>>Syrie: 42 civils tués dans des raids de la coalition à Raqa, selon une ONG
Les secours autour du corps d'un homme coincé sous le toit d'un bâtiment détruit à Arhab, près de Sanaa, le 23 août. |
Les raids sont intervenus à la veille d'un rassemblement à hauts risques à Sanaa, la capitale du Yémen contrôlée par les rebelles chiites Houthis, de partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh dont l'alliance avec les insurgés connaît de sérieuses fissures.
La guerre au Yémen oppose les Houthis, alliés aux forces pro-Saleh et soutenus par l'Iran chiite, au camp du président Abd Rabbo Mansour Hadi aidé militairement depuis mars 2015 par une coalition de pays arabes commandée par l'Arabie saoudite sunnite voisine.
Un responsable d'une organisation humanitaire internationale, basé à Sanaa, a indiqué qu'au moins 30 Yéménites avaient péri dans les raids contre plusieurs cibles dans et aux alentours de la capitale.
Des civils "déplacés par la guerre figurent parmi les morts", a-t-il dit à l'AFP.
"Nous sommes extrêmement inquiets à propos des morts civils", a déclaré de son côté Shabia Mantoo, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Le chef de la section du Croissant-Rouge à Sanaa, Hussein al-Tawil, a affirmé que 35 personnes avaient été tuées dans l'un des raids contre la localité d'Arhab, à la sortie Nord de Sanaa.
La coalition mise en cause
"Nous avons envoyé six ambulances à Arhab où on a dégagé 35 corps. On a évacué 13 blessés", a dit ce responsable dont l'organisation est liée aux Houthis.
L'agence de presse Saba et la chaîne de télévision Massira, contrôlées par les rebelles, ont accusé la coalition sous commandement saoudien d'avoir mené ces raids.
Les rebelles ont en outre affirmé que tous les morts étaient des civils, bien que des témoins aient signalé des victimes parmi les Houthis.
Des témoins ont indiqué à l'AFP qu'un des raids avait visé un petit hôtel abritant des employés d'une ferme de qat, plante euphorisante largement consommée au Yémen.
En juin, 24 civils ont été tués dans une frappe sur un marché dans un fief rebelle du nord du pays. Selon des témoins, ce marché servait de base au trafic transfrontalier de qat. Des responsables locaux avaient également attribué la frappe à la coalition.
Celle-ci a été maintes fois accusée d'avoir visé par erreur des civils lors de ses raids. Elle a reconnu certaines erreurs, dont une frappe contre une cérémonie de deuil à Sanaa en octobre 2016 (plus de 140 morts).
L'ONU s'est inquiétée la semaine dernière de la multiplication des raids aériens de la coalition.
"En 2017, le nombre de raids par mois est trois fois supérieur à l'an dernier et les affrontements armés recensés chaque mois ont plus que doublé", a dit le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Stephen O'Brien.
Tensions entre forces rebelles
Localisation de Sanaa, au Yémen, où un raid aérien a fait de nombreuses victimes civiles, mercredi 23 août. |
Depuis mars 2015, le conflit a fait quelque 8.400 morts et 48.000 blessés, dont de nombreux civils, et provoqué une très grave crise humanitaire, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une épidémie de choléra a en outre fait quelque 2.000 morts et plusieurs régions de ce pays pauvre sont au bord de la famine.
Alors que les troupes progouvernementales contrôlent le sud, les Houthis et les forces pro-Saleh restent les maîtres de Sanaa et de vastes régions du nord du pays. Toutes les médiations de l'ONU et sept accords de cessez-le-feu ont échoué à mettre fin au conflit. Quelques mois après des fissures dans le camp gouvernemental, de fortes tensions sont signalées dans le camp rebelle et, selon des témoins, des partisans armés des Houthis et de l'ex-président se sont déployés à travers Sanaa.
Les Houthis soupçonnent M. Saleh de négocier avec la coalition derrière leur dos, alors que l'ancien président les accuse de concentrer le pouvoir entre leurs mains. Pour cela, un rassemblement organisé jeudi par les partisans de M. Saleh à l'occasion du 35e anniversaire de leur parti, le Congrès populaire général, fait craindre un dérapage, selon les observateurs.
AFP/VNA/CVN