Les coûts de production augmentent régulièrement alors que les prix de vente des produits diminuent, selon les agriculteurs. photo : Duy Khuong/VNA/CVN |
Depuis quelque temps, l’abandon de la riziculture est de plus en plus fréquent dans nombre de provinces telles Hai Duong, Thanh Hoa, Ninh Binh, Nam Dinh (Nord) et Nghê An (Centre)... En réaction à ce phénomène, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a récemment demandé à ses services provinciaux et municipaux d’établir un rapport précis sur la situation.
Pour le ministère, six causes expliquent ce phénomène. Il s’agirait d’abord de l’exode rural qui entraîne une baisse de main-d’œuvre pour une culture qui exige un personnel important, puis de la hausse du coût des intrants, suivie de la baisse des cours du marché du riz voire de mévente des récoltes. Sans oublier plusieurs difficultés comme le manque de capitaux, la sécheresse, des terres arables insuffisamment fertiles... Ces deux derniers facteurs sont dus à la pollution de l’environnement résultant de l’urbanisation, ainsi que des politiques foncières pratiquées.
La majorité des terres en friche sont fertiles
Avant 2011, l’abandon de la riziculture s’observait essentiellement dans les localités septentrionales comme Hai Duong, Hung Yên, Hai Phong et Bac Ninh, à proximité des zones industrielles. Mais aujourd’hui, les abandons se produisent de plus en plus dans les grandes zones de production du delta du fleuve Rouge telles que Nam Dinh ou Thai Binh, et dans les provinces du Centre comme Thanh Hoa, Hà Tinh ou Quang Binh. Dans cette dernière localité, selon le directeur du Service de l’agriculture et du développement rural Pham Van Khoa, les riziculteurs des deux districts de Quang Ninh et de Bô Trach ont ainsi délaissé 752 ha durant la campagne d’été-automne.
Selon Tang Minh Lôc, directeur du Département de l’économie coopérative et du développement rural, des statistiques provisoires révèlent d’ores et déjà l’abandon de près de 1.000 ha de rizières dans six provinces du delta du fleuve Rouge et du Centre. Dans chacune de ces localités, la superficie de friches atteint 100 ha en moyenne, voire 200 ha et plus dans des provinces comme Hai Duong et Hung Yên. Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est que le phénomène a tendance à s’amplifier alors que la majorité des terres concernées sont fertiles.
Un revenu annuel modeste
Le Département de l’économie coopérative et du développement rural a effectué une enquête sur les coûts de production et les revenus obtenus dans le delta du fleuve Rouge. Par exemple, un foyer de 3,72 personnes avec 1,7 personne en âge de travailler cultive près de 5,5 sào (un sào vaut 360 m²) dont 30% supportent deux campagnes rizicoles et une campagne maraîchère, donnant un revenu brut annuel de 22 millions de dôngs. Déduction faite des coûts de production - semences, engrais, insecticides, services hydrauliques... - qui atteignent 48% du chiffre d’affaires, le revenu annuel net est de l’ordre de 13 millions de dôngs, soit un revenu journalier de seulement 45.000 dôngs par personne, ce qui est bien moindre que dans d’autres professions.
Des statistiques provisoires révèlent d’ores et déjà l’abandon de près de 1.000 ha de rizières dans six provinces du delta du fleuve Rouge et du Centre. |
Photo : Ba Liêu/VNA/CVN |
Les coûts de production augmentent régulièrement alors que les cours de vente des produits diminuent, soulignent ces agriculteurs. Lors de ces cinq dernières années, le prix des variétés a été multiplié par 2,5, des engrais par 2, du paddy de 1,2... En outre, les coûts de production ne sont pas les uniques charges d’exploitation, il faut y ajouter la fiscalité. Or, si l’État a exempté les agriculteurs de taxe foncière et des contributions à l’entretien des ouvrages hydrauliques, ce n’est pas le cas des localités qui ont maintenu leur fiscalité, taxes de transfert de technologies, d’évacuation des eaux usées, etc. Selon le Département de l’économie coopérative et du développement rural, chaque foyer supporte en moyenne chaque année de 30 à 40 taxes totalisant de 350.000 à 500.000 dôngs par exploitation familiale, outre les contributions à la construction des voies de communication locales, qui représentent de 672.000 à 872.000 dôngs.
À l’évidence, de tels abandons ont une incidence directe et préoccupante sur la production agricole. Devant ce phénomène qui s’érige désormais en situation d’urgence, le ministère a donc demandé aux services provinciaux d’évaluer la situation et de proposer des mesures effectives en vue de le contrer. Le Département de l’économie coopérative et du développement rural a proposé au ministère de mettre en place une mission d’étude sur les causes et conséquences de ces abandons de la riziculture, laquelle devra être remise au ministre Cao Duc Phat ce mois-ci.
Thuy Tiên/CVN