D'après Luu Duy Dân, de l'Association des villages de métiers du Vietnam, le pays compte actuellement 2.790 villages, spécialisés dans 53 métiers, qui produisent plus de 200 articles.
Les villages de métiers emploient actuellement plus 12 millions de personnes et offrent un emploi saisonnier à des millions d'autres. Ces travailleurs ont un revenu plus élevé de 3 à 4 fois que dans le secteur agricole. Le taux de pauvreté dans ces villages est plus bas que la moyenne du pays.
Plus de 40% de leurs produits artisanaux sont exportés dans 120 pays, pour un chiffre d'affaires continuellement croissant. Ainsi, la valeur des exportations a été portée de 630 millions de dollars en 2006 à près d'un milliard en 2008, en passant par 750 millions en 2007.
Malgré ces résultats positifs, le tableau des villages de métiers n'est pas optimiste. En effet, le développement est anarchique et pose de nombreuses difficultés. Plus de 80% des villages manquent de capitaux pour investir dans les technologies et l'élargissement de la production.
Selon les statistiques du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, 9 villages de métiers ont fait faillite et 124 autres sont en difficulté. D'autres au contraire sont obligés de refuser des contrats de plusieurs milliards de dôngs. C'est le cas des compagnies et villages de métiers de la province de Vinh Phuc (Nord).
Le manque de terrain pour l'élargissement de la production est le seul problème de la compagnie Tre Viêt, spécialisée dans les produits en bambou destinés à l'exportation vers l'Europe. Son directeur Pham Van Hai fait savoir que l'établissement a dû refuser des commandes de châlits et de porte-manteaux en bambou d'un groupe suédois malgré son montant de 35 millions de dollars/an. Raison : la superficie des ateliers n'est pas suffisante pour organiser la production. D'une superficie de 2.000 m2, Tre Viêt ne peut assumer que le dixième de ses besoins en terrain en cas de commande supplémentaire. Depuis 2008, elle attend que la province lui loue les terrains qu'elle a demandés. Et la situation est identique pour les établissements de céramique et de meubles de Vinh Phuc.
Pour Luu Duy Dân, grâce aux assistances accordées par le gouvernement ces années dernières, les villages de métiers ont pu réorganiser leurs activités. L'Association des villages de métiers du Vietnam leur a également accordé des aides. Mais les villages souhaitent recevoir des assistances supplémentaires, en particulier en matière de financement, de développement des régions fournisseuses de matières premières, de promotion du commerce, de développement de leurs débouchés à l'étranger...
Dô Mai, directeur adjoint du Service de l'industrie et du commerce de la province de Vinh Phuc, indique que ce service a élaboré en 2002 un plan d'aménagement du village de céramique de Huong Canh. La province a investi 3 milliards de dôngs dans le développement des infrastructures du village. Une somme s'avère insuffisante.
Les lenteurs dans la diversification de la gamme de leurs produits sont une des lacunes à combler de plusieurs villages. Par exemple, en disposant d'un contingent d'artisans qualifiés, le village de meubles de Thanh Lang, province de Vinh Phuc, ne s'est pas développé ces dernières années. Ses produits, traditionnels, ne sont pas renouvelés au fil du temps : dressoir pour service à thé, panneaux pour sentences parallèles..., lesquels ne sont plus attrayants pour la clientèle.
Le président de l'Association des artisans de ce village, Nguyên Công Tuân, indique que le Centre d'encouragement à l'industrie de Vinh Phuc a aidé les villages à former des ouvriers et à créer une marque pour les meubles de Thanh Lang. Mais la promotion commerciale et le développement des marchés d'exportation doivent faire l'objet de plus d'attentions.
Tùng Chi/CVN