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L’ambassadeur du Maroc à Hanoï, Azzeddine Farhane. |
Le Maroc et le Vietnam entretiennent une coopération de longue date depuis 1961. Ces dernières années, cette coopération a donné des résultats encourageants. Sur quoi axez-vous vos priorités pour la renforcer au cours de votre mandat au Vietnam ?
Ma première priorité est de rehausser les relations bilatérales par la préparation cette année de la visite officielle du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale au Vietnam, et celle du Premier ministre vietnamien au Maroc au début de l’année prochaine. Cette priorité cadre avec les Hautes orientations de sa majesté le roi Mohammed VI de diversifier ses partenaires et de renforcer la présence du Maroc en Afrique et son ouverture sur de nouveaux espaces géographiques.
Ces projets de visites vont permettre de consolider les relations diplomatiques qui ont atteint une maturité politique et une densité particulière, afin d’insuffler également une nouvelle dynamique à nos relations économiques, qui demeurent en-deçà des attentes des deux pays. Vous n’êtes pas sans savoir que le volume de nos échanges commerciaux ne dépasse pas les 200 millions de dollars. J’œuvrerai, durant mon mandat, à dynamiser les échanges commerciaux, sachant que le Maroc et le Vietnam sont deux pays émergents ayant une position géographique magnifique, un potentiel économique intéressant, leur permettant d’être à l’avant-garde sur la scène économique mondiale. Le Maroc et le Vietnam-qui sont respectivement les portes de l’Afrique et des pays de l’Asie du Sud-Est-ont un potentiel réel pour créer une dynamique économique afro-asiatique. Le Maroc, ayant accédé, il y a un an, au TAC (Traité de coopération et d’amitié de l’ASEAN), peut créer en tandem avec le Vietnam un pont entre les continents africain et asiatique pour stimuler la croissance économique et financière dans cet espace géographique.
L’ambassadeur du Maroc au Vietnam, Azzeddine Farhane, accorde une interview exclusive au Courrier du Vietnam. Phuong Mai/CVN |
La deuxième priorité est de renforcer la coopération économique, scientifique et culturelle par la mise en œuvre de 17 accords de coopération qui reflètent un niveau de maturité du cadre juridique et de densité du niveau des relations bilatérales. Je pense qu’il y a énormément des potentialités et beaucoup de possibilités pour faire avancer les relations bilatérales à même de constituer un modèle transrégional entre deux pays respectivement porte de l’Afrique et des pays de l’Asie du Sud-Est.
La troisième priorité est d’assurer le «follow-up» des recommandations des Commissions mixtes. Nous avons tenu trois commissions mixtes et quatre sessions des consultations politiques. L’enjeu réside, aujourd’hui, à mon sens, dans le suivi et le «follow-up» à travers des évaluations périodiques des recommandations et des propositions concrètes et réalisables pour booster nos relations bilatérales. Tout dernièrement, nous avons reçu une délégation de l’Office chérifien des phosphates intéressée par l’établissement d’une coopération avec Petro Vietnam.
De même, une mission économique du Maroc s’est rendue à Hanoï et a eu des rencontres B2B (Business to business) avec des entreprises vietnamiennes et des représentants de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI en abréviation anglaise), pour explorer les voies et moyens visant à dynamiser les échanges économiques dans les secteurs de pointe, notamment les nouvelles technologies de l’information, le secteur pharmaceutique, et celui de l’agro-alimentaire et l’aquaculture.
Le séminaire international sur «La mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam», le 27 mars à Hanoï. Photo : Vân Anh/CVN |
Le Vietnam et le Maroc sont des membres à part entière de la Francophonie. Que pensez-vous du rôle du Vietnam dans la communauté de la Francophonie et de la coordination entre les deux pays au sein de cette entité ?
Le Maroc et le Vietnam sont deux pays acteurs au sein de la Francophonie à trois niveaux.
Le premier niveau est de continuer la concertation au sein de la Francophonie et ses structures.
Le deuxième niveau est l’encouragement des initiatives conjointes non problématique au niveau de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le troisième niveau est de valoriser notre contribution pour le bon fonctionnement de l’OIF, avec certes des contributions non problématiques, mais qui mettent en avant les valeurs de la Francophonie, notamment en matière des opérations de maintien et de consolidation de la paix. Le Maroc participe, depuis les années 60, aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Nous sommes très heureux de voir que le Vietnam s’y intéresse et y participe aujourd’hui. Le Maroc est disposé à partager avec le Vietnam son expérience, les bonnes pratiques et le retour d’expérience en matière de maintien de la paix.
Par ailleurs, cette année, marquera le 20e anniversaire du 7e Sommet de l’OIF qui a eu lieu à Hanoï en 1997. Ce Sommet a constitué un tournant historique et institutionnel. Historique parce que l’on est passé de l’Agence de coopération culturelle et scientifique à une organisation politique baptisée, depuis lors, l’OIF.
Institutionnel car l’OIF a été créée ici, à Hanoï, et je suis très heureux d’être ici pour contribuer à la célébration de cet événement très important. Cette nouvelle institution compte aujourd’hui 84 membres, observateurs et membres associés. L’OIF constitue une force politique qui s’exprime dans les organisations et forums internationaux sur plusieurs questions multilatérales ayant trait à la promotion des valeurs de la Francophonie. Je pense que le Maroc et le Vietnam, en tant que membres de l’OIF, ont des contributions substantielles à partager et des initiatives productives à prendre. Nous voulons que cet événement soit un moment phare, car le Sommet de Hanoï a donné une impulsion à la Francophonie. Nous désirons ainsi donner plus de visibilité à cette action, parce que nous partageons les valeurs de paix, de tolérance, de dialogue interculturel.
Photo : Vân Anh/CVN |
Pourriez-vous nous faire part des objectifs des projets que le Maroc compte mettre en œuvre en priorité au Vietnam dans les temps à venir ?
Parmi les objectifs des projets sur lesquels je travaille, mon premier objectif est de mieux faire connaitre le Maroc au Vietnam, et réciproquement. Je suis là pour faciliter les contacts avec les autorités vietnamiennes et marocaines, et encourager les opportunités d’investissement et d’échanges économiques et de promouvoir le tourisme dans les deux sens.
J’ai un projet sur lequel je travaille avec le président du Comité populaire de Hanoï que j’ai rencontré, il y a deux semaines, au sujet de la restauration de la Porte du Maroc. Nous voulons que cette porte fasse partie des circuits touristiques de Hanoï. Je suis très content d’avoir appris que les autorités de Hanoï avaient apprécié et accepté ma proposition depuis mon arrivée au Vietnam pour inclure cette porte parmi les monuments historiques de Hanoï.
Mon deuxième objectif est d’envisager la présentation d’un dossier conjoint Maroc - Vietnam pour inscrire ce magnifique ouvrage au Comité du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
Mon troisième objectif est d’œuvrer, sur le plan économique et financier, à instaurer des relations entre l’Association des banques marocaines et celle du Vietnam pour faciliter le partenariat bancaire et les futures transactions entre les deux pays en matière de paiement des opérations bancaires en Afrique.
Propos recueillis par Phuong Mai/CVN