>>Les costumes traditionnels retrouvent une seconde jeunesse
Công Tôn Nu Tri Huê et ses coussins |
Photo : Journeys in Hue Tour/CVN |
Des changements et des nouveautés créées par la modernisation ont remplacé les valeurs traditionnelles. Néanmoins, certaines générations continuent à contribuer discrètement à la protection de l’identité royale, culture typique traditionnelle du pays des "Enfants du Dragon et de l’Immortelle". Cet article aborde l’histoire de Công Tôn Nu Tri Huê, 101 ans, qui travaille toujours pour sauvegarder la confection des coussins d’accoudoir qui servaient jadis aux membres de la cour impériale.
Née à la fin de la dynastie des Nguyên, cette dame est l’arrière-petite-fille de l’empereur Minh Mang. En 1955, elle a eu la chance de rencontrer la fameuse impératrice douairière Tu Cung (mère du dernier empereur Bao Dai). Un jour, cette dernière l’a amenée au Temple de la Littérature (un lieu spirituel dans la Citadelle de Huê) et lui a exprimé son désir de réparer quelques coussins d’accoudoir endommagés sur l’autel. C’est exactement à partir de ce moment qu’elle a commencé à s’intéresser à ce coussin royal. La vieille dame a noué un grand amour pour ce travail et son talent professionnel n’a cessé de croître.
Le coussin d’accoudoir est connu comme un objet chargé d’histoire souvent utilisé dans la culture asiatique, en particulier par les anciens Vietnamiens. Ce trésor comprenant de deux à cinq pièces pliables placées sur les canapés bas sans dossier ni accoudoir ou les planchers. Il est considéré comme un objet indissociable de l’aristocratie féodale dont l’image est également liée aux activités royales ou religieuses à travers son usage pour s’agenouiller ou pour reposer les coudes et les bras. Malheureusement, à cause de la rupture culturelle, ce produit traditionnel a disparu dans la société moderne.
Préserver les anciennes valeurs culturelles
La fabrication d’un coussin d’accoudoir demande beaucoup de minutie |
Photo : Journeys in Hue Tour/CVN |
Les motifs de dragons et de phénix sont très difficiles à créer. Les fils de broderie nécessitent de la minutie afin d’assurer l’exactitude et l’esthétique. Particulièrement, cet objet est complètement fait à la main. C’est la raison pour laquelle les brodeurs devaient être attentifs à chaque détail pour que l’objet soit adapté au corps des empereurs, des impératrices ou des mandarins. Parallèlement, ils devaient garantir l’harmonie et l’application exacte des couleurs aux différentes classes de la cour. Par conséquent, la réalisation d’un coussin prenait beaucoup de temps. On estime qu’un artisan qualifié mettait généralement au moins cinq jours afin d’en terminer un.
La production a atteint son apogée à l’époque de la féodalité, mais elle a été brusquement suspendue à cause de l’effondrement des dynasties. Puis, ce coussin est devenu au fur et à mesure étranger dans la mémoire des Huéens. Les vagues successives de coronavirus ont eu pour effet de pénaliser vigoureusement l’économie nationale et de provoquer des perturbations sociales considérables. De ce fait, le désir intense de cette dame sur la restauration du coussin d’accoudoir conforme à l’original et la transmission de ce métier minutieux ont encore été interrompus.
Ces trois dernières années, grâce aux médias et à la volonté de préserver des anciennes valeurs culturelles et patrimoniales, cet objet royal est redevenu populaire avec beaucoup de commandes. En plus de transmettre ce métier traditionnel à sa belle-fille, sa famille est également déterminée à le sauvegarder en collaborant avec des organisations culturelles et des agences de voyage, notamment Journeys in Hue Tour, spécialisée dans la promotion du tourisme à Huê.
La vieille dame désire ardemment transmettre sa passion et son savoir-faire. De plus, elle n’hésite pas à partager avec des touristes ses connaissances sur la fabrication de ce produit royal.
Malgré son âge et l’impact négatif de la crise sanitaire, Công Tôn Nu Tri Huê fait preuve d’optimisme et ne cède pas au découragement. Nous rendons hommage à cette dame et à ses efforts pour préserver le coussin d’accoudoir impérial.