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Le "đi cà kheo" (échasses), un jeu populaire lors d’une fête du district de Nho Quan, province de Ninh Binh (Nord). |
Photo : CTV/CVN |
"Quand j’étais petit, ma famille vivait dans le hameau de Mac, au cœur de la forêt, entouré d’autres hameaux comme Bông, Mac, Dan, Dang, La Mên et Dông Con. Chaque hameau possédait plus d’une douzaine de toits de bambou, nichés à l’ombre de grands arbres", se souvient Dinh Van Khoan, 97 ans, de l’ethnie Muong, domicilié actuellement à Bai Dôc, commune de Cuc Phuong, district de Nho Quan (Ninh Binh au Nord). Avant d’ajouter : "Nous vivions de la chasse, de la cueillette et de la culture du maïs".
Dans le cadre de la politique de déplacement des populations vivant dans la forêt pour la préservation du parc national, M. Khoan et sa famille furent relogés en 1989 à Bai Dôc.
"Dès notre arrivée dans ce nouveau lieu, nous avons bénéficié de l’appui de l’État pour développer l’économie familiale. Actuellement, la vie matérielle et spirituelle des minorités ethniques ne cesse de s’améliorer", raconte M. Khoan en ajoutant : "Chaque année, à l’occasion du Têt ou de la fête des morts, les gens reviennent visiter leurs racines afin que leurs descendants puissent rendre hommage à leurs ancêtres et laisser les anciens du village revivre de vieux souvenirs".
Renforcer les activités de sensibilisation
La vaste région forestière de Cuc Phuong couvre 22.400 ha, dans 15 communes et quatre districts des provinces de Hoà Binh, Ninh Binh (Nord) et Thanh Hoa (Centre). La zone tampon, à 1,5 - 2 km de la forêt, compte plus de 90.000 personnes disséminées dans 67 villages.
Selon Lê Trong Dat, directeur adjoint du Centre de sauvetage, de conservation et de développement des créatures du Parc national de Cuc Phuong, l’explosion démographique, l’exploitation illégale du bois et le braconnage dans la zone tampon influent sur la biodiversité de la forêt et provoquent des difficultés dans la protection des ressources naturelles et des animaux sauvages. Bien que chaque commune ait créé un poste de gardes forestiers, il est encore difficile de contrôler toutes les entrées et sorties.
"Comprenant les causes des violations de la Loi sur la protection de la forêt, les gardes-forestiers sont toujours proches des habitants de minorités ethniques pour les sensibiliser à la nécessité de protéger la forêt tout en les aidant à développer l’économie", affirme Ta Duc Biên, chef adjoint du Département de protection du Parc national de Cuc Phuong.
Valoriser la culture pour développer le tourisme
Représentation des gongs à la Fête culturelle et sportive des ethnies du district de Nho Quan, province de Ninh Binh, en 2019. |
Photo : VNA/CVN |
Nguyên Thu Trang, une membre de l’équipe de communication du Parc national confie : "Je suis née et ai grandi au milieu de la forêt. Après avoir obtenu mon bac, j’ai décidé d’étudier le tourisme et de retourner à mon village natal pour travailler dans ce parc".
Passionnés par la forêt, Nguyên Thu Trang et de nombreux gardes-forestiers du parc souhaitent présenter aux touristes la biodiversité de la forêt avec ses milliers d’espèces de plantes, plus de 300 d’oiseaux, plus de 100 de mammifères, plus de 100 de reptiles et d’amphibiens... Par exemple le beau langur de Delacour, choisi comme symbole de Cuc Phuong. Depuis longtemps, la forêt de Cuc Phuong est devenue une destination de choix pour de nombreux touristes nationaux et internationaux.
Bien conscients des avantages économiques que le tourisme apporte, les Muong de Ninh Binh ont exploité leur formes d’art au service du tourisme et des fêtes comme : spectacles de gongs dans la commune de Thach Binh, chants mo, bo meng, dum… dans les communes de Cuc Phuong, Ky Phu, Phu Long (district de Nho Quan). Ce riche patrimoine culturel immatériel est préservé par de nombreux artisans Muong avec le soutien du district et de la province.
Bùi Thi An, membre du club "Hat giao duyên tiêng muong" (Chant d’amour alterné en langue Muong) de la commune de Cuc Phuong, partage : "Actuellement, cette forme d’art est interprétée lors des fêtes et échanges culturels de la localité avec les provinces voisines. Cela rend les Muong fiers de leur culture et plus responsables dans sa préservation".
En outre, pour perpétuer les arts traditionnels, de nombreux artisans s’emploient à transmettre leur savoir aux jeunes. L’artisan Bùi Van Y, chef du Club de gongs de la commune de Quang Lac (Nho Quan), fait savoir qu’autrefois, les Muong de Nho Quan utilisaient des gongs principalement pour la chasse. Maintenant, ils sont utilisés lors des fêtes ou des cérémonies funéraires. À ce jour, le Club de gongs de Quang Lac compte une centaine de membres.
D’après Trân Van Manh, chef adjoint du Bureau de la culture du district de Nho Quan, dans les temps à venir, la province de Ninh Binh envisage d’améliorer davantage la vie spirituelle des minorités ethniques. Dans l’immédiat, il est nécessaire d’assurer un budget suffisant pour la conservation et la promotion des valeurs culturelles immatérielles, le maintien des clubs ainsi que des activités culturelles et artistiques des minorités ethniques. Il faut en outre renforcer la mobilisation des ressources sociales, élaborer des mécanismes et politiques appropriées pour que les organisations et les individus participent directement aux activités de conservation.
L’accent doit être mis aussi sur la formation du personnel chargé des activités culturelles pour développer le tourisme dans la région forestière de Cuc Phuong, contribuant à faire de Ninh Binh une région touristique clé du pays.