Le procès de l’agent orange avance malgré les entraves de la défense

Une audience réunissant les avocats Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt, du Cabinet Bourdon & Forestier qui défend les intérêts de Trân Tô Nga, une Française d’origine vietnamienne victime de l’agent orange, et les avocats représentant 26 sociétés chimiques américaines, s’est déroulée le 15 octobre au Tribunal de Grande Instance d’Evry, en banlieue de Paris. L'objectif : régler «l’incident de la communication de pièces» soulevé par les avocats de la défense lors de la séance de travail du 18 juin dernier.

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Lors de la dernière séance de travail, les sociétés américaines ont demandé à ce que Trân Tô Nga «communique et produise certaines pièces probantes», ce qui permettra au procès d’avoir lieu. Il s’agit là d’une manière dilatoire, un moyen d’affaiblir les avocats qui défendent les intérêts de Mme Nga et Mme Nga elle-même. Cela rend la situation inquiétante compte tenu de la santé fragile de Trân Tô Nga qui, suite à l’apparition de nouvelles maladies, est souvent hospitalisée.

Dans un entretien accordé à l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA) à l’issue de l’audience du 15 octobre, les maîtres Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt ont fait part de leur satisfaction de voir le procès avancer avec la fixation de quelques échéances, malgré les freins mis par la défense.

Les avocats de Trân Tô Nga, Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt, interviewés le 15 octobre par une journaliste de l’Agence Vietnamienne d’Information.

Ils ont appris que lors de cette séance de travail, les avocats des parties demanderesse et défenderesses ont débattu de ce fameux «incident de communication de pièces». Lors de la discussion, les maîtres Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt ont estimé que la demande des sociétés américaines était infondée et dilatoire, que le Cabinet Bourdon & Forestier avait communiqué suffisamment de pièces au stade de la communication. Maintenant, c’est au tour des sociétés américaines de répondre aux conclusions, à l’assignation de la demandeuse, autrement dit, d’engager le débat de fond.

En effet, les avocats des compagnies américaines ont prétendu que les avocats du Cabinet Bourdon & Forestier n’avaient pas fait état d’un contrat de travail de Mme Nga ou d’un autre document prouvant le fait qu’elle était présente dans les zones d’épandage de l’agent orange pendant la guerre du Vietnam. Or, les demandes de produire des bulletins de salaire ou un contrat de travail vieux de 40 ou 50 ans sont impossibles. Cependant, pour y pallier, les maîtres Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt ont préparé d’autres attestations convaincantes. Ils ont appris que Mme Nga ferait de nouveaux examens médicaux pour une expertise médicale judiciaire.

Un «voyage enrichissant et émouvant»

Concernant leur voyage en août dernier au Vietnam à l’occasion de la Journée des victimes vietnamiennes de l’agent orange, les maîtres Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt ont déclaré qu’il s’agissait là d’un «voyage enrichissant et émouvant», car il leur avait permis de rencontrer d’autres victimes. «À chacune son histoire difficile, sa particularité, mais tous sont extrêmement courageux», ont-ils précisé.

Leur ténacité leur donne davantage de courage et de détermination, les remotive pour repartir chaque fois de plus belle. Ce voyage sur le terrain leur a permis également de relier le dossier de la plaignante à la réalité des faits au Vietnam, où plusieurs générations sont touchées par l’agent orange. «Ce voyage nous rappelle pourquoi l’on se bat. Il nous amène à relativiser ce type de procédure. Il y a une partie historique au-delà du cas de Mme Nga, mais qui, par l’intermédiaire du procès de Mme Nga, porte effectivement sur ceux qui ont fourni l’agent orange et les conséquences qu’il a eu ensuite sur les personnes qui ont été exposées aux épandages», a conclu Me Bertrand Repolt.

Texte et photo : Bích Hà/CVN

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