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Le président du Conseil européen en visioconférence depuis Bruxelles le 22 juin pour le sommet UE - Chine. |
"Nous attendons un signal au plus haut niveau d'une volonté de la Chine d'augmenter ses ambitions, notamment pour la protection des investissements. Sinon, nous sommes déterminés à jouer une autre carte, celle de la défense de nos intérêts", a averti lundi 22 juin un haut responsable européen. Washington a mis en garde les Européens avant le Sommet : "le Parti communiste chinois veut vous obliger à choisir" entre les États-Unis et la Chine, a affirmé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
Le Sommet a commencé à 10h00 (08h00 GMT) entre les représentants de l'UE, Charles Michel, le président du Conseil et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission et le Premier ministre Li Keqiang. Une seconde réunion est prévue à 14h30 (12h30 GMT) avec le président Xi Jinping. Mais aucune déclaration commune n'est prévue et les Chinois "n'ont pas proposé de faire une conférence de presse commune", a précisé un autre responsable européen.
"La Chine attache une grande importance à cette rencontre et est disposée à collaborer avec l'UE pour obtenir des résultats positifs", a assuré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian. "L'ambition a été affichée l'année dernière de conclure un accord sur la protection des investissements, mais nous n'avons pas fait les progrès nécessaires", a répondu un haut responsable européen.
"Nous entrons dans le vif du sujet, mais beaucoup de chemin reste à faire. Il faudrait un tournant de la part de la Chine et c'est ce que nous attendons de ce Sommet", a-t-il expliqué. Chacun a exprimé ses attentes et ses préoccupations au cours de réunions préparatoires. La méfiance domine et transparait sous forme de mises en garde voilées.
Pas un champ de bataille
Les Européens s'inquiètent de l'emprise grandissante de Pékin sur Hong Kong avec la mise en cause de l'autonomie du territoire et les atteintes aux libertés fondamentales. L'UE a exigé vendredi la libération de plusieurs défenseurs des droits de l'homme et dénoncé les campagnes de désinformation orchestrées par la Chine sur la pandémie de COVID-19.
Les Européens sont par ailleurs déçus par le peu de progrès constatés dans la mise en œuvre par Pékin de ses engagements pour le climat avec notamment la construction de nouvelles centrales au charbon. La Chine représente un quart des émissions mondiales de gaz a effet de serre. "Si la Chine ne fait rien, c'est une excuse pour les pays qui refusent de s'engager", a déploré un responsable européen. Les États-Unis sont sortis de l'accord de Paris sur le climat.
Les Chinois sont pour leur part préoccupés par la nouvelle législation européenne sur les investissements étrangers et la prise de distance de l'UE à leur égard. Engagés dans un conflit commercial et politique avec Washington, Pékin cherche des soutiens. Mais les Européens refusent de se laisser prendre dans le jeu des tensions entre les deux puissances. "L'Europe ne sera pas le champ de bataille des États-Unis et de la Chine", a affirmé dimanche 21 juin le commissaire européen à l'Industrie Thierry Breton.
Les échanges de biens entre la Chine et l'UE représentaient 1,5 milliard d'euros par jour en 2019, selon les données de la Commission. "La relation avec la Chine est complexe et elle le restera", a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Elle doit être "fondée sur la confiance, la transparence et la réciprocité". Pékin a répondu par un avertissement implicite.
"La Chine espère que l'UE mettra en place un environnement équitable, impartial et non discriminatoire" pour les investissements, a déclaré son ambassadeur auprès de l'UE Zang Ming. "Le capital est très sensible et lâche. En cas de changement de vent, le capital votera avec ses pieds", a-t-il averti. "Nous avons besoin de poursuivre les négociations. Nous avons besoin d'un bon accord et nous n'en sommes pas là. Nous prendrons le temps nécessaire", a expliqué la Commission européenne.
AFP/VNA/CVN