Un professeur de physique se consacre à l’eau potable

La salinisation et la sécheresse frappent le Vietnam comme jamais. Le delta du Mékong est particulièrement affecté. Truong Huu Dung, professeur de physique, met au point depuis deux ans un appareil de dessalement de l’eau saumâtre, qu’il compte produire à grande échelle.

>>Aide financière en faveur des victimes de la sécheresse et de la salinisation

>>Sécheresse et solutions pour les provinces côtières du Centre

La sécheresse et la salinisation affectent la production agricole et l'élevage de bétail de volailles.

Le duo terrible sécheresse/salinisation ne cesse de faire parler de lui. Ces derniers mois, il est partout : au quotidien bien sûr, mais aussi dans les bulletins d’information, les colloques, les séances de discussions des autorités avec les habitants... Il faut dire que ce phénomène, aggravé par un El Nino d’une intensité exceptionnelle, a de lourdes conséquences sur les provinces du delta du Mékong, que ce soit sur les cultures ou l’eau potable, qui vient cruellement à manquer.

À la recherche d’eau potable

Le district de Thanh Phu, province de Bên Tre, souffre de ce double phénomène environ six mois de l’année, à un degré plus ou moins élevé. C’est lors d’un retour sur sa terre natale, il y a trois ans, que Truong Huu Dung, professeur de physique au lycée Nguyên Dinh Chiêu, et son élève Nguyên Thành Dat constatent la vie précaire et la grave pénurie d’eau douce dont souffrent les locaux. «Dat m’a alors demandé si l’on pouvait transformer l’eau salée en eau douce. Avec mes connaissances en physique, je me suis dit : chiche !», confie le professeur.

L’idée fait rapidement son chemin, puisque le projet est lancé en 2014. En fait, ne pouvant rester les bras croisés devant la détérioration de la situation, Truong Huu Dung s’est décidé, en 2014, à créer une machine capable de transformer l’eau salée en eau douce. Chaque jour, il arrive aux premières lueurs de l’aube au laboratoire de physique de son école pour peaufiner la troisième version de son installation expérimentale autonome, fonctionnant à l’énergie solaire.

À la baguette : le Pr. Huu Dung, assisté de ses deux élèves Thành Dat et Kiên Uyên. Le premier modèle de cet appareil comprend un réceptacle contenant de l’eau saumâtre, une parabole équipée de panneaux photovoltaïques et un système de distillation. Si ce premier jet est fonctionnel, son principal défaut est de produire un volume d’eau anecdotique. Hélas, l’avancée du projet connaît un sérieux coup d’arrêt. Les deux jeunes lycéens partent à Hô Chi Minh-Ville pour suivre leurs études universitaires et, plus grave, les finances sont à sec.

Lors de la saison sèche 2014-2015, la baisse de la pluviosité a pour effet de provoquer une insuffisance chronique en eau douce pour des milliers d’habitants de Bên Tre. Le lycée Nguyên Dinh Chiêu n’est pas épargné, à tel point que la direction de l’établissement hésite à investir dans un coûteux filtre à eau (60 millions de dôngs). La situation incite Huu Dung - assisté de quelques élèves - à relancer le projet pour achever la deuxième version de la machine.

Truong Huu Dung (droite) et un de ses élèves en train de perfectionner leur dessalinisateur. Objectif : produire cette installation en série.

Et bien lui en prend, ce deuxième modèle pouvant produire environ 4 litres d’eau potable par jour. Mais insuffisant pour le professeur. Pour lancer une production en série et rentabiliser l’achat d’une telle machine, celle-ci doit être en mesure de produire davantage. Le cahier des charges est le suivant : l’installation doit pouvoir être vendu 2 millions de dôngs et être capable de produire 6 litres d’eau douce par jour.

«L’eau salée est placée dans un ballon en plastique isotherme. Elle est chauffée, puis distillée en eau déminéralisée», informe le professeur. Si l’opération semble simple de prime abord, sa mise au point a nécessité beaucoup de temps. D’autant que de nombreux incidents, outre les problèmes de financement, ont émaillé le processus de recherche et d’expérimentation.

Des efforts continus et inlassables

En dehors des cours, le groupe passe la majeure partie de son temps au laboratoire de l’école. «Les week-ends, nous sommes très occupés. Pour que la machine fonctionne efficacement, nous devons surveiller constamment la température de l’eau dans le ballon», confie Nguyên Tân Loi, élève de 11e classe.

Ce jeune habite le district de Châu Thành, dans la province de Long An, une région ravagée par la salinisation. Ce phénomène, chronique, engendre une pénurie en eau douce de plus en plus préoccupante. D’où sa motivation à parvenir à l’objectif de son «mentor» de produire cet appareil en série, de sorte que le plus grand nombre puisse y avoir accès à moyen terme.

Le lycée Nguyên Dinh Chiêu n’en est pas à son premier coup d’essai. En attestent les nombreux prix scientifiques qu’a reçus l’établissement au niveau provincial. «Ce projet permettra aux locaux d’assurer leur approvisionnement en eau potable durant la saison sèche. Notre école améliorera et équipera notre laboratoire de physique pour favoriser les travaux de Huu Dung et ses collaborateurs», promet Dang Buu Truyên, son proviseur.

Ngoc Yên/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top