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Ngoc Anh a fait forte impression sur scène. |
Photo : CTV/CVN |
En parlant avec Nguyên Ngoc Anh pour la première fois, peu de personnes seraient capables de deviner son origine exacte tellement son accent taïwanais est proche de la perfection.
Il y a 12 ans, un spectacle de cirque à Chiayi l’a amenée à Taïwan (Chine) pour la première fois. Aujourd’hui, à 32 ans, elle est toujours aussi rayonnante sur scène, mais au lieu de se produire aux côtés des artistes de la Fédération vietnamienne de cirque, elle joue des personnages traditionnels du théâtre traditionnel taïwanais.
Itinéraire d’une artiste issue du milieu du cirque
Nguyên Ngoc Anh est originaire de Thanh Hoa (partie septentrionale du Centre du Vietnam). Son histoire a débuté alors qu’elle n’avait que 10 ans. Un jour, son père a vu une campagne de recrutement de la Fédération vietnamienne du cirque diffusée à la télévision. Il a immédiatement espérer que l’un de ses enfants allait tenter sa chance. Passionnée de danse, Ngoc Anh était la seule à satisfaire le désir de son père.
Après trois sélections d’un niveau général très relevé, Ngoc Anh a finalement été sélectionnée, devenant ainsi le plus jeune membre de la fédération du pays. Le cirque lui a permis de passer d’un petit village du Centre à la somptueuse capitale de Hanoï, avant de poursuivre son parcours à Taïwan, où elle a commencé une nouvelle vie, en abandonnant le cirque pour le théâtre traditionnel taïwanais.
Depuis le début de sa carrière, Ngoc Anh a joué plus de 100 personnages différents et pour elle, chacun d’entre eux a demandé beaucoup de travail. |
Photo : CTV/CVN |
En 2005, Ngoc Anh, alors âgée de 19 ans, est arrivée avec sa troupe de cirque à Chiayi, pour une tournée de plus d’un an, durant laquelle la troupe a enchaîné les succès. Les spectateurs s’empressaient d’assister à ses représentations. À l’époque, Ngoc Anh ne savait pas que son futur beau-père, Zhang Jinhu, l’a vu jouer et a tout fait pour organiser une rencontre avec son fils, Zhang Fangyuan.
Zhang Fangyuan, dont le père et le grand-père faisaient déjà du théâtre traditionnel taïwanais, servait à ce moment-là dans l’armée, mais il est revenu quand il a eu vent que son père organisait une rencontre avec sa future épouse. S’estimant encore trop jeune, Fangyuan se refusait à l’idée de se marier avant de croiser le regard de Ngoc Anh. Cette première rencontre lui a donné envie de la demander rapidement en mariage.
Après avoir déménagé à Taïwan pour s’installer avec son époux, Ngoc Anh s’est bien adaptée à sa nouvelle vie et le couple a accueilli peu de temps après leur première enfant, une petite fille. Mais la troupe de la famille de Zhang Fangyuan manquait d’interprètes, alors Ngoc Anh, malgré la barrière de la langue, a dû se préparer à se produire sur scène.
«À cette époque-là, je ne savais rien de cet art traditionnel. Je ne pouvais même pas lire le scénario», a confié Ngoc Anh au journal Taiwan Today.
Elle a redoublé d’efforts pour améliorer sa capacité à communiquer avec les locaux. Grâce à l’aide de son mari et de ses proches, elle a fini par considérer Taïwan comme sa deuxième patrie.
En 2011, Ngoc Anh a été choisie pour jouer le personnage principal de la pièce sur Nüwa (une figure mythologique), intitulée Nu Oa va troi (littéralement : Nüwa répare le ciel). Depuis, elle est très occupée par les représentations à travers le pays et l’élaboration des scénarios de ses pièces.
Des efforts récompensés
L’artiste Ngoc Anh est connue comme le «loup blanc» au sein de la communauté vietnamienne de Taïwan. |
Photo : CTV/CVN |
En plus de gérer la troupe familiale et de montrer sur scène, Ngoc Anh participe à de nombreuses émissions de télévision. Grâce à sa grande notoriété, elle a réussi à se faire un nom dans un secteur artistique particulièrement difficile. Pour cette artiste talentueuse, chaque occasion de mettre en lumière son travail est un défi personnel qui n’est jamais gagné d’avance. Depuis le début de sa carrière, elle a joué plus de 100 personnages différents et pour elle, chacun d’entre eux a demandé beaucoup de travail.
Que ce soit dans la peau d’une femme normale, d’une fée ou bien d’un monstre, elle donne à chaque fois tout pour parvenir à conquérir le public. Ses efforts sont récompensés à leur juste valeur. La presse taïwanaise l’a encensée avec plusieurs titres élogieux, comme «La Sun Tsui-feng vietnamienne» (Sun Tsui-feng est l’une des artistes la plus connue à Taïwan).
«Je sais que mon origine est quelque chose qui m’a permis d’attirer l’attention du public. Cependant, je veux être reconnue pour mon talent de représentation», a souligné Ngoc Anh. Malgré son succès dans sa vie professionnelle, Ngoc Anh a connu des difficultés personnelles lorsque sa deuxième fille, née en 2008, a souffert d’insuffisance rénale.
L’histoire touchante de Ngoc Anh a été adaptée au cinéma dans le film The Immortal’s Play. En plus d’avoir connu un grand succès, le film a même reçu un prix à Taïwan après son lancement en 2016. Grâce à ce film, le public taïwanais a pu davantage comprendre les efforts de Ngoc Anh pour en arriver là.
En outre, Ngoc Anh est souvent invité à participer à des conférences culturelles sur des sujets divers et variés. «Pendant des années, j’ai senti que les Taïwanais avaient des préjugés sur les immigrés, mais finalement le soutien que j’ai reçu sur scène m’a apporté la confiance nécessaire pour m’intégrer dans le pays», a-t-elle déclaré.