Un samaritain veut sauver l’arbre à encens qui donna son nom à Hong Kong

Sacrifié au béton, victime de l’abattage illégal, l’arbre à encens de Hong Kong est menacé de disparition. Un homme, héritier de la seule plantation subsistante, a décidé de sauver cette espèce endémique qui donna son nom au «port aux parfums».

Chan Koon-wing est revenu d’Irlande du Nord il y a quatre ans pour ressusciter la plantation de son grand-père à Shing Ping, un village du territoire de Hong Kong adossé à la frontière avec la Chine continentale. «Si je ne relance pas la culture de l’arbre à encens, je crains que nous perdions l’espèce à jamais, à cause de l’abattage sauvage», explique M. Chan à l’orée de son immense verger aromatique.

Le sylviculteur Chan Koon-wing.


L’arbre à encens cultivé en Chine méridionale fournissait autrefois la matière première des petits bâtons à brûler exportés de Hong Kong vers les confins de l’Asie, jusqu’en Arabie, et qui faisaient sa renommée. L’encens hongkongais a prospéré des siècles durant, sous la dynastie des Song vers le premier millénaire de notre ère, puis des Mong (1368-1644).
Mais l’urbanisation et le développement vertigineux de l’industrie à Hong Kong et dans le delta de la rivière des Perles au XXe siècle ont recouvert les plantations et condamné le commerce.
Plus cher que l’or
L’exploitation de Chan est la seule qui reste à ce jour. Elle produit une espèce endémique, l’Aquilaria sinensis, qui sécrète une résine aromatique lorsque son bois est agressé, brûlé ou infecté par des insectes ou des champignons. Connu comme le «bois d’agar» ou «bois d’aloès» (ou encore «calambac»), ce suc noir sert à la confection d’huiles, de poudre ou d’encens.

La résine de bonne qualité se négocie jusqu’à 10.000 dollars hongkongais le gramme (1.000 euros).


De très anciens écrits témoignent en Asie de ses usages religieux et culturels, y compris dans la littérature en sanscrit de l’hindouisme. En Chine, la médecine traditionnelle prête à ce qu’elle désigne sous le nom de «chen xiang» des vertus thérapeutiques dans le traitement de l’asthme ou de certains cancers. «On dit parfois que l’arbre à encens est plus cher que l’or à cause des propriétés médicinales» de sa sève, affirme un responsable de l’association écologique Conservancy Association, Peter Li.
La résine de bonne qualité se négocie jusqu’à 10.000 dollars hongkongais le gramme (1.000 euros), une cote extravagante qui encourage les vocations de nombreux coupeurs illégaux dont les prélèvements menacent la survie de l’Aquilaria.
L’arbre de Hong Kong figure désormais, avec le grand requin blanc et les ours noirs américains, au nombre des espèces recensées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). L’organisme hongkongais de l’Agriculture et de la conservation a identifié des arbres à encens sur 86 des 118 sites étudiés à Hong Kong depuis 2003, mais aucune statistique n’est disponible sur le rythme auquel l’espèce décline. Certains arbres vivants portent les stigmates des incisions infligées par les bûcherons clandestins.
«On voit une augmentation du nombre de cas de dégâts commis sur des arbres à encens matures» par des braconniers, a confirmé dans un message l’organisme de l’Agriculture. Seul à combattre, Chan Koon-wing espère être rejoint dans ses efforts par d’autres sylviculteurs. «J’espère que de plus en plus de gens se mettront à planter des arbres à encens pour que Hong Kong recouvre sa réputation de port aux parfums», dit-il.

AFP/VNA/CVN

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