Une nouvelle stratégie d’attraction de l’IDE

Le ministère du Plan et de l’Investissement élabore actuellement les orientations de l’attraction de l’investissement direct étranger (IDE) jusqu’en 2020. Principaux axes : qualité, rentabilité et durabilité.

Depuis trois années déjà, l’investissement direct étranger (IDE) recule nettement au Vietnam en raison, d’une part, de la conjoncture économique mondiale et, d’autre part, de l’évolution des politiques en la matière.

 

La structure de l’IDE a déjà bien évolué, celui-ci allant davantage dans les secteurs de l’industrie et de la production.


En effet, le Vietnam n’a enregistré que 8,5 milliards de dollars lors de ces huit premiers mois, ce qui ne correspond qu’à 66% de celui reçu lors de la même période de 2011, sachant par ailleurs que les nouveaux projets ne représentent que 449 millions. Pour toute l’année, le ministère du Plan et de l’Investissement (MPI) estime qu’il atteindra 15 à 16 milliards de dollars.
Cela ne va pas sans désavantages, plusieurs grands projets d’IDE s’étant avérés décevants : absence de réalisation, retards, arrêts, entraînant finalement retrait de licences pour libérer le foncier inutilement immobilisé, ou substitution d’investisseur. Ces projets «virtuels» sont toutefois en sensible baisse aujourd’hui. En effet, les autorités centrales comme locales sont aujourd’hui plus attentives au choix des investisseurs. Elles n’accordent la licence qu’aux investisseurs sérieux, justifiant de capacités financières réelles et de compétences effectives afin de limiter de tels risques.
Le MPI accorde également une grande attention à la sélection de projets de faisabilité élevée, non seulement dans la même optique mais aussi pour s’assurer qu’ils contribuent effectivement au développement socioéconomique du pays sur le long terme. Il s’agit pour celui-ci de restructurer l’IDE afin qu’il soit plus durable.

On observe donc, depuis 2011, une nette évolution en matière d’attraction de l’IDE. Ainsi, cette année a vu 76,4% de l’IDE enregistré aller dans les secteurs de l’industrie et de la construction, contre 54,1% l’année précédente. Inversement, l’immobilier n’a reçu que 5,8% au lieu de 34,3% en 2010. De manière générale, la structure de l’IDE connaît effectivement un profond changement puisque 49% des projets vont dans le secteur de la production au sens large. 

Toutefois, le MPI ne penche plus sur l’attrait systématique de nouveaux projets, il privilégie désormais l’accélération de la réalisation de ceux en cours et donc du décaissement des capitaux. Sur ce dernier point, le décaissement des IDE engagés au Vietnam s’est élevé à 7,28 milliards de dollars entre janvier et août inclus de cette année. Et sur la base de son prévisionnel de 14 à 15 milliards d’IDE pour l’année entière, le MPI escompte un décaissement de 10 à 11 milliards, soit du même ordre que celui obtenu les deux années précédentes. Mais les perspectives du ministère, et plus largement du Vietnam, ne sont plus seulement à la garantie de l’effectivité des projets d’IDE.
Priorité au changement de modèle

La véritable nouvelle orientation est de veiller à ce que l’IDE concourt directement au développement durable du pays, et non plus seulement d’être durable en lui-même : le temps est en effet venu pour le Vietnam de changer de modèle de croissance.

Ce seront donc les projets des technologies propres, peu énergivores et faibles consommateurs de ressources naturelles, ainsi que ceux relevant de l’industrie auxiliaire dont le développement est impératif au Vietnam, qui seront désormais privilégiés.

La stratégie en matière d’attrait de l’IDE privilégie désormais le développement durable du pays. 

Le directeur du Département de l’investissement étranger (ministère vietnamien du Plan et de l’Investissement), Dô Nhât Hoàng, précise en confirmant ce point que les prochaines années verront une priorité à un IDE satisfaisant à «un triple critère» : recourir aux énergies propres et/ou renouvelables ainsi qu’à des technologies avancées respectant l’environnement, relever des secteurs de hautes technologies, être économe en énergie et/ou nécessiter un personnel hautement qualifié.
Ces projets seront par ailleurs regroupés en zone régionale dans le cadre d’un aménagement national, ce d’une part pour leur assurer une complémentarité et des possibilités de synergie, mais aussi pour rationaliser les coûts, notamment de transport, et donc de mieux rentabiliser l’IDE. 

Pour ce, le Vietnam doit réaliser un certain nombre de tâches. D’abord,  réformer la réglementation de l’IDE. Ensuite, définir de meilleures politiques privilégiées pour l’investisseur étranger sur la base de ces nouvelles orientations. Celles-ci doivent de toute façon être revues en raison de l’évolution de l’économie vietnamienne comme de la conjoncture économique à tous niveaux.

Sur ce point, le Docteur Nguyên Mai, ancien vice-président du Comité d’État sur la coopération et l’investissement, souligne que la nouvelle stratégie d’attrait de l’IDE doit privilégier la qualité, l’efficacité, le développement durable, une faible émission de carbone, un engagement de transfert technologique adéquat suivant le projet et le secteur dont il relève, outre la formation de personnel qualifié.

Thê Linh/CVN

 

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