Une carrière anglaise transformée en sanctuaire pour oiseaux menacés

C'est un refuge salutaire pour de nombreux oiseaux en danger. Près de Cambridge, dans l'Est de l'Angleterre, une carrière s'est muée au fil des ans en une immense réserve.

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Un héron gris survole le plan d'eau de la réserve naturelle de Willingham, dans l'Est de l'Angleterre, le 4 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

La vaste zone humide d'étangs et de roseaux, qui deviendra à terme la plus vaste du Royaume-Uni voire d'Europe, a tout pour plaire au butor.

Classé jusqu'en 2015 sur la liste rouge britannique des espèces les plus menacées, cet oiseau des marais au plumage tacheté, dont le cri résonne comme le mugissement d'un bovin, figure désormais sur la liste orange, qui regroupe des espèces fragiles, mais moins menacées.

"C'est vraiment la démonstration qu'en travaillant avec des partenaires, en prenant des actions décisives à grande échelle, on peut faire en sorte que des espèces quittent la liste rouge", explique Chris Hudson, responsable de la réserve Ouse Fen à Earith, à environ 120 km au Nord de Londres, gérée par la Société royale pour la protection des oiseaux (RSPB).

Si l'oiseau se fera timide et ne s'offrira pas au regard du visiteur en cette fraîche et pluvieuse matinée hivernale, 5% de la population de l'espèce dans tout le Royaume-Uni niche ici.

Et leur nombre total sur le site "dépasse la population totale" de l'espèce au milieu des années 1990, quand a été publiée pour la première fois la liste des espèces menacées dans le pays, poursuit Chris Hudson, bandeau sur la tête contre le froid et jumelles autour du cou, prêt à dégainer pour scruter ses protégés.

Déclin des insectes

La dernière édition du rapport, publiée le 1er décembre 2021, recense désormais 70 espèces classées en rouge, deux fois plus que lors de la première édition en 1996. Près de 30% des 245 espèces d'oiseaux rencontrées sur les îles britanniques se trouvent ainsi en danger.

Parmi les nouvelles espèces classées en rouge figurent l'hirondelle et le martinet, des oiseaux migrateurs qui viennent d'Afrique et se reproduisent en Europe.

Parmi les facteurs expliquant ce déclin, le professeur Richard Gregory, responsable de la surveillance à la RSPB, cite notamment le changement d'affectation des terres, qui modifie habitat et sources de nourriture.

La fragilisation des populations d'oiseaux "nous dit quelque chose à propos d'un déclin immense de la biomasse des insectes, qui représente une véritable inquiétude pour les défenseurs de l'environnement", souligne le Pr Gregory.

Néanmoins, "on sait aussi que quand on gère les habitats et que l'on protège les oiseaux, ils peuvent rebondir", explique-t-il, citant l'exemple de l'aigle à queue blanche, "un oiseau magnifique qui avait disparu des îles britanniques au début du siècle".

Grâce à un programme de protection et de réintroduction, le rapace a pu quitter en 2021 la liste rouge et 123 couples sont désormais recensés dans le pays.

Créer les bonnes conditions

Dans la réserve d'Ouse Fen ce matin-là, se laisseront apercevoir grande Aigrette blanche - un oiseau rare de la famille des hérons - ou encore busard des roseaux, un rapace jadis en danger mais dont la population a rebondi grâce à des programmes de protection. La roselière, ouverte depuis 2010 et qui accueille chaque année 20.000 visiteurs a été créée de toutes pièces.

À terme, une fois le projet et la reconversion entièrement achevés, 28 millions de tonnes de sable et de gravier auront été extraits en 30 ans. "Notre travail a consisté à recréer les bonnes conditions d'habitat" pour les oiseaux, explique Chris Hudson. "C'est à dire créer les conditions pour qu'ils puissent trouver de la nourriture, poissons, anguilles en particulier".

"Et une fois que les conditions sont là, les oiseaux sont de retour", "si vous construisez, ils reviennent", ajoute-t-il en parcourant le site.

L'homme façonne ce paysage en créant des étangs et en plantant des roseaux, "mais à beaucoup d'égards, la nature et la régénération naturelles font une bonne part du travail", poursuit Chris Hudson. C'est selon lui la clé : "Donner une chance à la nature et elle reviendra".


AFP/VNA/CVN

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