 |
| L’orphelinat de Dà Nang, un second foyer pour des centaines d’enfants en difficulté. |
| Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN |
Vu Nhu Tiên et sa petite sœur Vu Thi Thuong (étudiante à l’Université de pédagogie de Dà Nang) font aujourd’hui la fierté de la mère Bay, surnom donné à Nguyên Thi Bay, responsable de l’orphelinat de Dà Nang. C’est en 1995, après le décès de leurs parents, que les deux jeunes enfants originaires du district de Diên Bàn (province de Quang Nam, Centre) rejoignent l’orphelinat. Très vite, Tiên se distingue par d’excellents résultats scolaires, ce qui lui vaudra maints éloges de Mme Bay.
En 2008, après avoir passé son baccalauréat, il est admis au Luther College, aux États-Unis, où il validera bientôt un master en biotechnologies.
Un orphelin extraordinaire
En 2012, alors qu’elle était en voyage de recherche d’élèves vietnamiens orphelins, Mme Amy Webber, représentante du Luther College, a décidé de se rendre à l’orphelinat de Vu Nhu Tiên. «Pour en savoir un peu plus sur son histoire, dit-elle, j’ai visité son district natal où j’ai rencontré Mme Bay, sa 2e mère, dont il me parle régulièrement. J’ai alors compris d’où il puisait sa force extraordinaire. Sur les 70 étudiants étrangers dont 14 orphelins boursiers du Luther College, il fait toujours partie des meilleurs», poursuit-elle. Émerveillée par son intelligence, elle est décidée à suivre pas à pas son parcours.
Le jeune Vietnamien, qui a déjà décroché un diplôme en technologies de l’information, travaille pour une banque dans l’Iowa, pour un salaire de 20 dollars/heure. Il restera aux États-Unis le temps de valider son master en biotechnologies avant de regagner son pays. Sa sœur, Vu Thi Thuong (22 ans) n’est pas en reste. Elle fait partie des meilleurs élèves de l’orphelinat et des 14 à avoir réussi un concours d’entrée à l’université.
L’orphelinat de Dà Nang a redonné le sourire et de l’espoir à des jeunes désespérés. Trân Thi Ly est la «doyenne» des orphelins. Originaire du district de Dông Giang (province de Quang Nam), l’adolescente de 17 ans a perdu son père très tôt. À six ans, elle est recueillie par l’orphelinat où elle assiste la mère Bay dans les tâches quotidiennes. Pour elle, il restera l’endroit qui lui a évité le pire. «Si je ne l’avais pas rejoint, je n’aurais pas échappé aux travaux pénibles», raconte la jeune fille qui poursuit également des études. «Je suis en terminale. Mes professeurs remarquent que je suis une bonne élève», dit-elle. Si elle se plait dans cette enceinte familiale où elle a retrouvé la joie de vivre, elle n’a pas pour autant oublié sa maman. «Très souvent lorsque je rentre dans ma ville natale, j’en profite pour rendre visite à ma mère», confie-t-elle.
Le second foyer des enfants en difficulté
Pour la plupart des enfants, l’orphelinat est une deuxième famille et sa responsable, une deuxième mère. Âgé de 14 ans aujourd’hui, Hô Van Hùng, d’ethnie Cor (district de Trà Bông, province de Quang Ngai, Centre), souffre d’allergies de peau et des troubles de la vision. Depuis le décès de ses parents, il n’a pu compter que sur l’aide du centre. «Je l’ai rejoint à cinq ans. Mme Nguyên Thi Bay est pour moi une deuxième mère», dit-il.
À l’instar de Trân Thi Ly et Hô Van Hùng, l’orphelinat de Dà Nang a aidé beaucoup d’orphelins à retrouver une vie de famille. Ces vingt dernières années, elle a pris en charge près de 350 enfants et adolescents. La plupart d’entre eux y sont arrivés très jeune, certains ne se souviennent même pas de leur famille, encore moins de leurs origines. «Nous constituons un dossier individuel pour le pensionnaire qui, une fois majeur, pourra découvrir ses origines», indique Lê Thi Thu Hà, directrice adjointe du centre.
Selon elle, la plus grande joie de l’orphelinat est de voir ces jeunes désespérés au départ, exceller aujourd’hui et devenir des personnes utiles à la société. Elle confie avec fierté : «Outre 14 enfants qui ont réussi leurs concours d’entrée à l’université, 63 autres suivent des cours dans des écoles professionnelles. Les autres apprennent des métiers et trouveront sans nul doute un emploi stable».
Une mission accomplie pour cet orphelinat, qui a réussi à assurer un avenir à beaucoup d’enfants.
Quê Anh/CVN