>>Près de 36 millions de personnes réduites en esclavage dans le monde
Joe Biden signe la loi établissant le jour férié de Juneteenth, sous les yeux de la vice-présidente américaine Kamala Harris et de la militante Opal Lee (2e à gauche), le 17 juin à Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Juneteenth symbolise à la fois la longue et difficile nuit de l'esclavage et de la soumission, et la promesse d'un jour meilleur", a-t-il dit lors de la cérémonie à la Maison Blanche aux côtés de sa vice-présidente Kamala Harris, qui est d'origine indienne et jamaïcaine.
L'esclavage, officiellement aboli en décembre 1865 après près de 250 ans d'existence, est une "tache morale" et "le péché originel de l'Amérique", a rappelé le président démocrate.
Dans un rare moment d'unité politique, le Sénat avait approuvé à l'unanimité mardi 15 juin le texte de loi consacrant la "Journée nationale de l'indépendance du Juneteenth", contraction de "juin" et "19" en anglais, puis la Chambre des représentants l'avait adopté à une majorité écrasante, seuls 14 élus républicains votant contre.
Le 19 juin 1865, l'armée de l'Union, victorieuse de la guerre de Sécession (1861-1865), avait annoncé aux esclaves de la ville texane de Galveston qu'ils étaient libres, plus de deux ans après la Proclamation d'émancipation signée par le président Abraham Lincoln le 1er janvier 1863.
L'esclavage a été aboli en décembre 1865, avec l'adoption du 13e amendement de la Constitution.
En faisant du 19 juin le 11e jour férié fédéral, "tous les Américains peuvent sentir le pouvoir de cette journée et apprendre de notre Histoire, célébrer les progrès accomplis et voir la distance parcourue", a déclaré M. Biden.
Mais, a-t-il souligné, l'émancipation des esclaves était "seulement le début" des efforts pour "tenir la promesse de l'égalité raciale".
"Nous n'y sommes pas encore", a dit M. Biden, alors que la minorité noire (13% de la population) subit encore des discriminations en matière d'emploi, de logement ou encore de santé, malgré les avancées de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.
"La haine ne disparaît pas"
Plusieurs États conservateurs ont récemment adopté des lois électorales restrictives. Censées lutter contre la fraude, elles sont accusées de limiter l'accès aux urnes des électeurs afro-américains, qui votent majoritairement démocrate.
"La promesse d'une Amérique pour tous ne sera pas tenue tant que le droit sacré de voter restera en danger", a dénoncé jeudi 16 juin Joe Biden.
Ce jour férié est réservé aux employés du gouvernement fédéral jugés non-essentiels, mais le "Juneteenth" est déjà férié dans la majorité des États américains où la journée est généralement célébrée par des défilés, des concerts ou des fêtes de quartier.
Plusieurs grandes entreprises comme Twitter, Nike ou Lyft en ont fait un jour chômé pour leurs salariés après la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier blanc le 25 mai 2020 à Minneapolis. Son meurtre a déclenché une vague historique de colère contre le racisme.
Cette cérémonie de signature intervient également le jour du sixième anniversaire de la mort de neuf personnes dans l'attaque d'un jeune adepte de la suprématie blanche contre une église de la communauté noire à Charleston, en Caroline du Sud.
Cet homme "a pris les vies (des fidèles) dans un lieu de culte pour nous rappeler que nos efforts pour éradiquer la haine ne s'arrêtent jamais, la haine se cache mais ne disparaît pas", a mis en garde Joe Biden.
L'année marque également le centenaire du massacre d'Afro-Américains à Tulsa, en Arizona. Le 1er juin 1921, des centaines de manifestants blancs avaient pillé et brûlé un quartier noir surnommé "Black Wall Street", exemple de réussite économique. Les violences avaient fait jusqu'à 300 morts, selon les historiens.
Depuis la mort de George Floyd, le pays s'est penché sur son passé esclavagiste et les appels déjà anciens à indemniser les Noirs pour les torts subis à travers l'Histoire ont pris une nouvelle force.
Joe Biden soutient un texte législatif visant à créer une commission d'experts chargés de faire des propositions sur l'indemnisation des descendants des quelque quatre millions d'Africains amenés de force aux États-Unis entre 1619 et 1865.