Depuis toujours, la cuisine vietnamienne séduit de nombreux étrangers. Saveur, variété, ingrédients frais, arômes subtils, goûts délicats, le cocktail suffit à faire d’elle un ambassadeur de la culture locale. En attestent les activités culinaires au Hanoi Cooking Centre (HCC).
La chef Phan Thi Duyên (gauche) et une famille canadienne. |
Ce matin, Stéphane, Kirsten, Elise et Anne Messier, tous Canadiens, ont rendez-vous à HCC pour un cours de cuisine vietnamienne. La journée commence par la découverte du marché local. Entre les bonnes mains de la chef cuisinière Phan Thi Duyên, ils font des courses au marché Châu Long, situé près du charmant lac Truc Bach, à quelques encablures du HCC. Devant les étaux de produits frais et variés, la famille canadienne est emballée par un empire gustatif enivrant. «Ici, tout est super frais. Il y a beaucoup de légumes verts. J’ai également vu de la viande fraîche !», partage Anne.
Un régal
Ici on achète, mais on apprend aussi. Dans son anglais fignolé, la chef explique le nom et l’utilité de chaque ingrédient, fait goûter et humer les herbes fraîches aux touristes, histoire de joindre l’utile à l’agréable.
Rouleaux de printemps confectionnés par des touristes. |
Finies les emplettes, place à la cuisine. Au menu, «Les spécialités hanoïennes». Cette fois, Mme Duyên délaisse son costume de guide pour le tablier de chef cuisinier. Premier exercice, apprivoiser les grands classiques de la cuisine hanoïenne : rouleau de printemps, salade à la fleur de bananier (sans goût de banane, chose assez surprenante) et porc au caramel. Très vite, les apprentis-cuisiniers se familiarisent avec ces plats. Puis, vient le meilleur moment : les touristes sont confortablement installés dans le restaurant à l’étage pour déguster le fruit de leur travail. Entre temps, ils s’amusent à goûter le nhông (pupe de ver à soie) pour un snack…
Mme Duyên confie que ce cours est l’expérience la plus appréciée des étrangers fréquentant le HCC. Ils veulent comprendre la culture de la capitale à travers ses spécialités culinaires. En outre, le centre organise le tour «Street Eats» (Manger dans la rue), un festin de plats de rue en plein Hanoi. En petit groupe, les touristes se déplacent entre les échoppes au sein du labyrinthique ancien quartier, y dégustent des spécialités hanoïennes : le fameux pho, le délicat banh cuôn (crêpe de riz à la vapeur) ou l’insolite vit lôn (embryon de canard). Les curieux peuvent observer la préparation des plats en s’informant auprès de leur guide. Petit conseil : venir avec le ventre creux.
De la cuisine à la culture
Au delà de la cuisine, les activités du HCC captivent surtout pour leur authenticité et l’aspect intime. L’immersion dans la vie locale a supprimé le gouffre entre les touristes et le Vietnam.
Moment convivial autours des plats préparés pendant le cours. |
Cette expérience unique est l’œuvre de la chef cuisinière australienne Tracey Lister, elle-même grande amatrice de cuisine vietnamienne. Après avoir voyagé dans chaque région du pays, visité des marchés, goûté des plats locaux et étudié leurs recettes, elle n’a pas pu résister aux milles et une saveur à la fois exaltantes et sublimes. Actuellement, elle cuisine comme une vraie vietnamienne.
Convaincue que la culture d’un pays se dévoile dans ses pratiques culinaires, elle a fondé le HCC en 2009. De plus, avec son mari, le journaliste Andreas Pohl, elle a publié trois livres de cuisine : KOTO – A culinary Journey through Vietnam, Vietnamese Street Food et Real Vietnamese Cooking. À la croisée des chemins entre gastronomie, histoire et culture, ces ouvrages plongent les étrangers dans la richesse incommensurable de la cuisine vietnamienne.
Marqués par les expériences culinaires au HCC, les touristes restent en général sur leur faim et n’hésitent pas à y retourner. Le centre jouit d’une très bonne réputation. C’est même une adresse recommandée par le site de Trip Advisor, tandis que le tour «Street Eats» figure dans la liste des meilleures visites à pied, proposée par le célébrissime Lonely Planet.
Ce succès révèle une idée à faire valoir : faire de la cuisine vietnamienne le porte étendard de sa culture. Ainsi dit-on, «le véritable chemin pour toucher le cœur d’un homme passe son estomac».
Texte et photos : Phuong Thao/CVN