Violence domestique:
un fléau passé sous silence

La violence familiale, faite aux femmes notamment, est un grave problème dans de nombreux pays dont le Vietnam. Relevant pendant longtemps de l’ordre de la sphère privée, elle est considérée aujourd’hui comme un problème public.

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Un climat familial où sévit la violence engendre de graves problèmes chez les adultes qui la subissent (le plus souvent des femmes), ainsi que chez les enfants.

La violence domestique est souvent assimilée à la violence contre les femmes dans les relations de couple. Pourtant, sa notion est beaucoup plus large puisqu’elle englobe différentes formes de violence: contre les femmes/hommes dans les relations de couple et les situations de séparation; contre les enfants et les adolescents au sein de la famille; contre les personnes âgées dans le cadre familial; ainsi que la violence entre frères et sœurs.

Un problème de société

La violence domestique ne connaît pas de frontières, qu’elles soient économiques, sociales ou géographiques. Bien que la violence mette en péril la santé, la dignité, la sécurité et l’autonomie de ses victimes, elle reste entourée d’une culture du silence. Elle a parfois des conséquences graves physiques, mentales, cognitives et comportementales. Elle peut également avoir une incidence sur la situation sociale ou économique d’une personne. Par exemple, elle peut entraîner la pauvreté, le décrochage scolaire ou l’absence d’accès à un logement sécuritaire et abordable.

Hà Thi Quynh Anh, du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) au Vietnam, estime que si la violence dans les lieux publics est fermement condamnée, celle se déroulant au sein de la famille est encore négligée.

Selon elle, au Canada, la brutalité faite aux femmes reste un problème sérieux. Environ 51% des femmes sont victimes au moins d’un acte de violence dans leur vie. Dans la seule province de l’Ontario, 40% des femmes enceintes font l’objet de maltraitances physiques.

Quant en Australie, un tiers des femmes ou jeunes filles de plus de 15 ans a été victime d’une brutalité physique. La violence domestique est monnaie courante aussi en République de Corée. Cela est dû au régime patriarcal et à la structure familiale. Mais elle est considérée encore comme un problème relevant de la sphère privée. Au Vietnam, d’après le ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, Nguyên Ngoc Thiên, la violence familiale influe sur la santé psychologique et le rendement du travail, et provoque des dégâts estimés à 1,78% du PIB chaque année.

Les études sur la violence faite aux femmes montrent que 58% des femmes mariées sont l’objet au moins d’un des trois types de violence familiale (physique, psychologique ou sexuelle). Près de 80% du nombre de divorces chaque année sont causés par ce fléau.

Une étude réalisée par le FNUAP au Vietnam montre que la majorité des victimes sont des femmes. Elles ont de nombreuses difficultés à accéder à la protection et aux services juridiques. Les sévices découlent de l’idéologie patriarcale encore vivace dans la société, selon laquelle le rôle, les valeurs et les contributions des femmes et des filles dans la famille et dans la société sont sous-estimés par rapport aux hommes.

Environ 50% des femmes victimes de brutalité domestique n’en parlent à personne; et 87% ne demandent de l’aide à aucun service. Le désir de “garder la face” devant les voisins et le manque de confiance en la justice empêchent les victimes de prendre la parole.

Des modèles d’intervention efficaces

Le modèle "Adresse de confiance - Maison de refuge" a été déployé dans de nombreuses provinces et villes du pays.
Photo: Anh Tuân/VNA/CVN

Le ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, avec le soutien du FNUAP, a présidé à la création d’un réseau national de prévention et de lutte contre la violence domestique avec la participation de ministères, branches, organisations de masse, organisations non gouvernementales.

Ce réseau a créé un forum permettant aux parties concernées de s’informer, de partager les leçons d’expériences et d’élaborer les programmes d’action commun afin de mieux mener ce combat. À partir de ce réseau, de nombreux modèles de prévention et de contrôle de ce fléau ont été établis, contribuant à limiter de nombreux cas graves.

En outre, les provinces et villes comme Hanoï, Thua Thiên-Huê, Lâm Dông (Centre), Hô Chi Minh-Ville, Cà Mau (Sud)... ont déployé le modèle "Adresse de confiance - Maison de refuge" afin d’aider les victimes, en particulier les femmes et les enfants. Ce modèle permet à ces derniers de trouver un refuge d’urgence et d’accéder aux services de premiers soins en matière de santé physique ou psychologique…

Nécessité de renforcer l’arsenal judiciaire

D’après le ministre Nguyên Ngoc Thiên, dix ans après sa mise en exécution, la Loi sur la prévention et la lutte contre la violence familiale, ainsi que les activités concernées ont reçu le soutien et la coopération des organismes, des organisations et des individus. La conscience des habitants sur ce problème s’est nettement améliorée. Bien des actes ont été sanctionnés selon la loi. Cependant, la situation ne cesse de s’aggraver, dévoilant certaines faiblesses ou failles juridiques.

Actuellement, les mesures prévues pour lutter contre la violence domestique se concentrent uniquement sur la réconciliation et les sanctions administratives, au lieu d’une condamnation. Cette mesure a souvent des effets négatifs sur les victimes, car les amendes sont payées par le budget de la famille… et non par l’auteur des faits seulement. C’est pourquoi, l’amendement de la Loi est nécessaire pour que la réconciliation familiale ne soit plus la solution essentielle.

Un représentant du ministère de la Justice a estimé qu’il est important d’amender la loi pour lui assurer un caractère suffisamment dissuasif.

Huong Linh/CVN

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