>>Le village d’enfants SOS de Thua Thiên-Huê voit le jour
Au mois d’août dernier, le village d’enfants SOS de Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre) a accueilli Nguyên Thi Thùy Duong, âgée de 7 mois et originaire du district Phu Vang, une trentaine de kilomètres de Huê.
Orpheline de son père, sa mère n’est pas en état de travailler. Thuy Duong avait été confiée à ses grands-parents maternels. La situation financière de ces derniers ne leur permettant plus d’assurer sa prise en charge, les autorités de Phu Vang avaient fait connaître sa situation au village d’enfants SOS de Huê, qui l’a accueillie dans la maison Phuong vi (Flamboyant), où réside la plus jeune «mère» du village, Nguyên Thi My Hoà, ainsi qu’une dizaine de ses frères et sœurs d’adoption.
La « mère » Nguyên Thi My Hoà et sa petite fille dans la maison Phuong vi. |
Nguyên Thi My Hoà est une experte, alors qu’elle est célibataire et n’a jamais mis au monde un enfant. Il suffit de la regarder s’occuper des petits placés sous sa tutelle. «My Hoà a acquis un savoir-faire remarquable dans les soins des enfants en bas âge ces dernières années. Et puis, nous voudrions que le bébé s’attache à sa mère d’adoption sur une longue période» explique Nguyên Kim Dung, la vice-directrice du village d’enfants SOS de Huê.
Dix-septième membre du réseau Villages SOS
Le village d’enfants SOS de Huê est le 17e membre du réseau des villages SOS du Vietnam. Il a été fondé sur la base du Centre d’accueil et de formation professionnelle de Thuy Xuân des enfants en situation difficile, qui a vu le jour en 2000 par l’Association «Aide à l’enfance du Vietnam» (AEVN) en France.
L'association française « Aide à l'enfance du Vietnam » (AEVN) est une association loi 1901 à but non lucratif. Fondée en 1970, l'AEVN, membre de la Fédération Internationale des Villages d'Enfants SOS a pour objectif : venir en aide aux enfants déshérités. Son siège : 92, avenue du Général Leclerc, 91190 Gif-Sur-Yvette.
Thuy Xuân a été construit grâce à l’aide de nombreux étudiants vietnamiens en France et des amis, parrains, marraines, donateurs et bénévoles français. «Mon objectif est d’aider les jeunes déshérités, de leur donner une bonne éducation et une formation professionnelle afin qu’ils deviennent de bons citoyens et des travailleurs de qualité», informe Lê Kim Ngoc, ancienne directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France et présidente de l’AEVN.
Maintenant, ce sont les villages d’enfants SOS internationaux qui se sont engagés à financer les infrastructures et la prise en charge des orphelins et, plus généralement, à assurer le fonctionnement du village SOS de Huê. En effet, l’AEVN s’est engagé à assurer le fonctionnement du village d’enfants SOS Huê jusqu’en 2020.
D’une superficie d’environ 17.000 m², ce village sis 37, rue Ngô Gia Cat, à 4 km du centre-ville de Huê, comporte cinq maisons familiales accueillant chacune une dizaine d’enfants autour d’une mère nourricière. Il abrite également une école de formation aux métiers de la boulangerie-pâtisserie, qui occupe deux grands bâtiments. Une dizaine d’apprentis y suivent des cours théoriques et pratiques dispensés par des formateurs français et vietnamiens. Les produits de leurs travaux sont en vente à la «Boulangerie française» au Centre de Huê.
Mme Lê Kim Ngoc (2e, droite) et des enfants du village SOS de Huê, lors de sa visite au village au mois d’août 2015 |
«Quatre autres maisons devraient être terminées d’ici août prochain, permettant d’accueillir un grand nombre d’enfants supplémentaire en situation difficile des environs», fait savoir Nguyên Kim Dung.
Les travaux de construction ont été financés par une donation de la Fondation Vallet faite à l’association les Rencontres du Vietnam au titre d’aide à la formation et l’éducation des jeunes.
Depuis sa fondation en 2000, l’établissement compte une quarantaine d’enfants sortis de l’Université, Instituts universitaires de technologie (IUT) et disposant d’un emploi stable. Parmi les plus belles réussites professionnelles : Hoàng Thi Anh Dào, Docteur ès sciences et professeur à l’Université des sciences de Huê ; Bùi Van Phô, en dernière année de thèse de doctorat à l’Université d’Osaka (Japon) ou encore Hoàng Lan Anh, diplômée de l’Université de droit et qui occupe un poste à responsabilités dans la société événementielle Yven, à Hô Chi Minh-Ville. « C’est pour nous tous un grand bonheur de voir ces grands réussir si bien », partage Lê Kim Ngoc.
Trouver des sources de financement
Le Centre Thuy Xuân est la 2e réalisation de l’AEVN, après le village SOS de Dà Lat, dans la province de Lâm Dông au Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre). Le coût de ces deux ouvrages s’élève à plusieurs millions de dollars.
Le professeur Trân Thanh Vân remet la bourse aux enfants du village SOS de Huê, qui ont des succès remarquables dans leurs études. |
Dans l’optique de lever des fonds, Mme Lê Kim Ngoc et son mari, Trân Thanh Vân, aussi directeur de recherche au CNRS (en tant que physicien), avec de nombreux étudiants vietnamiens, se sont rendus, pendant de nombreuses années, à l’approche de Noël, sur les places des marchés et les parvis des églises pour proposer des cartes de vœux, reproduction des œuvres des peintres vietnamiens de renom : Mai Thu, Lê Phô, Vu Cao Dàm, Lê Van Binh, etc. Plus d’un million de cartes avaient été écoulés. Ces cartes permettent encore maintenant de couvrir une partie importante de leurs dépenses de fonctionnement.
Lê Kim Ngoc et son mari forment un couple extraordinaire. Ils vivent à Paris, mais une partie de leur cœur est restée au Vietnam : « Nous ne sommes pas des hommes et des femmes d’affaires. Nous ne disposons d’aucune fortune. Notre association n’étant pas une organisation gouvernementale, nous devons chercher des fonds par nos propres moyens pour pouvoir venir en aide aux enfants déshérités au Vietnam. Nous y mettons tout notre cœur et notre sincérité ». Et de conclure : « L’argent et la gloire tout comme les nuages et la fumée, s’évanouissent d’une minute à l’autre alors que l’amour et l’humanité sont des valeurs éternelles… ».