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Quand arrive l’eau salée, les habitants de Côn Chim commencent l’élevage de crevettes. |
En février, le delta du Mékong est entré dans une terrible période de sécheresse et d’intrusion saline. Des milliers d’hectares de rizières et de vergers sont d’ores et déjà perdus. Pourtant, l’îlot de Côn Chim, dans la commune de Hoà Minh, district de Châu Thành, province de Trà Vinh, semble épargné.
"L’îlot de Côn Chim est aussi entouré d’eau salée. Mais les habitants locaux vivent en harmonie avec ce phénomène, la production agricole et l’aquaculture se dérou-lant normalement", se vante Nguyên Van Quoi, secrétaire de l’organisation du Parti du hameau de Côn Chim.
Adaptation aux changements climatiques
Selon Trân Trung Kha, président du Comité populaire de la commune de Hoà Minh, ces insulaires considèrent l’eau salée comme une ressource naturelle. En dehors de la riziculture bio, ils pratiquent aussi la crevetticulture. Ainsi, aucune des 60 familles, soit 220 personnes, ne souffre de pauvreté.
"Pendant les années 1990, cette localité était pauvre à cause de l’intrusion saline. Les nombreux ouvrages de protection n’étaient pas efficaces", raconte M. Kha.
"Actuellement, sa physionomie a bien changé. Les conditions de vie des habitants se sont améliorées. Les bâtisses en bois ont été remplacées par des maisons en dur", ajoute-t-il.
En montrant le terrain de sa famille, Nguyên Thi Bich Vân, une habitante, fait savoir que Côn Chim est une petite île où chaque famille dispose de lopins de terre limités. Les locaux pratiquent une production durable et verte adaptée aux changements climatiques, mettant l’accent sur la qualité.
"Chaque année, on sème le riz en septembre et le récolte en décembre. On n’utilise pas de produits phytosanitaires ni d’engrais chimi-ques. C’est pourquoi le rendement est inférieur à d’autres régions, soit cinq tonnes par ha contre sept à huit tonnes ailleurs. Du fait de sa qualité, le prix du riz de Côn Chim est assez élevé. Après la récolte, quand arrive l’eau salée, on commence l’élevage de crevettes", explique-t-elle avec enthousiasme.
"Chaque année, les habitants ne produisent que 150 tonnes de riz bio, 100 tonnes de crevettes et 10 tonnes de crabes. Des produits que les commerçants viennent acheter sur place et dont la qualité est reconnue par les experts agricoles. C’est notre fierté", souligne Nguyên Van Quoi.
L’agrotourisme a le vent en poupe
Chaque jour, l’îlot de Côn Chim accueille une centaine de visiteurs. |
Photo : SGGP/CVN |
Côn Chim a aussi été choisi pour développer l’agrotourisme. "Il y a cinq ans, après une visite de travail dans cette localité, certains responsables du district de Châu Thành ont exprimé leur intention d’en faire une zone d’agrotourisme en raison de ses paysages préservés et de sa production verte", se souvient
M. Quoi.
Tous les habitants se sont félicités de cette orientation. Les responsables du Comité populaire du district, en coopération avec le Service de la culture, des sports et du tourisme de Trà Vinh, ont invité des établissements spécialisés dans le tourisme à aider les habitants à embellir leurs maisons ou à élaborer des lieux d’accueil et de loisirs. En outre, des formations sur le tourisme comprenant des techniques d’accueil, de communication, de préparation de plats traditionnels locaux... ont été organisées avec la participation d’experts venus de Hô Chi Minh-Ville.
Chaque famille doit présenter un produit touristique différent. Celle de Nguyên Van Quoi propose le modèle "Ancienne cuisine du Sud" avec des spécialités comme le gingembre confit, le jus de noix de coco… Pham Thi Sua est chargée, quant à elle, de préparer une sorte de gâteau traditionnel aux feuilles de noix de coco, tandis que Pham Thi Giàu a décidé de faire des crêpes du Sud.
Une fois que chaque famille a choisi son produit, le 9 septembre 2019, la zone touristique agricole de Côn Chim a été officiellement mise en service. Depuis, l’îlot accueille une centaine de visiteurs tous les jours.
Nguyên Huu Thiên, expert indépendant sur l’écologie du delta du Mékong, fait remarquer que Côn Chim connaît une activité quotidienne et une production agricole normales, alors que de nombreuses localités du delta sont touchées par des conditions climatiques de plus en plus extrêmes. Une situation exemplaire selon lui : "Les habitants ont su adopter de nouvelles pratiques de production adaptées aux nouvelles contraintes".
Depuis près de six ans, Oxfam a choisi Côn Chim pour déployer ses programmes communautaires. Cette ONG et les villageois de Côn Chim ont convenu qu’il n’y aurait aucune exploitation forestière des deux côtés de la rivière Cô Chiên. Il est également interdit d’utiliser des filets aux mailles plus petites que la taille prescrite, de pêcher pendant la saison de reproduction, d’utiliser l’électricité, des produits chimiques ou des explosifs pour exploiter les ressources aquatiques…