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Zone euro : la crise allemande "n'arrêtera pas" Bruxelles

Bruxelles est déterminée à avancer dans son projet de réforme de la zone euro malgré la crise politique en Allemagne, a assuré le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis dans un entretien mardi 21 novembre.

>>La zone euro se rassemble pour préparer l'avenir

Le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis, le 21 novembre  à Bruxelles.

"Nous ne pouvons pas arrêter notre travail seulement parce qu'il y a des élections dans un pays ou qu'on tente de former une coalition gouvernementale dans un autre", a expliqué l'ancien Premier ministre letton, en réaction à l'échec de la chancelière allemande, Angela Merkel, à forger une coalition.

"Dans une union de 28 démocraties ou potentiellement 27 (après le départ du Royaume-Uni de l'UE, ndlr) il y aura toujours des élections quelque part", a ajouté M. Dombrovskis, qui a œuvré à l'introduction de la monnaie unique dans son pays en 2014.

"Les projets de la Commission européenne restent tels quels : nous avons l'intention de présenter notre paquet de propositions le 6 décembre, comme prévu", a poursuivi d'une voix douce cet austère physicien de formation, âgé de 46 ans.

Dans son bureau d'une extrême sobriété, seulement décoré d'une immense photo d'un euro letton et d'une plus petite d'un euro grec dédicacé par un artiste, M. Dombrovskis a détaillé les principaux points de la réforme que l'exécutif européen compte présenter.

Parmi eux, "une ligne budgétaire pour la zone euro inclue dans le budget de l'UE", comme l'avait annoncé en septembre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

«Fonds monétaire européen»

Cette "ligne budgétaire" aurait plusieurs fonctions : stabiliser la zone euro en cas de choc économique, accompagner la pré-adhésion de ses futurs membres et soutenir les réformes structurelles mises en œuvre.

Cette proposition semble aller un peu moins loin que celle du président français, Emmanuel Macron, favorable à un budget conséquent propre à la zone euro, qui permettrait aussi de "lever de l'argent en commun".

La Commission aimerait par ailleurs transformer le Mécanisme européen de stabilité, dont la mission est d'aider les pays de la zone euro en difficulté, en "Fonds monétaire européen", qui se substituerait au FMI dans les programmes d'aide.

Le Fonds monétaire international, qui a beaucoup traîné des pieds pour participer au dernier plan d'aide à la Grèce, est en effet de plus en plus critiqué dans l'UE.

Ce "FME", financé par les États, pourrait aussi endosser un rôle de garant des banques en difficulté dans la zone euro au cas où les mesures déjà prévues par les établissements financiers et les États nationaux dans le cadre de l'Union bancaire ne seraient pas suffisantes.

Ces propositions doivent être examinées par les chefs d'État et de gouvernement de l'UE lors d'un sommet européen le 15 décembre à Bruxelles.

Selon une source européenne, ce sommet n'est cependant "pas supposé être crucial en terme de décision. Le but est simplement de mettre à plat les principaux sujets".

Brexit

Concernant un éventuel retard dû à la crise allemande dans les discussions sur le projet de système européen de garantie des dépôts - qui permettrait de rassurer les déposants sur la sécurité de leurs placements en cas de crise - M. Dombrovskis s'est montré serein, quoique désabusé.

"Il n'y a pas eu beaucoup de progrès de toute façon depuis que nous avons fait cette proposition en 2015", a constaté cet homme au visage rond et fines lunettes rectangulaires et aux yeux gris bleu.

Crise politique ou pas, l'Allemagne a en effet jusqu'ici manifesté à maintes reprises ses réticences quant à une mutualisation du risque bancaire, craignant de voir les épargnants allemands payer pour les banques d'autres pays, accusées d'être moins bien gérées.

En charge de la stabilité financière, M. Dombrovskis est resté prudent sur la question du Brexit et ses conséquences sur la place financière londonienne.

"Il y a certaines implications" du départ britannique de l'UE, programmé en mars 2019, a-t-il souligné, en particulier la perte programmée pour les fournisseurs de services financiers britanniques du "passeport" qui leur donne pour l'instant accès au marché unique.

"La décision a été prise hier de transférer le siège de l'Autorité bancaire européenne de Londres à Paris", a-t-il rappelé. "Certaines conséquences se produisent déjà."

AFP/VNA/CVN

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