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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant le Parlement européen à Strasbourg (Est de la France). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les manœuvres politiques ont commencé en vue du scrutin de juin 2024, qui donnera le coup d'envoi d'un grand chamboulement à la tête des institutions de l'UE, et les spéculations courent sur la volonté de la responsable allemande conservatrice de rempiler pour cinq ans.
Dans son discours annuel devant les eurodéputés réunis en séance plénière, Ursula von der Leyen devrait autant insister sur son action - face à la tension en Ukraine, la crise énergétique ou pour réguler les géants du numérique - que sur les dossiers sur la table pour la fin de mandat.
Sujet crucial sur lequel ses mots seront scrutés : l'élargissement de l'UE.
La Commission doit présenter à l'automne ses recommandations sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie, qui ont obtenu le statut de candidat en juin 2022. Cinq pays des Balkans occidentaux sont aussi candidats à l'adhésion, et pour certains en négociation avec l'UE depuis une décennie.
Le président du Conseil européen Charles Michel a fait une rentrée remarquée en affirmant que l'UE devait être prête à intégrer de nouveaux membres "d'ici 2030". "Si nous voulons être crédibles, nous devons parler de calendrier", a-t-il lancé.
Ursula von der Leyen soutient la nécessité pour l'UE de se préparer à s'élargir, mais sans fixer d'échéance : "La crédibilité est garantie par un processus technique, la Présidente juge important de le préserver", souligne un responsable européen.
"Plus de dialogue" sur le Pacte vert
Sur le bilan, Ursula von der Leyen peut se targuer d'avoir fait aboutir une grande partie de l'ambitieux Pacte vert visant à sabrer les émissions carbones de l'UE.
Mais ce dernier reste inachevé : 37 textes restent en négociations, dont certains - "restauration de la nature", encadrement des pesticides... - suscitent l'opposition de sa propre famille politique, le PPE (droite), qui réclame une "pause" dans les législations vertes et dénonce le "fardeau" réglementaire imposé aux agriculteurs et entreprises.
Une source d'"euroscepticisme" s'inquiète même la présidente PPE du Parlement Roberta Metsola, sur fond de montée de l'extrême-droite en Europe. "La compétitivité, moins de bureaucratie et davantage de commerce est une priorité", abonde le chef du PPE, Manfred Weber.
Le récent soutien d'Ursula von der Leyen en faveur d'une révision du statut d'espèce protégée accordée au loup est interprété par certains comme un signal au monde rural et à son propre parti. "Nous passons de l'élaboration législative à la phase de mise en œuvre", nécessitant "plus de dialogue" avec citoyens et entreprises, souligne le responsable européen déjà cité.
Le président (Renew, libéraux) de la commission parlementaire Environnement, Pascal Canfin, attend cependant de la responsable qu'elle "réaffirme l'ambition du Green Deal" - notamment sur le climat, à trois mois de la COP28 et alors que Bruxelles fixera d'ici le printemps son objectif 2040 de réduction des gaz à effet de serre, "moment-clé pour continuer à montrer de l'ambition".
Ursula von der Leyen "a ça en tête, mais elle est obligée de tenir compte du fait que nous entrons dans le dur de la transition écologique, avec un certain nombre d'acteurs, à commencer par le PPE, disant : +n'allons pas trop vite, pas trop loin+", s'inquiète-t-il.
"Ne pas abandonner les ambitions"
"Nous l'appelons à ne pas abandonner les ambitions fixées en début de mandat" face à "des forces politiques qui poussent au statu-quo", abonde la présidente des socio-démocrates Iratxe Garcia Perez, à l'unisson des Verts.
Parmi les dossiers restant à boucler, la réforme du marché de l'électricité et celle des règles budgétaires européennes font l'objet d'âpres pourparlers. Surtout, l'épineuse réforme de la politique migratoire suscite de difficiles discussions, sur fond de capacités d'accueil sous pression face à la hausse des demandes d'asile.
Mme von der Leyen devrait appeler eurodéputés et États à intensifier leurs efforts pour finaliser le texte. Elle souhaite par ailleurs que le protocole d'accord pour un "partenariat stratégique" conclu en juillet avec la Tunisie devienne un modèle pour de futurs accords avec les pays de la région.
Le discours de Mme von der Leyen intervient alors que sa Commission a récemment perdu deux figures emblématiques : Frans Timmermans, architecte du Pacte vert et désormais candidat au poste de Premier ministre aux Pays-Bas, et la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager, qui brigue la tête de la Banque européenne d'investissement.
AFP/VNA/CVN