Vers une agriculture nationale de 100 milliards de dollars par an

Si la production agricole est importante, la qualité et la valeur ajoutée des produits laissent toujours à désirer. C’est le grand défi que l’agriculture nationale doit relever si elle veut mieux s’intégrer à l’économie mondiale.

Ces 25 dernières années, la production agricole au Vietnam a fait de surprenants progrès. L’agriculture contribue beaucoup à la croissance économique, notamment à travers l’exportation. Aujourd’hui, le Vietnam est le premier exportateur mondial de riz.

Dans 20 ans, le revenu annuel moyen par hectare de terre agricole devra être de 100 millions de dôngs, au lieu de 50 millions aujourd’hui.

En 2012, le pays comptait huit produits agricoles dont les exportations se sont établies à plus d’un milliard de dollars, permettant au secteur agricole lato sensu d’afficher un excédent commercial de 10 milliards 600 millions de dollars, résultat conséquent dans l’actuel contexte de difficultés économiques. Le chiffre d’affaires à l’exportation était de 27,5 milliards de dollars, grâce à plusieurs produits agricoles, sylvicoles ou aquacoles qui figurent parmi les meilleurs du monde. Désormais, la croissance du secteur se tasse, du fait d’une rentabilité de la production agricole qui baisse, comme l’a déploré l’ancien vice-Premier ministre Nguyên Công Tan : en 2012, le revenu annuel par hectare de terre agricole n’était que de 50 millions de dôngs, conduisant les agriculteurs à abandonner la culture de leurs terres.

Les produits destinés à l’exportation présentent toujours de nombreuses faiblesses, à commencer par un coût de revient très élevé pour une qualité relativement faible - d’où une perte de compétitivité devant leurs concurrents et de faibles prix à l’export, ainsi que l’absence de marque forte.

L’ensemble du secteur comprend trop d’intermédiaires de la production à l’export en passant par la transformation et les services. Ceux-ci, omniprésents, concourent, certes, à la commercialisation des produits, mais, manquant de capacités professionnelles et peu suivis par les administrations concernées, génèrent une concurrence malsaine, des augmentations de prix et, finalement, troublent le marché.

Deux millions d’hectares de riziculture en moins

C’est dans le but d’élever la valeur ajoutée des produits agricoles et d’assurer un développement durable à l’agriculture vietnamienne qu’un plan de restructuration de l’agriculture a été élaboré. Récemment approuvé par le Premier ministre Nguyên Tân Dung, il table sur une croissance de 20% de la production dans les dix ans à venir.

Ce qui est important, c’est que ce secteur doit être bien adapté au changement climatique après cette restructuration, notamment sur le plan des techniques culturales et du contrôle des épizooties grâce à des mesures biologiques. Il est impératif de réorganiser en profondeur l’agriculture afin qu’elle puisse atteindre, dans les cinq à dix années, l’objectif de 100 milliards de dollars de PIB annuel, au lieu de 20 milliards de dollars aujourd’hui, a souligné Nguyên Công Tan.

Dans cette perspective, il considère nécessaire de réduire de deux millions d’hectares la superficie de riziculture pour cultiver des plantes comme le maïs et le soja, intéressantes pour leurs nombreux avantages, y compris comme aliments pour animaux. Un telle baisse aura également pour effet d’entraîner une hausse du prix du riz, ce qui contribuera à enrayer l’abandon des rizières qui prend de plus en plus d’ampleur ces derniers temps.

Cultures de substitution

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a déjà cité des pistes sur les cultures de substitution à développer en lieu et place des rizières de faible rendement dans le delta du Mékong, notamment le maïs et le soja.

Selon les estimations du Département des cultures, le segment de la riziculture connaît des problèmes de commercialisation et, en outre, de rentabilité avec la baisse des cours... De même, le segment de l’élevage voit ses coûts production augmenter en raison de la hausse du prix des aliments pour animaux.

Aujourd’hui, le pays est contraint d’importer 60% de ses besoins d’aliments pour animaux, essentiellement du maïs et du soja. L’importation de 1,5 million de tonnes de maïs, de 2,4 millions de tonnes d’huile de soja, et de 600.000 tonnes des graines de soja, coûte ainsi au pays près de 3 milliards de dollars par an, ce qui est l’équivalent du chiffre d’affaires à l’exportation de riz...

Maïs et soja, deux plantes stratégiques

Pour remédier à ce paradoxe, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a décidé d’une substitution des cultures de maïs et soja à celle de riz en cas de trop faible rentabilité.

Cette stratégie est supportée par les autorités locales comme par les producteurs, a déclaré le vice-président du Comité populaire de la province de Dông Thap, Pham Van Duong. Selon Pham Van Du, vice-directeur du Département des cultures, le delta du Mékong et, plus précisément, la région du Nam Bô occidental, offrent des conditions favorables au développement de la culture de ces deux plantes. Le ministère escompte une production de 7,5 millions de tonnes par an en 2020 au lieu de 6 millions aujourd’hui.

 

La substitution de cultures maraîchères à la riziculture sera encouragée pour les parcelles les moins rentables du delta du Mékong.

D’après les calculs du Département des cultures, la superficie de rizières concernée par cette substitution est de 150.000 ha pour le maïs et de 350.000 ha pour le soja, avec un prévisionnel de 700.000 tonnes. Selon les analyses de Truong Thi Ngoc Chi, vice-directrice du Centre de transferts de technologies agricoles de l’Institut du riz du delta du Mékong, la seule culture du riz aura à long terme des effets négatifs sur les terres. En outre, plusieurs campagnes durant la même année comme cela est généralement pratiqué actuellement favorise le développement des insectes. D’où un grand gaspillage d’engrais comme d’insecticides...

«Il est urgent de restructurer une partie des cultures dans le Sud. Les provinces doivent bien l’étudier, notamment au niveau des superficies», a souligné le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Vu Van Tam. La directive gouvernementale de maintenir 3,8 millions d’hectares de rizières ne signifie pas le recours à une monoculture, a fait remarquer le vice-Premier ministre Vu Van Ninh lors d’une récente réunion sur la restructuration de la production agricole organisée dans la ville de Cân Tho.

Thuy Tiên/CVN

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