée.

Pour sa part, le Professeur Nguyên Tiên Luân, président du conseil d’administration de l’Université Nguyên Trai, considère que chaque école devrait plutôt se concentrer dans certaines formations spécialisées. Les universités publiques doivent assurer leur rôle politique et former les ressources humaines en direction des services publics. Les universités privées qui ont pu mobiliser des ressources sociales pourront former des ressources humaines pour le marché du travail, en particulier celui des entreprises non étatiques, et pour l’exportation de la main-d’œuvre. 

Bâtir des pôles d’excellence

Le ministère de l’Éducation encourage les établissements universitaires à mobiliser toutes leurs forces afin d’assurer leur qualité. Dans l’avenir, il permettra aux universités d’ouvrir des programmes de formation de haute qualité et de recouvrer des frais d’études qui correspondent à cette qualité, selon son ministre Pham Vu Luân.

Le gouvernement a mis en route le projet de fondation de quatre universités de haute qualité répondant aux normes internationales. Ces dernières recevront l’assistance de consor-tium des universités des pays développés. Cela permettra de rehausser la position des universités vietnamiennes dans la liste des universités régionales et mondiales.

Le gouvernement publiera des politiques privilégiées pour attirer les scientifiques et les Vietnamiens de l’étranger afin qu’ils viennent investir, enseigner, mener des recherches scientifiques et opérer des transferts technologiques au Vietnam.             

HÀ MINH/CVN

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