À la découverte du Têt des fleurs de l’ethnie Công

Cette année, les Công du village de La Chà, district de Nâm Pô, province de Diên Biên, fêtent les 23 et 24 novembre leur Têt hoa mào gà ou fête des fleurs de célosies. Il s’agit d’un des événements les plus importants de l’année, tant au niveau familial que communautaire.

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Cueillir des fleurs de célosies pour la décoration de la maison lors du Têt des Công.

La culture vietnamienne est formée de 54 ethnies et le Têt est un trait traditionnel existant au sein de toutes ces dernières. À l’inverse de la coutume ordinaire des Kinh célèbrant le Nouvel An lunaire au premier jour du premier mois lunaire, les Công résidant dans le village de La Chà, province de Diên Biên au Nord, organisent leur Têt au 9e mois lunaire une fois les travaux champêtres terminés.

En effet, à l’image des autres ethnies minoritaires de Diên Biên, les activités agricoles se produisent sur les brûlis ainsi que dans les rizières en terrasses. Une moisson principale se déroule chaque année et les travaux ruraux ne peuvent commencer qu’une fois les festivités du Têt des fleurs organisées.

Pour une année "rouge" à l’image des célosies

Selon les octogénaires du village, c’est en 1920 que les Công ont foulé pour la première fois les terres de Nâm Hang et A Khun avant de s’installer à La Chà en 1952 où ils résident jusqu’à ce jour. Pour les montagnards Công, le Têt hoa mào gà est un des événements les plus attendus de l’année. Ainsi, ce sont plusieurs semaines à l’avance qu’ils s’attèlent aux préparatifs de la fête.

En 2019, ce festival est entré dans la liste des "patrimoines culturels immatériels nationaux", reconnaissant une des coutumes originales illustrant de manière vivante la vie et l’identité ethnique des Công.

Lùng Van Chanh, un sorcier de La Chà, partage que lors du Têt hoa mào gà, "nous prions nos ancêtres et les génies pour nous apporte une bonne santé, de bonnes récoltes et de la chance pour la nouvelle année. À travers les rituels, les villageois espèrent et prient pour une vie prospère, heureuse et solidaire".

Danser au rythme de la musique.

Une semaine avant le Têt, le sorcier choisit un jour propice pour les cérémonies. Au petit matin du 1er jour de la Nouvelle Année, les chefs des familles se rassemblent pour aller cueillir les fleurs de célosies sur les brûlis, aux berges du ruisseau et dans la forêt de bambou autour duquel le sorcier réalise ses rituels afin d’inviter respectueusement les génies et ancêtres à rentrer passer le Têt avec eux.

Ces fleurs ornent également les portes et les escaliers de chaque maison. Le bambou est considéré comme la passerelle reliant les royaumes du yin et du yang, permettant aux ancêtres de revenir dans leur famille et au village. Le plateau des offrandes se compose de poulet, d’alcool et de taro, sans oublier les fameuses fleurs de célosies. Selon la croyance, l’épanouissement de ces dernières crée une atmosphère douce et chaleureuse et leur couleur éclatante symbolise chance, bonheur et prospérité pour l’année à venir.

Les rites sont mis en œuvre pendant la journée, suivis ensuite des réjouissances communautaires à la tombée de la nuit. Tous les villageois chantent, dansent, jouent des instruments de musique et jettent du paddy au sol afin d’apporter abondance et bonne fortune. Tout le monde s’immerge dans une ambiance joyeuse, petits et grands, garçons et filles. Le lendemain, les villageois viennent célébrer la nouvelle année dans chaque maison, avant de se rassembler à l’entrée du village afin de prendre part aux festivités et autres jeux folkloriques dans une ambiance effervescente, avec tir à la corde, tir à l’arbalète ou poussée du bâton, notamment.

Lieu de préservation d’une culture séculaire

La Chà signifie en langue ethnique "le village à l’extrémité du petit ruisseau". Adossé à des montagnes et forêts, ce village est entouré par les ruisseaux de Huôi Sâu et Nâm Cha. M. Chanh fait savoir que l’ethnie Công est connue sous différents noms comme Kham Xung, Xa Xeng, Mâm Nhe mais que celui de Công demeure le plus populaire.

Un rituel effectué par le sorcier lors de la fête de fleurs de célosies.

À présent, sur l’ensemble de la province de Diên Biên, on recense 220 foyers Công, soit 1.100 personnes, dans quatre villages que sont La Chà, Nâm Ke (district de Muong Nhé), Huôi Moi et Pung Bon (district de Diên Biên). Rien qu’à La Chà, il y a 79 nhà sàn (maisons sur pilotis) tournées vers Nâm Cha et reliées les unes aux autres par des chemins bétonnés. Les Công se concentrent principalement dans l’élevage des buffles et des bœufs. Les habitants de La Chà conservent également leurs métiers artisanaux dont le brocart, la menuiserie, le tissage et la forge.

Après plus de 70 ans, cette communauté a su garder la quintessence de son identité culturelle, créée et préservée par ses ancêtres. Il s’agit notamment du Têt hoa mào gà mais aussi du culte des ancêtres, de l’âme du riz et du rituel de la pendaison de crémaillère, entre autres.

C’est peut être grâce à son emplacement dans un endroit reculé des montagnes de Diên Biên que la nature à La Chà et les traditions des Công ont pu être si bien conservées. Les travaux champêtres, les habitudes quotidiennes ainsi que les festivités ont perduré à travers le temps et au fil des générations, le tout contribuant à diversifier la culture multiethnique de la terre de Diên Biên.

Texte et photos : My Anh - VNA/CVN

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