Vietnam : climat et culture

Le Vietnam se situe au cœur de l’Asie du Sud-Est. Son climat est de type tropical au Sud, avec deux saisons bien distinctes, et subtropical au Nord, avec des moussons, beaucoup de pluie et d’humidité, mais un bel ensoleillement.

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Dans le Sud du Vietnam, le climat est tropical avec deux saisons bien distinctes.
Photo : VNA/CVN

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu Lettre de Hanoï de Jean Tardieu, livre qu’un ami de l’ambassade de France a eu la gentillesse de m’offrir.

Cette lettre-journal d’une cinquantaine de pages écrite par le deuxième classe Jean Tardieu en 1928, à l’âge de 25 ans, a été publiée en 1997, deux ans après la mort du poète du Cocasse et du vide du monde. Elle m’intéresse en tant que Vietnamien à plus d’un titre.

Avec quelle sympathie ce fils de Victor Tardieu, fondateur de l’École des beaux-arts de l’Indochine auquel la peinture moderne vietnamienne doit beaucoup, évoque le milieu physique et social de notre pays.

Indifférenciation des saisons

À une époque dominée par l’idéologie kiplingienne de "mission civilisatrice" et du "fardeau de l’homme blanc", il a osé faire une critique très vive du colonialisme et montrer un respect profond pour l’identité culturelle du peuple "annamite".

Ce qui me frappe particulièrement dans ce petit chef-d’œuvre, c’est la place qu’y occupe le climat… La chaleur, le soleil et l’humidité des tropiques colorent les paysages encre de Chine et marquent l’humeur et l’opinion du jeune homme à chaque instant.

"Jamais, écrit-il, je ne me suis senti aussi instable que depuis que je suis venu +me fixer+ pour un temps à Hanoï. Cela doit tenir au climat ? Il me semble que dans ce pays, plus que partout ailleurs, les hommes sont directement soumis au pouvoir despotique et capricieux des éléments. On se sent devenir une simple marionnette reliée par des milliers de fils invisibles à la volonté du soleil, des nuages, des brouillards, des vents et des heures. La pensée change de couleur, la sensibilité s’avive ou s’atténue dans le même temps que met un orage à s’approcher, à éclater, à se dissoudre. Pour ma part, je n’ai pas encore passé un jour sans que mon état et physique ait traversé plusieurs phases successives : de la fatigue à l’euphorie, d’un bien-être béat à un malaise mystérieux, de la joie parfaite au désespoir. Et j’ai souvent songé à ce que note Gide au sujet des paysages d’Afrique : l’indifférenciation.

Le Vietnam bénéficie d’un climat très divers car son territoire s’étend sur de nombreuses latitudes et est varié en altitudes.
Photo : VNA/CVN

Oui, c’est bien cela, dans ce Tonkin aussi, on a vivement l’impression d’une nature indifférenciée ou pas encore différenciée : indifférenciation des saisons, pas de limites précises entre une saison et une autre. D’un jour à l’autre, la température varie de 10°C à 15°C : il y a quelques jours, on avait réellement froid : en partant le matin de chez moi cuirassé de tricots, emmitouflé dans ma capote de drap, je pouvais me croire à Paris en décembre : même soleil pâle et joyeux, ciel d’un gris bleu délicieux, netteté des bruits de la rue, sensation de légèreté. Et tout à coup, le lendemain, une chaleur d’été de France, ciel d’orage, couleur plombée, sourdement brillants des nuages… Il y a aussi quelque indifférenciation dans la terre elle-même : dans les campagnes du delta, par endroits, on ne sait où finit la rizière et où commence tel étang - et l’eau des rizières est semblable à celle de mer, on y trouve de petits crabes et des poissons.
Que de surprises cocasses pour le voyageur nouveau venu…

Des jours particuliers

La nature tout entière, par conséquent, invite les étrangers, les non-adaptés, à vivre au jour le jour dans un perpétuel coq-à-l’âne. Il faut avoir une volonté bien tenace pour suivre une idée quelque temps à travers tant de coupures. On se sent devenir plus absurde que jamais. Il est des jours de soleil irrésistible - quand la lumière coule autour de vous, se mêle à votre sang, vous rend transparent et brillant comme verre - que même si l’on avait les plus grands chagrins du monde, on serait tout de même contraint d’être gai. Un autre jour, alors que tout va bien, que l’on n’a aucune raison de se plaindre, arrive tout à coup un vent aigre, mêlé à une atmosphère chaude.
Le ciel est bouché par l’une des accumulations de brouillards qui, au lieu d’arrêter les rayons aigus du soleil, les réverbèrent dans les facettes de mille et mille gouttelettes suspendues - hostilité du monde - pas de lumière, un astre sournois qui se cache pour vous donner plus sûrement une insolation. On sue et on grelotte en même temps - au bout d’une heure de ce régime, les raisons que l’on avait de se réjouir ont disparu - brûlées ou dissoutes, on ne sait où… Soudain, il se passe quelque chose dans le ciel, quelque chose d’incompréhensible quelque part, un orage se dénoue, des muscles raidis pour une menace inconnue se détendent - et nos nerfs en même temps s’affalent. Une aurore grande et légère ou bien un crépuscule plein de mansuétude s’épanouit pout doucement, rapidement comme un éventail qui se déploie… Et les bonnes pensées renaissent"
.

Ces lignes ont été écrites il y a 70 ans. Je me demande si aujourd’hui, compte tenue des effets de la déforestation, de l’ozonisation, de la pollution en général, le climat vietnamien provoque chez les étrangers les mêmes sensations et mêmes pensées que chez Jean Tardieu.

Il s’agit ici du climat du Vietnam du Nord, car au Sud, la coupure entre saison sèche et saison des pluies est beaucoup plus nette. En tous cas, le Vietnam est devenu un pays indépendant, son climat culturel et moral est autre.

Huu Ngoc/CVN
(Septembre 1999)

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