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Rentrée des classes à Port-au-Prince, le 4 septembre. |
Dans une école primaire de Pétionville, les bancs d'une école primaire publique sont encore déserts. "Les parents n'ont pas les moyens pour payer. Ils viendront au fil du mois, en octobre ou aussi en janvier", confie Lionel Fevilien, un enseignant désœuvré.
La loi fixe le prix d'une année scolaire en établissement public à 1.000 gourdes (13,30 euros) mais le coût des souliers, de l'uniforme et autres fournitures rendent la facture trop élevée pour nombre de parents.
Dans le lycée voisin, ce sont les classes surchargées qui posent problème. Devant la grille d'entrée, le censeur rappelle à l'ordre deux filles portant des rubans bariolés dans les cheveux. "Pas de coiffure extravagante" est l'une des consignes inscrites à la craie sur le tableau d'entrée. Les adolescentes obtempèrent aussitôt. Elles savent que les places dans ce lycée sont précieuses.
"Beaucoup de parents sont aux abois car ils ne trouvent pas de places pour leurs enfants dans le public", explique le directeur du lycée, Jean-Marc Charles.
80 élèves par classe
À la levée du drapeau, une tradition quotidienne dans toutes les écoles haïtiennes, la cour de l'établissement est bondée : 4.000 enfants y sont scolarisés, répartis en deux vacations par jour.
Des écoliers le jour de la rentrée dans leur classe à Port-au-Prince, le 4 septembre. |
"En moyenne, nous avons entre 60 et 70 élèves par salle et pour les classes de rhéto et philo (deux dernières années du secondaire), ils sont environ 80", regrette M. Charles.
"Haïti aujourd'hui a un système éducatif à l'image d'un système éducatif des pays en état de guerre", dénonce Nesmy Manigat, ministre de l'éducation de 2014 à 2016.
"À cette rentrée scolaire, on aura encore 400.000 enfants qui ne pourront pas rentrer à l'école à cause des problèmes économiques ou parce qu'il n'y a pas assez de places disponibles", regrette celui qui préside aujourd'hui le comité éthique du Partenariat mondial pour l'éducation, qui rassemble 65 pays en développement et les organisations internationales pour l'éducation.
"80% de nos maîtres n'ont pas les acquis de base pour enseigner. On ne peut plus continuer à recruter ceux qui ne sont pas qualifiés", martèle Nesmy Manigat qui veut dépolitiser le secteur éducatif. "Les politiques ne devraient pas influencer la gestion des recrutements, des parcours professionnels des enseignants dans le secteur public", conclut-il avec regret.
Sur 100 élèves haïtiens de primaire, seuls trois parviendront au baccalauréat sans redoubler ou définitivement abandonner leurs études. En juillet, deux élèves haïtiens sur trois ont échoué à cet examen.
AFP/VNA/CVN