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Une chimpanzée dans le sanctuaire pour grands primates de Sorocaba, à 100 km de Sao Paulo, au Brésil, le 28 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En avril, Cecilia a été recueillie dans le Sanctuaire pour grands primates de Sorocaba, à 100 km de Sao Paulo.
Auparavant, elle vivait enfermée dans une cage du zoo de Mendoza, en Argentine, où elle a vu mourir ses deux compagnons, Charly et Xuxa.
Ses conditions de vie considérées comme "déplorables" ont été dénoncées par une ONG locale.
Elle a fini par entrer dans l'Histoire, grâce à une décision judiciaire inédite et pour le moins insolite : un habeas corpus, ordre de remise en liberté, le premier de ce genre pour un chimpanzé à avoir abouti au transfert vers un refuge.
Un exemple suivi en juillet par la justice colombienne, qui a ainsi libéré l'ours Chucho d'un zoo pour le transférer vers la réserve où il vivait avant d'être capturé.
Mais pour Cecilia, un long chemin reste à parcourir.
"Quand elle est arrivée, elle n'avait pas de problèmes physiques, mais elle était très déprimée", se souvient la vétérinaire Camilla Gentille.
"Elle passait tout son temps couchée, sans entrer en relation avec les autres", ajoute cette spécialiste capable de reconnaître les 52 chimpanzés recueillis dans le sanctuaire comme s'ils étaient des membres de sa famille.
Sourire édenté
Fondé en 2000 avec des financements privés, le refuge de 50 hectares niché au coeur d'une végétation luxuriante accueille au total 280 animaux.
En plus des singes, des lions et des ours sont aussi soignés par une équipe de 30 personnes.
"Ici, Cecilia apprend à connaître un monde différent. Elle peut marcher librement sur la terre ferme, sur l'herbe, et voit qu'il y a d'autres chimpanzés autour d'elle", explique le cubain Pedro Ynterian, directeur du sanctuaire.
"Elle cherche à s'intégrer, elle veut trouver quelqu'un pour ne plus vivre seule et elle va y arriver", assure ce microbiologiste de 77 ans. Cecilia a encore de longues années devant elle, un chimpanzé pouvant vivre jusqu'à 50 ans.
Reste à présent à lui trouver un compagnon. Après une tentative infructueuse de rapprochement avec le fougueux Billy, l'équipe du zoo espère que Marcelino sera l'élu de son coeur.
Ce jeune chimpanzé doit bientôt quitter l'espace occupé par sa famille en raison de relations tumultueuses avec son père.
"C'est très important de leur parler pour ne pas qu'ils se sentent seuls", explique Merivan Miranda, l'un des membres du personnel du sanctuaire, aux petits soins pour Dolores, une chimpanzée de 18 ans recueillie après avoir passé une bonne partie de sa vie dans un cirque.
Traumatisée, elle passe le plus clair de son temps à pousser de petits cris et à donner des coups violents dans le vide.
Un chimpanzé dans un refuge à Sorocaba, au Brésil, le 28 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pensionnaire du sanctuaire depuis 2003, Jango va lui déjà mieux. Il arbore son plus beau sourire édenté quand le directeur approche.
Pourtant, ce vieux chimpanzé était dans un triste état à son arrivée: il a été castré et ses dents ont été arrachés par les dresseurs d'un cirque brésilien.
''Un lieu unique''
"Ces animaux ont été maltraités dans des cirques, des zoos, ou victimes de trafiquants d'animaux", déplore le directeur.
"Ils ont besoin d'un endroit où ils puissent être soignés décemment. Ici, nous ne recevons pas de visites, ce n'est pas un zoo. C'est un lieu unique en Amérique Latine", souligne-t-il.
Au Brésil depuis plus de quarante ans, ce Cubain haut en couleur a raconté plusieurs fois à la presse locale avoir participé par le passé à une tentative d'attentat contre Fidel Castro.
Aujourd'hui, il se bat pour les animaux, un combat loin d'être gagné d'avance.
"J'ai déjà eu de gros problèmes. Des gens ont même tenté de me tuer il y a quelques années parce qu'il y a beaucoup d'argent à se faire avec les animaux", rappelle Pedro Ynterian.
Le syndicat des cirques itinérants du Brésil l'a attaqué en justice, l'accusant même de prendre part au trafic d'animaux. Une enquête a été ouverte mais le parquet de Sao Paulo a indiqué à l'AFP que l'affaire avait été classée en 2012.
AFP/VNA/CVN