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Virginia Mary Lockett (2e à droite) a un excellent contact avec les patients. |
Photo : TT/CVN |
Pendant une journée d’été, une jeune femme a été transférée à l’Hôpital de médecine traditionnelle de Dà Nang, rue Trân Thu Dô. Cette patiente de 22 ans n’a pu plus bouger ses jambes suite à un accident de la route trois mois auparavant. Les médecins de l’hôpital ont déjà fait un examen complet de son état, malgré la détresse émotionnelle et le manque de coopération de la patiente.
Très vite, une femme étrangère, vêtue d’un manteau blanc, s’assit à côté de la jeune femme en larmes, et lui demanda en vietnamien : «Est-ce que ça fait mal ?».
Après un entretien chaleureux en présence d’un interprète, la patiente s’est finalement calmée et les équipes médicales ont pu appliquer un soin sur ses jambes douloureuses.
«C’est de la psychothérapie, a expliqué Hà Thi Nhung, technicienne à l’hôpital. Elle tente de comprendre le comportement et l’état d’esprit du patient avant d’étudier son état de santé. Elle aide les patients à nous faire plus confiance».
Depuis des années, Nhung et ses collègues de l’Hôpital de médecine traditionnelle de Dà Nang (Centre) sont habitués à la présence de la physiothérapeute américaine Virginia Mary Lockett.
Cette sexagénaire est très active quand il s’agit de prodiguer des soins aux patients ou de former la jeune génération de médecins dans le pays.
L’évènement déclencheur
Virginia Mary Lockett et son époux sont arrivés au Vietnam pour la première fois en 1995 pour adopter un enfant dans la ville de Nha Trang, province de Khanh Hoa (Centre). C’est par hasard que leur interprète de l’époque a appris que Lockett était médecin. Quand il l’a connue, il l’a invitée chez lui pour demander des conseils en vue d’aider son père paralysé à aller mieux.
Ce dernier s’était brisé le fémur dans un accident de la circulation, puis avait subi des complications ayant entraîné une paralysie de ses membres. Les médecins de l’époque n’avaient pas la formation appropriée pour pouvoir l’accompagner et améliorer son quotidien.
Virginia Mary Lockett (2e à droite) donne une formation aux techniciens à l’Hôpital de médecine traditionnelle de Dà Nang (Centre). |
Photo : TT/CVN |
«J’ai dit à l’interprète que son père n’aurait pas été dans une situation pareille s’il avait été traité aux États-Unis. Cette phrase les avait fait beaucoup pleurer», s’est souvenu Lockett.
Leurs sanglots ont hanté Lockett bien après son retour aux États-Unis. Cet épisode l’a incitée à retourner au Vietnam dix ans plus tard en tant que bénévole de Health Volunteers Overseas (HVO), un organisme à but non lucratif basé à Washington (États-Unis) ayant pour objectif d’améliorer la qualité des soins de santé dans les pays à ressources limitées.
L’installation définitive au Vietnam
En tant qu’experte en physiothérapie, Lockett a passé trois semaines à travailler avec des médecins dans un centre de réadaptation à Dà Nang, où elle a animé des séances de formation. Cependant, ce court programme de bénévolat était loin de satisfaire son envie de modifier en profondeur l’état des services de soin dans la ville.
De nouveau de retour aux États-Unis, Lockett n’a pas abandonné la cause pour autant. «Au Vietnam, le nombre de patients qui ont vraiment besoin de moi est plus élevé qu’aux États-Unis. Je me suis dit : pourquoi ne pas s’installer au Vietnam pour s’occuper des patients et partager mon expérience en médecine», a-t-elle expliqué. Sa décision a été totalement approuvée par son mari.
Des mots qui ont rapidement été suivis des actes puisque dès l’été 2006, Lockett et son mari ont vendu leur maison pour venir au Vietnam avec un visa en poche.
Avant de vendre leur maison, Lockett avait contacté l’ambassadeur du Vietnam à Washington D.C, pour lui demander si elle pouvait travailler à long terme en tant qu’experte médicale au Vietnam.
Quand elle a reçu la réponse de l’ambassadeur qui lui conseillait d’aller travailler pour une organisation non gouvernementale, elle a décidé de fonder la sienne. Steady Footsteps a été créée dans le but de fournir une assistance aux personnes handicapées au Vietnam. Elle compte trois membres fondateurs : le couple et son interprète vietnamien Nguyên Huu Huy.
«Ils ont un grand cœur, un style de vie frugal et une volonté inconditionnelle de faire de leur mieux pour aider les patients, a déclaré Huy. Ils éprouvent de la joie de voir des patients de mieux en mieux soignés».
Selon Nguyên Vân Anh, directrice de l’Hôpital de médecine traditionnelle de Dà Nang, Lockett a apporté un nouveau souffle à l’unité de physiothérapie de l’hôpital.
Le nombre de patients recherchant un traitement physio thérapeutique a augmenté, au point que des extensions ont dû être faites, a déclaré Vân Anh.
«Pendant de nombreuses années, Virginia n’a pas compté ses heures et n’a pas pris de jours de congé, alors qu’elle était bénévole. Nous avions également fait le choix de fournir un soutien financier en payant son interprète, mais elle a rejeté l’idée tout de suite», a-t-elle ajouté.
Pour Lockett, ce qu’elle accomplit au Vietnam depuis une dizaine d’années correspond à ce qu’elle avait toujours voulu faire depuis qu’elle est diplômée de médecine.