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Vue aérienne du village de Cô Dô. |
Cô Dô, dans la commune éponyme, district de Ba Vi, est dénommé le "village des peintres" car la plupart de ses villageois ont la connaissance du dessin et l'amour de la peinture. Après des heures de travail éprouvantes, les gens étendent leur papier ou leur toile, prennent de la couleur et commencent à peindre. Les activités de la vie quotidienne ou la beauté de la campagne sont fidèlement retranscrites par les coups de pinceau, reflétant également les émotions et personnalités de leurs auteurs.
"J'ai beaucoup de chance d’être né dans ce village. Depuis que je suis petit, je vois mes oncles peindre. Quand j'étais au collège, mes parents m’ont laissé suivre un cours de dessin de Nguyên Si Tôt (1920-2002), un peintre célèbre né à Cô Dô. J’ai commencé à peindre à l’âge de 13 ans. Depuis 2003, je suis la voie de la peinture professionnelle. Mes sujets principaux sont des spectacles de mon village. Je dessine également des sujets abstraits, m’inspirant du paysage naturel qui m’entoure”, partage le peintre Nguyên Truong Yên.
Cô Dô est aussi le seul village à disposer de deux musées et de huit galeries d’art, tous fondés par ses villageois. On compte notamment le musée privé du regretté peintre Si Tôt où sont exposées des centaines de ses œuvres. Nombre de ses œuvres sont également présentes dans de grands musées en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Pologne, en Suède... Si Tôt, qui a reçu le Prix d’État des arts et des lettres en 2007, aimait enseigner le dessin et transmettre son amour de la peinture aux villageois. Beaucoup de ses élèves sont devenus peintres professionnels et membres de l’Association des beaux-arts du Vietnam.
Une tradition
Un peintre villageois de Cô Dô devant sa toile. |
“La personne qui a joué le rôle d’initiateur de la peinture pour notre village était Si Tôt. Nous avons créé le Club des beaux-arts de Cô Dô dont les membres ont propagé la passion de la peinture dans le village à travers des cours gratuits organisés chaque année pendant l’été. Les peintres célèbres sont revenus au village en apprenant aux petits villageois à développer leur talent en peinture”, affirme Trân Khac Hân, vice-président du Comité populaire de la commune de Cô Dô.
“Le Club des beaux-arts de Cô Dô, créé en 2016, compte actuellement 40 membres, dont 12 adhèrent à l’Association des beaux-arts du Vietnam”, raconte Hoàng Tuân Viêt, président dudit club. Il ajoute : “Les activités du club sont assez riches. Nous menons régulièrement des activités professionnelles, organisons des échanges et apprenons les uns des autres. Surtout, nous nous mettons à jour sur l’art contemporain, en plus de maintenir l’art traditionnel. Chaque année, nous partons sur le terrain, dans différentes régions à travers le pays. Après ces voyages, nous peignons ensemble. Nous avons participé à des expositions de peinture au 16, rue Ngô Quyên (centre-ville de Hanoï) et à des expositions avec d’autres clubs du pays. Le cours de dessin gratuit, l’une des activités de notre club, est l’opportunité pour nous de développer des générations d’artistes et d’ouvrir des galeries pour le village”.
Les cours de dessin gratuits, organisés en été 2022 à Cô Dô, ont attiré près de 60 enfants âgés de 6 à 14 ans. |
Des cours pour les jeunes
À Cô Dô, depuis les années 1990, des cours de dessin gratuits sont organisés exclusivement pour les jeunes villageois. Ceux de l’été 2022 ont vu la participation de près de 60 enfants âgés de 6 à 14 ans. Les petits sont ravis de se familiariser avec cet art. Apprendre à dessiner, c’est un moyen pour eux de se détendre après les heures d’école et aussi un moyen pour le village de maintenir son identité culturelle.
“J’adore dessiner et je veux être créative alors je me suis inscrite à un cours gratuit. Je le suis depuis la 4e classe (soit CM 1) jusqu’à maintenant. Ici, des professeurs m’ont appris à dessiner des natures mortes, des peintures de paysages et des peintures musicales (c’est-à-dire écouter de la musique puis dessiner des images en fonction des émotions)”, confie Giang Hông Chi, une collégienne de 13 ans.
Une œuvre réalisée par un peintre de Cô Dô. |
“Chaque année, à l’arrivée de l’été, un cours de dessin gratuit commence dans le village. Il dure environ un mois et transmet aux enfants, du primaire au lycée, l’amour des beaux-arts et les connaissances de base sur la peinture. Il est organisé conjointement par les autorités du village et le Club des beaux-arts de Cô Dô”, fait savoir Nguyên Ngoc Nho, chef du village.
Pour les villageois, la peinture n’est pas simplement un terrain de jeu, mais elle les aide aussi à avoir plus d’énergie, à aimer davantage cette vie et à partir de là, à bien faire leur travail. Et jour après jour, des personnes simples préservent, promeuvent et contribuent, toujours avec diligence, à la diffusion de l’art de la peinture de la ville millénaire de Thang Long-Hanoï.
Texte et photos : Quê Anh/CVN