Un Viêt kiêu d’Australie aux côtés des paysans

Après une vie professionnelle réussie en Australie, le Docteur en agronomie Nguyên Quôc Vong, un Viêt kiêu de 67 ans, est revenu dans son pays natal pour y partager son savoir. Son domaine : la production bio, encore au stade du balbutiement au Vietnam.

Vieille de mille ans, la capitale Hanoi fait peau neuve, avec l’apparition de quartiers modernes et de grandes artères. Depuis 2008 y sont déployés des projets VietGAP (voir l’encadré) qui se focalisent sur les produits bio tels que légumes, fruits, thé, porcs, vaches, volailles, abeilles…

Le Docteur en agronomie Nguyên Quôc Vong.

Chaque matin, du centre-ville, à califourchon sur sa moto, le docteur Nguyên Quôc Vong se rend sur ses divers lieux de travail en banlieue de Hanoi. Au district de Soc Son, un projet VietGAP concernant la culture de melons piriformes a été en mis en œuvre par les paysans, avec l’aide technique de cet agronome Viêt kiêu et de ses collègues locaux.

Animateur des projets VietGAP

Originaire de Huê, Nguyên Quôc Vong a défendu sa thèse de doctorat en 1977 au Japon, avant de travailler à l’Institut de l’agriculture de Tanashi, Université de Tokyo. Venu s’installer en 1980 en Australie, il travaille depuis au ministère de l’Agriculture de Nouvelle-Galles du Sud. Nombreuses sont ses trouvailles scientifiques introduites dans la production, notamment dans la culture de fruits et légumes frais pour l’exportation. Lancé en 1986 avec l’accord du gouvernement australien, ce projet a aidé à faire de l’Australie – autrefois importateur de fruits et légumes - un pays exportateur. Quelques chiffres : 55 millions de dollars australiens d’exportation de ces produits en 1995, puis 135 millions en 2003.

De nombreuses trouvailles scientifiques de Nguyên Quôc Vong ont été appliquées  dans la production, notamment dans la culture de fruits et légumes frais pour l’exportation.

Revenu au pays en 2007 sur invitation de l’Institut des sciences agricoles du Vietnam, l’agronome Viêt kiêu a créé le Centre des fruits et légumes d’excellence. Depuis 2008, il participe, en tant qu’enseignant, à deux programmes avancés, l’un en culture maraîchère et l’autre en administration et en affaires, patronnés par l’Université d’agronomie de Hanoi. Chaque année, il travaille 9 à 10 mois au Vietnam et le reste du temps à l’Université RMIT en Australie.

En particulier, le Docteur Vong est conseiller d’un projet spécial appelé VietGAP financé par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural du Vietnam (MADR). Objectif : étudier et établir des processus de production bio destinés à la culture de légumes, d’arbres fruitiers, de théier… et aussi à l’élevage (porc, volailles, vaches, abeilles…). La technique «VietGAP pour fruits et légumes frais» a été lancée en 2008. Au fil des temps, d’autres techniques bio VietGAP ont été mises en place avec comme résultat une production de plus en plus abondante de produits bio.

Changer les modes de production arriérés

De nombreux projets VietGAP ont été mis en route avec le soutien financier d’investisseurs étrangers, notamment d’Australie, du Canada, des États-Unis, du Japon… ou encore de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Par ailleurs, la Banque mondiale et la Banque d’Asie pour le développement ont fourni des crédits pour le déploiement de plusieurs projets VietGAP patronnés par le MADR.

Nguyên Quôc Vong (1er plan, centre) et ses confrères vietnamiens sur un champs de melon piriforme appliquant la technique VietGAP à Soc Son, en banlieue de Hanoi.

«Ces projets aideront à changer radicalement les anciens modes de production. Déjà, ils contribuent à assurer les critères hygiéniques des produits agricoles, à protéger la santé des consommateurs et à assainir l’environnement», insiste le Docteur agronome Vong.

L’agronome Viêt kiêu s’est aperçu très vite que la sécurité alimentaire était une notion relativement abstraite au Vietnam, en tout cas guère rentrée dans les mœurs, la faute aux agriculteurs eux-mêmes mais aussi aux services compétents. En Australie, la sécurité alimentaire concernant fruits et légumes est surveillée étroitement par l’organisation FRESHCARE Inc. «Tout établissement négligeant les critères de FRESHCARE se verra infliger une lourde pénalité», affirme-t-il.

Vong regrette l’avortement d’un projet de production de semences de fruits et légumes frais à exporter vers le Japon et l’Australie, déployé il y a quelques temps en banlieue de Hanoi. «Inconscients de la sécurité alimentaire, les paysans ont négligé les réglementations imposées par leurs partenaires étrangers. Résultat : ces produits ont perdu leurs débouchés étrangers», explique l’agronome. Quoi qu’il en soit, l’agriculture vietnamienne pourrait «connaître un bel avenir si les agriculteurs, travailleurs et intelligents de nature, étaient déterminés à remettre en question leurs modes de production arriérés», assure le Docteur.

Questionné sur sa motivation à revenir au Vietnam où les conditions de travail et de vie s’avèrent «beaucoup moins favorables qu’en Australie», selon ses dires, le Docteur Viêt kiêu a esquissé un sourire : «La vie matérielle n’est pas tout. La terre natale est quelque chose de sacrée. J’aime mon pays, et je veux tout simplement lui apporter quelque chose de bon».


Bonnes pratiques agricoles


Les GAP ou Good Agriculturals Practices (bonnes pratiques agricoles - BPA) constituent un ensemble de règles à respecter dans l’implantation et la conduite des cultures de façon à optimiser la production agricole tout en réduisant le plus possible les risques liés à ces pratiques, tant vis-à-vis de l’homme que vis-à-vis de l’environnement.

                                                                                                                           Nghia Dàn/CVN

 

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