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L'EPR de Flamanville, le 2 février. |
EDF avait annoncé en avril avoir constaté des "écarts de qualité" sur des soudures de la tuyauterie du réacteur en construction à Flamanville, dont le démarrage était jusqu'ici prévu à la fin de l'année. Ils concernent les tuyauteries du circuit secondaire principal, qui relient le générateur de vapeur à la turbine qui produit l'électricité. Le groupe indique que "les échanges avec l'Autorité de sûreté nucléaire vont se poursuivre encore quelques semaines" et que "les conséquences sur le planning et, le cas échéant, sur le coût du projet Flamanville 3 seront précisées à cette échéance".
"Un décalage de quelques mois du démarrage du réacteur EPR de Flamanville 3 faisant partie des hypothèses envisagées, EDF se met en situation de poursuivre l'exploitation des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim jusqu'à l'été 2019", indique dans un communiqué l'électricien. La doyenne des centrales françaises, située dans le Haut-Rhin, ne peut pas fonctionner après la mise en route de Flamanville en vertu d'une loi qui plafonne la capacité nucléaire française.
"Je prends acte de l'annonce d'EDF qui se prépare à poursuivre l'exploitation de Fessenheim jusqu'à l'été 2019", a réagi le secrétaire d'État à la Transition écologique Sébastien Lecornu. "La fermeture de Fessenheim est actée, irréversible et c'est désormais à EDF de préciser le calendrier et de communiquer en toute transparence", a-t-il ajouté dans une déclaration.
Déboires
En cours depuis 2007, le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche) a connu de nombreux déboires, retards et surcoûts. Le chargement du combustible et son démarrage sont officiellement prévus à la fin de l'année, pour une mise en service commercial en 2019, soit déjà sept ans de retard. Le coût du projet a aussi triplé pour atteindre 10,5 milliards d'euros. Des anomalies avaient aussi été découvertes sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exige que le couvercle soit remplacé avant la fin 2024.
Le gendarme du nucléaire, qui juge le calendrier actuel du démarrage de l'EPR plus que tendu, doit donner son feu vert au démarrage. L'ASN avait réagi vivement aux défauts de soudures révélés en avril. À la suite d'une inspection du chantier, elle avait pointé du doigt "l'organisation et les conditions de travail lors des contrôles de fin de fabrication" et demandé une extension des contrôles. L'entrée en service de l'EPR, le seul construit en France à ce jour, est symboliquement important pour EDF, qui voudrait l'exporter au-delà des quelques pays qui en construisent déjà (Chine, où un premier réacteur doit démarrer prochainement, Finlande et Royaume-Uni). L'Inde envisage notamment de construire six réacteurs et EDF espère aussi pouvoir vendre des EPR à l'Arabie Saoudite.
"Imposture"
Quant à Fessenheim, l'annonce d'une possible poursuite de son fonctionnement a fait bondir les association anti-nucléaires, qui réclament depuis longtemps sa fermeture. La centrale est devenue un symbole en raison de son ancienneté (40 ans), de sa proximité avec l'Allemagne et des problèmes à répétition de son réacteur numéro 2. "Il s'agit d'une imposture d'EDF", a réagi Cyrille Cormier, de Greenpeace.
"La loi de transition énergétique ne lie en aucun cas la fermeture de Fessenheim à l'ouverture de Flamanville. Au contraire, l'objectif de la loi de réduire la part du nucléaire (dans la production d'électricité) à 50% d'ici 2025 justifie la fermeture de Fessenheim en 2018", juge-t-il. Cet objectif de 50% a en réalité été repoussé à plus tard par le gouvernement, qui le jugeait irréaliste. Pour les salariés de la centrale, inquiets de leur avenir, le répit éventuel ne sera que de courte durée. "Le projet de territoire auquel nous travaillons pour Fessenheim et sa région se poursuit, sans aucun changement", assure Sébastien Lecornu, chargé de préparer la reconversion économique du site et de ses environs.