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Mme Nguyêt entourée des Vietnamiennes qui ont travaillé dans l’assemblage électronique au Japon en 2007. |
Les travailleurs vietnamiens et japonais au syndicat Kantojoho ont un profond respect et une grande admiration pour Mme Nguyêt, qui n’est pas appelée "Maman" à cause de son âge, mais pour sa responsabilité et son engagement dans son rôle d’interprète et de formatrice.
Un dimanche, seul jour de congé de la semaine pour Mme Nguyêt, elle a passé toute la journée à accompagner quelques travailleurs contractuels vietnamiens pour se faire vacciner contre le COVID-19. Bien qu’elle n’en soit pas responsable, elle en fait toujours sa priorité.
Mme Nguyêt a pris l’habitude de s’occuper de travailleurs vietnamiens, ces 20 dernières années, dont la durée maximale de séjour de travail contractuel est de trois ans. Elle a vu nombre de ses compatriotes subir un choc culturel les premiers jours suivant leur arrivée au Japon.
"Je les considère comme mes enfants", a déclaré Mme Nguyêt. Elle les aime beaucoup et les traite très bien.
Elle est prête à utiliser son propre argent pour aider certains travailleurs défavorisés, sans jamais ignorer ou faire de compromis avec quiconque enfreint les règles des autorités locales ou de l’entreprise.
Mme Nguyêt et sa petite-fille. |
Au fil des ans, l’instructrice expérimentée a massé bien des histoires mémorables sur les jeunes travailleurs vietnamiens. Elle a été particulièrement marquée par l’histoire de Hanh, un jeune venu de la province de Vinh Long dans le delta du Mékong. Mme Nguyêt apprit par ses colocataires qu’il ne mangeait à chaque repas que des œufs. Elle trouva cela bien étrange et voulut en connaître la raison.
Après avoir parlé à Hanh, elle sut qu’il venait d’une famille extrêmement pauvre de Vinh Long, au Sud. Il voulait économiser le plus d’argent possible afin de pouvoir construire une maison pour ses parents lorsqu’il reviendrait dans sa ville natale quelques années plus tard. Les œufs sont moins chers au Japon qu’au Vietnam et ont un prix fixe depuis des années.
Mme Nguyêt se souvient bien du jour où Hanh vint lui dire au revoir avant de retourner au Vietnam après avoir terminé son contrat de travail. Il lui parla de son intention d’utiliser une partie de ses économies pour ouvrir une entreprise de location de matériel pour les mariages. "Maintenant, il est bien installé", a raconté Mme Nguyêt dans un éclat de rire.
Les années qu’elle a passées à travailler au Japon ont été encore plus significatives avec ces moments heureux.
Un lien particulier avec le Japon
Mme Nguyêt est une ancienne élève de la première classe de formation d’interprète japonais à l’Université du commerce extérieur de Hanoï (promotion 1972-1977) et a travaillé pour des entreprises japonaises depuis l’obtention de son diplôme.
Après avoir travaillé au Vietnam pendant plus d’une décennie, elle est allée au Japon lorsque sa fille a décidé d’y étudier.
Elle a accompagné sa fille au Japon avant tout pour ses besoins personnels, mais au fond elle voulait aussi faire quelque chose d’utile pour aider ses compatriotes.
Des travailleurs vietnamiens et leurs collègues japonais. |
Photo : VNA/CVN |
Mme Nguyêt a ensuite rejoint Kantojoho, qui est le leader parmi 3.535 syndicats au Japon en termes de nombre de travailleurs vietnamiens.
Le Kantojoho a plus de 30 ans d’expérience dans le recrutement et la gestion de travailleurs vietnamiens au Japon. Ce qui distingue ce syndicat des autres, c’est qu’il se concentre exclusivement sur le marché du travail vietnamien, en particulier les provinces et villes du Sud, d’où viennent 90 à 95% des employés qu’il recrute.
Il n’est pas facile de dire en détail quel genre de travail Nguyêt a fait pour le Kantojoho. Elle est impliquée dans presque tout ce qui concerne les travailleurs vietnamiens, même certaines activités qui parfois ne relèvent pas de son champ d’activité.
Dans les cas tragiques où le syndicat doit faire face au décès d’un travailleur suite à une maladie ou un accident, la "mère" Nguyêt est sollicitée pour gérer la situation avec les proches du défunt. Elle a pris cette responsabilité deux fois et a essayé d’aider les membres de la famille à surmonter la tragédie par sa gentillesse et sa compassion.
Mme Nguyêt vit dans une petite pièce de la préfecture de Tochigi en tant qu’employée permanente du syndicat Kantojoho depuis plus de 16 ans. Elle fait du vélo tous les jours pour rendre visite aux Vietnamiens qui travaillent dans le quartier. Elle a encadré plus de 1.000 jeunes Vietnamiens, et ce n’est pas fini.
Il y a environ 450.000 travailleurs vietnamiens contractuels dans tout le Japon, dont 1.600 à Kantojoho. Elle travaille en moyenne avec 400 d’entre eux chaque année.
"Je ne m’arrêterais pas tant que le syndicat aura encore besoin de moi", a déclaré la formatrice, affichant sa fierté d’apporter une petite contribution à l’encadrement des jeunes au Japon et au Vietnam.
Selon Lê Trân Hung, gestionnaire au Kantojoho, Mme Nguyêt a apporté une contribution importante à l’amitié Vietnam - Japon grâce à sa patience et surtout à son dévouement sans faille.