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Organisée conjointement par l’Institut français de Hanoi (L’Espace) et la Maison d’édition Nha Nam, cette table ronde avait pour but de présenter au public le recueil La douane, la gabelle, l’alcool qui va bientôt être publié par Nha Nam. Il rassemble des articles écrits par quatre célèbres auteurs français : Louis Roubaud, Roland Dorgeles, Léon Werth et Michel Duc Chaigneau, traduits en vietnamien par Lê Trong Sâm.
La table ronde intitulée «Le Vietnam du début du XXe siècle à travers le regard d’écrivains français», le 26 avril à l'Espace. |
La colonisation française a dominé le Vietnam à partir de 1883. Beaucoup d’insurrections ont tenté de secouer le joug colonial, avec plus ou moins de succès. C’est la Révolution d’août 1945, sous la direction du Parti communiste vietnamien, qui a mis fin à la domination française, ouvrant une ère d’indépendance et de liberté.
«Au début du XXe siècle, beaucoup de journalistes et d’écrivains français sont venus au Vietnam, ont visité le pays, rencontré les gens, témoigné d’événements et reflété la vérité sur place», a rappelé Emmanuel Labrande, directeur de l’Espace, en ouvrant cette table ronde. Et d’ajouter que ces français ont décrit la vie, les mœurs, les paysages du Vietnam de cette époque. Ils ont également reflété les mouvements, les insurrections des différentes couches sociales, notamment des personnalités progressives, en dénonçant les crimes de la colonisation française.
«Nous n’avons pas suffisamment fait attention à regrouper les œuvres des étrangers sur le Vietnam, qui sont pourtant nombreuses», a estimé le chercheur littéraire Lai Nguyên Ân. «Je souhaite que ces œuvres soient l’objet d’études de la part des historiens et des sociologues, a-t-il poursuivi. Les jeunes Vietnamiens doivent également s’y intéresser».
«Un grand nombre d’écrivains, de chercheurs, de journalistes français sont venus au Vietnam à la fin du XIXe siècle et au début de XXe siècle dans le but de découvrir et comprendre ce pays», a souligné le critique littéraire Mai Anh Tuân. Selon lui, leurs articles sont des témoignages précieux. «Ils ont contribué à présenter l’image du Vietnam à cette époque, aux Français mais également à d’autres pays dans le monde», a-t-il insisté.
Pour conclure, citons un extrait dans Saigon de Léon Werth (1878-1955), dans l’ouvrage La Cochinchine. Arrivé au Vietnam en 1925, Léon Werth a rencontré un univers étranger. Il s'immerge dans les paysages, les senteurs, les goûts nouveaux. Et il a découvert l’âme des Vietnamiens. Voici cet extrait : «J'ajoute que je suis parmi les Européens pour qui les Annamites aussi ont une âme. Et les conversations du bord m'ont prouvé déjà qu'ils sont une exception. Mais moi, qui ne connais pas du tout l'âme annamite, je m'étonne déjà de ce que cette âme annamite soit si simple, si facile à atteindre, qu'on la puisse aussi aisément faire coïncider avec de rondes formules».
Texte et photo : Vân Anh/CVN