À Gaza comme ailleurs, on peut désormais se faire livrer son café à vélo

D'une main aguerrie, un coursier porte un plateau et de l'autre tient son guidon de vélo, puis se faufile entre les voitures : avec les cafés "Chaabane", la bande de Gaza a son premier service de livraison type Deliveroo ou Uber Eats.

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Chaabane Hammouda, qui a lancé un service de livraison de boissons chaudes, donne des instructions à un livreur à vélo devant son stand près du marché de Rafah, dans la bande de Gaza, le 13 juillet
Photo : AFP/VNA/CVN

Pas d'imposants sacs à dos carrés aux couleurs criardes comme c'est d'usage en Europe et en Amérique du Nord, mais juste un plateau et quelques gobelets de café arabe chaud, recouverts d'un carré d'aluminium pour éviter les éclaboussures. Chaabane Hammouda, 31 ans, diplômé en gestion d'affaires, a lancé en mai son service de boissons chaudes livrées à vélo, depuis le petit stand qu'il a établi près du marché de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Un réchaud, quelques casseroles et des dizaines de gobelets en carton : tout est là pour préparer café au lait, café arabe, thé à la menthe. Les clients n'ont qu'à le contacter par la messagerie Whatsapp pour que l'un de ses employés prépare la commande. Puis l'un d'eux enfourche sa bicyclette et apporte au client la boisson fumante.

"Les gens aiment ce qui est nouveau, j'ai reçu des encouragements de la part de nombreuses personnes", se réjouit M. Hammouda, qui ne fait pas payer la livraison mais seulement la boisson commandée. "Nous utilisons des vélos pour attirer l'attention du public et cela s'est révélé efficace". Le père de deux enfants a découvert sur Youtube la tendance de la livraison de repas à domicile à vélo, qui s'est emparée des grandes villes occidentales ces dernières années.

À Gaza, les revenus sont satisfaisants même si le jeune entrepreneur a noté une baisse de la rentrée d'argent sur fond de pandémie de nouveau coronavirus. L'enclave palestinienne, sous blocus israélien depuis plus de dix ans, a été relativement épargnée par la pandémie, avec 76 cas de personnes contaminées dont une est décédée. Mais la crise a plombé, comme en nombre d'endroits, l'activité économique au moment où les autorités locales sont sous pression pour accroître à la fois les mesures sanitaires et de relance économique.

L'odeur du café

Ali Abou Jayab, un des quatre livreurs, n'a pas pu se payer d'études universitaires car venant d'une famille pauvre. "Il n'y a pas d'espoir pour les jeunes dans la bande de Gaza", note l'homme de 25 ans, qui se réjouit d'avoir trouvé du travail auprès de M. Hammouda. "Travailler à vélo c'est synonyme de liberté de mouvement, c'est du sport, c'est amusant et sans frais. L’idée est bonne et les gens l’adorent", dit le jeune homme.

Propriétaire d'une boutique de parfums, Sameh Jouda s'est laissé envoûté par l'odeur du café de Chaabane Hammouda. "J'ai commencé par commander un petit café par semaine, et maintenant c'est un par jour", sourit-il.

"L'idée de Chaabane est bonne et novatrice, et en plus c'est très rentable puisque les vélos ne requièrent pas d'essence", note-t-il, disant apprécier la rapidité de la livraison et la facilité de commande via Whatsapp. Malgré les taux de pauvreté et de chômage, qui avoisinent tous les deux les 50% dans l'enclave, "les jeunes ont des idées novatrices qui peuvent leur permettre de trouver des sources de revenus", se réjouit M. Jouda.


AFP/VNA/CVN

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