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Le président brésilien Michel Temer lors d'un barbecue auquel des ambassadeurs étrangers étaient invités après une réunion d'urgence sur le démantèlement d'un réseau de commercialisation de viande avariée au Brésil, le 19 mars à Brasilia. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous nous attendons à ce que plus de 30 pays remettent en question le pays (comme fournisseur de viande) en raison de cette affaire", a déclaré le ministre de l'Agriculture, Blairo Maggi, lors d'une conférence de presse à Brasilia.
Et si tous fermaient leurs portes à la viande brésilienne, "ce serait un désastre", a-t-il reconnu, alors que la première économie d'Amérique latine est déjà plongée dans une récession historique.
Le coup commercial le plus rude est venu du géant asiatique chinois, deuxième acheteur de viande brésilienne au monde, qui en a bloqué les importations jusqu'à nouvel ordre, trois jours après le démantèlement d'un réseau de commercialisation de denrées impropres à la consommation.
En 2016, le Brésil a exporté pour plus de 859 millions de dollars de viande de poulet vers la Chine et pour 702,7 millions de viande bovine, selon le ministère du Commerce (MDIC).
"Jusqu'à ce qu'elle reçoive des informations, la Chine ne déchargera pas les viandes importées en provenance du Brésil. Cette nuit, le ministre (Maggi) tiendra une vidéoconférence avec les autorités chinoises pour mettre les choses au clair", a annoncé le ministère de l'Agriculture.
Le Chili, sixième importateur de viande rouge brésilienne, a également suspendu ses importations. En réaction, Blairo Maggi a brandi la menace de représailles, en rappelant : "Nous sommes aussi de grands importateurs de produits chiliens (...). Si je dois avoir une réaction plus forte pour protéger le marché brésilien, je le ferai sereinement".
L'Union européenne a quant à elle demandé "au Brésil de retirer immédiatement tous les établissements impliqués dans la fraude de la liste" des sociétés approuvées par l'UE pour l'exportation, selon Enrico Brivio, un porte-parole de la Commission européenne.
Sur 21 entrepôts frigorifiques soupçonnés d'avoir commis des irrégularités, quatre ont une licence d'exportation vers l'UE.
La reprise menacée ?
"La Commission suit (le dossier) de très près avec les États membres et nous faisons preuve d'une vigilance supplémentaire dans les vérifications obligatoires sur les importations de produits issus d'animaux en provenance du Brésil", a souligné Enrico Brivio.
Jusqu'à présent aucune alerte n'a été déclenchée sur des produits importés et commercialisés dans l'UE.
Autre pays à réagir lundi 20 mars, la République de Corée a suspendu temporairement, le temps de vérifier leur qualité, la distribution des poulets importés du Brésil.
Celle-ci avait repris mardi, les autorités sud-coréennes ayant établi qu'aucune
viande avariée brésilienne n'avait été importée dans le pays.
Le Brésil, déjà secoué par une crise politique majeure, a de son côté tenté
de limiter les conséquences de cette nouvelle affaire.
"Le secteur de la viande emploie plus de 7 millions de personnes et représente 15% des exportations brésiliennes", a rappelé l'Association brésilienne des exportateurs de viande (Abiec).
Le scandale, qui implique deux multinationales brésiliennes de l'agroalimentaire, JBS et BRF, "pourrait faire dérailler la reprise économique du pays", s'est inquiété le cabinet d'analyse Capital Economics, car "le Brésil fait face à une perte potentielle d'exportations d'environ 3,5 milliards de dollars, l'équivalent de 0,2% du PIB".
AFP/VNA/CVN