Un «tueur» pour protéger les rhinocéros du Parc national Kruger en Afrique du Sud

Quand il aboie et gronde dans sa cage, Killer (Tueur) est tout sauf rassurant. Ce berger malinois est pourtant le meilleur allié des rangers sud-africains en patrouille dans le parc Kruger pour protéger les rhinocéros contre les braconniers.

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Depuis 2007, la plus célèbre réserve sud-africaine, qui accueille plus d’un million de visiteurs par an, a perdu des centaines de rhinocéros, abattus et décornés pour le compte de gangs qui alimentent le marché noir de la poudre de corne en Asie.

Malgré son nom évocateur et un très fort sens de l’attaque propre à sa race, Killer est surtout apprécié, non pas pour sa férocité envers les braconniers, mais pour son flair et son calme lorsqu’il part en mission.

Une exposition artistique sur le rhinocéros en Afrique du Sud.
Photo : Xinhua/VNA/CVN

«Il mord, mais on ne l’utilise pas beaucoup pour mordre», explique Johan de Beer, un des maîtres-chiens de la brigade canine du Kruger.

Elle compte une trentaine de chiens, bientôt 40, qui sont entraînés quotidiennement et vivent dans plusieurs chenils appartenant tous au parc.

«C’est en réalité un chien très placide. Il aime monter en hélicoptère, ou tous les trucs comme ça, et a un tempérament plutôt intrépide», ajoute-t-il. «Il a beaucoup de succès à son actif, il est redoutable quand il s’agit de pister l’odeur humaine».

En six mois, Killer a permis l’arrestation de 15 braconniers. Typiquement, dès qu’une carcasse de rhinocéros est découverte gisant dans la nature, le parc l’appelle.

Pour couvrir les immenses distances à l’intérieur du parc, grand comme les deux tiers de la Belgique, un hélicoptère vient chercher Killer et son maître Amos Mzimba, puis il est lâché dans la végétation aux trousses des braconniers.

Les chiens du Kruger peuvent parcourir jusqu’à huit kilomètres d’affilée. Pour éviter de se faire capturer, certains braconniers ont essayé de semer des piments derrière eux. «Mais ça ne marche pas, les chiens les trouvent quand même», observe M. de Beer.

Après la mission, la récompense : Killer a le droit de jouer à la balle avec son maître Amos.

Seize mois de dressage

Un membre de l’Unité anti-braconnage K9 du Parc national Kruger patrouille avec son chien dans la brousse.

Pour ceux qui l’ont connu bébé, avec son pelage brun roux et noir, sa célébrité n’est pas vraiment une surprise. Intelligent, concentré, endurant et sans inhibition face au danger, le berger malinois ou berger belge a des qualités reconnues par les sauveteurs, militaires ou policiers du monde entier. Cousin du berger allemand, il supporte mieux la chaleur.

En 2011, un berger malinois faisait partie du commando américain qui a tué Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al-Qaïda et cerveau des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Killer s’est très vite distingué en tant que chiot «très actif, très mobile», dit son éleveur Henry Holtsthyzen, de l’académie de lutte contre le braconnage K9, située près de Johannesburg.

«Toute la portée était phénoménale, ils avaient un fort potentiel, une agressivité et un talent innés pour la traque», dit cet ancien policier de 43 ans. «Ce sont mes bébés, surtout Killer et ses frères et sœurs, je les ai élevés moi-même».

Le dressage de Killer a débuté à l’âge de deux mois et a duré 16 mois. Une piste était tracée dans la nature et s’il retrouvait la personne au bout, à lui la balle et les jeux. Mais jamais de nourriture car selon Henry, cela donne une mauvaise motivation au chien.

L’an dernier, le braconnage a battu un nouveau record avec 1.215 rhinocéros tués, dont plus de la moitié dans le parc Kruger.

Les autorités ont tout essayé : l’armée, les drones, le transfert de centaines de spécimens, héliportés en lieu sûr hors du parc, la remise en service de la clôture séparant la partie sud-africaine du parc de celle située au Mozambique.

Pour l’instant, la brigade canine est l’une des rares bonnes nouvelles sur ce front, tandis que l’Afrique du Sud envisage les solutions les plus iconoclastes - voire controversées, comme la légalisation de la corne d’animaux d’élevage.

Elle pourrait ainsi demander l’an prochain aux autorités mondiales de la protection de la faune et de la flore (CITES, Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) la levée du moratoire sur le commerce de corne, pour couper l’herbe sous le pied du crime organisé.

AFP/VNA/CVN

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