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La directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, donne une conférence de presse, le 16 février à Genève en Suisse. |
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Les négociations de cette 13e conférence ministérielle (CM13) de l'OMC s'annoncent laborieuses car les décisions sont prises par consensus.
"Je n'espère qu'aucun accord substantiel ne soit annoncé. Le timing, la volonté, l'atmosphère... mon impression est que les négociateurs sont sur des positions tactiques : comment réussir que ce soit l'autre qui ait l'air de bloquer les négociations", estime Marcelo Olarreaga, professeur à la Faculté d'économie et de management de l'Université de Genève.
Obtenir des résultats sera difficile en raison des "vents contraires", économiques et politiques, mais les négociations se tiendront jour et nuit, a averti la directrice générale de l'organisation, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala.
Empêcher les négociateurs de dormir est souvent la bonne méthode pour qu'ils fassent des propositions "réalistes", glisse un délégué chargé des questions commerciales.
La conférence - à laquelle participent des milliers de délégués - doit durer jusqu'au 29 février mais l'OMC joue souvent les prolongations. En 2022, la réunion avait vu naître la volonté de réformer l'OMC et des accords sur la pêche et les brevets des vaccins anti-COVID.
"Le miracle de 2022"
"Reproduire (ce) succès, miracle" de 2022 "sera un véritable défi", a affirmé le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, prévenant que "les négociations sur les points les plus importants, la pêche, l'agriculture et le moratoire sur le commerce électronique, devraient être serrées jusqu'à la dernière minute".
Vue générale de gratte-ciel à Abou Dhabi (Émirats arabes unis). |
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"Concernant la réforme du règlement des différends, les discussions menées à Genève montrent des progrès, mais il n'est pas réaliste de trouver à ce stade un terrain d'entente" sur la question de l'organe d'appel, a-t-il dit. Les pays espèrent toutefois qu'Abou Dhabi jette les bases pour réformer l'OMC.
La représentante américaine au Commerce (USTR), Katherine Tai, a récemment "exprimé l'engagement des États-Unis à réformer l'OMC et à créer un système commercial multilatéral plus durable qui profite à tous les membres".
Toutefois, prévient M. Olarreaga, "on ne peut pas s'attendre à des énormes concessions des États-Unis dans quoi que ce soit à l'OMC. L'administration Biden ne peut pas se permettre de faire des concessions énormes".
"Continuer de pédaler"
"Mais l'important pour un système multilatéral comme celui-là, c'est de continuer à pédaler et au moins avec l'administration Biden on a l'impression qu'on peut continuer à le faire", a-t-il dit.
Le président américain Joe Biden s'exprime à la Maison Blanche, le 23 février à Washington. |
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Si les négociations sur les sujets majeurs comme l'agriculture restent vives, des petites avancées sont attendues à Abou Dhabi, notamment sur l'aide aux pays les plus pauvres. Lundi 26 février deux nouveaux pays signeront solennellement leur acte d'adhésion à l’OMC : les Comores et le Timor-Oriental.
Plus de 120 pays, dont la Chine et l'Union européenne, mais pas les États-Unis, ont eu distribué une déclaration ministérielle, dans la nuit de dimanche 25 février à lundi 26 février, marquant la conclusion d'un accord visant à faciliter les investissements internationaux. Ils demandent désormais qu'il soit intégré à l'OMC mais certains diplomates craignent que l'Inde s'y oppose car le pays refuse par principe tout accord n'englobant pas l'ensemble des pays.
Ces négociations plurilatérales se multiplient pourtant - et l'OMC les encourage désormais - face à des accords multilatéraux difficiles à arracher.
Le contexte de tensions internationales et d'inquiétudes sur l'économie mondiale, menacée selon le FMI par le conflit Israël - Hamas et les attaques des rebelles houthis au large du Yémen, va peser sur les discussions.
"La situation actuelle qui se caractérise par des tensions géopolitiques, des attentes élevées des pays en développement suite à la crise financière et à la crise du COVID et les tensions économiques dues à l'inflation... tout cela se cumule pour faire peser un risque de fragmentation de l'économie mondiale", relève un diplomate européen.
Un risque de régionalisation de l'économie mondiale contre lequel Mme Ngozi Okonjo-Iweala met en garde depuis des mois, appelant les pays à s'unir autour de l'OMC, tout en la réformant et en l'ouvrant aux enjeux du XXIe siècle.
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