Un nouveau parc solaire, mais la France encore loin du compte

Cent-vingt-six mille panneaux photovoltaïques entre forêt, blé et mares artificielles. TotalEnergies vient de couper à Gien le ruban de son plus grand parc solaire en France, où les inaugurations se multiplient mais sont encore loin de permettre au pays de rattraper son retard dans cette énergie.

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Des piles solaires en France.

L'an dernier a vu un niveau record de construction de sites solaires dans l'Hexagone.

À Gien, le parc de 75 ha d'une capacité de 55 mégawatts (MW) peut alimenter environ 40.000 personnes en électricité. Avec lui, le groupe pétro-gazier TotalEnergies, qui veut se diversifier, atteint désormais un total de 1 gigawatt (GW) de capacité solaire ou éolienne en France. Il vise 4 GW en 2025.

"Ca n'est qu'un début et TotalEnergies a bien l'intention d'être un acteur majeur de cette transformation" énergétique, a déclaré Stéphane Michel, directeur Gaz, renouvelables et électricité pour le groupe, en inaugurant les lieux vendredi 10 juin sous un soleil de circonstance.

Mais la France n'est à ce jour pas le pays le plus accueillant pour les renouvelables. À 13 GW de capacité, elle devrait rater son objectif pour 2023 (20 GW), et ce alors que le président Emmanuel Macron veut désormais pousser à 100 GW en 2050.

Pour Stéphane Michel, en France, "le grand sujet c'est l'accès au foncier". Pour trouver des zones d'implantation, le groupe a signé une convention avec la fédération agricole FNSEA, et mène des projets pilotes dans l'agrivoltaïsme permettant de mêler productions agricole et d'énergie.

"Être informés"

À Gien, c'est le propriétaire du terrain qui est venu voir l'énergéticien.

Michel Beaumont ne savait que faire de cet espace agricole, selon lui peu fertile, dans lequel il avait investi pour tenter d'implanter un parc animalier.

Le photovoltaïque, "c'est le plus beau projet qu'on pouvait faire, car on en a besoin", dit cet entrepreneur de travaux publics, qui a signé un bail de location de 20 ans, pour un montant non précisé.

Le projet n'a pas fait l'objet de recours. Mais le processus a duré huit ans, entre instruction, études environnementales, fouilles archéologiques qui ont in fine réduit la surface, aménagement de mares et de haies...

Pour impliquer les riverains, une part du projet (38 millions d'euros d'investissement au total), a aussi fait l'objet d'un financement participatif de 2,2 millions d'euros, souscrit par 200 habitants.

Le maire (DVD) de Gien, Francis Cammal, se félicite d'un projet alliant "nature et technologie" : "la triste actualité (tensions en Ukraine) rend plus cruciale une nécessité évidente. Il faut accroître la part des énergies renouvelables et réussir ensemble la transition énergétique du pays".

Il salue aussi les retombées fiscales - plusieurs dizaines de milliers d'euros, dit-il - et le "souci de concertation". "Il faut être informés, car nous nous interrogeons, par exemple, sur la durabilité des panneaux".

En France, TotalEnergies affiche une certaine modestie dans ses ambitions solaires ou éoliennes.

"À Gien, on a trouvé un équilibre entre coût et acceptabilité. On n'est pas forcement convaincu que de plus grandes centrales puissent faire sens, si un projet doit prendre 15 ans et n'est pas garanti d'aboutir. Il n'y a pas de course à la taille pour la taille".

La situation est différente aux États-Unis, en Inde, au Chili, en Espagne, ou au Qatar où "on met en production 800 MW au milieu du désert, et ce n'est pas un problème".

Selon lui, la multinationale consacre aujourd'hui 25% de ses investissements annuels aux renouvelables et à l'électricité, en croissance organique ou en acquérant des entreprises.

Le groupe commence aussi à internaliser certaines fonctions, de recherche-développement, calcul et modélisation, etc., dit encore le responsable du groupe.

TotalEnergies réalise à ce jour environ 5% de ses ventes dans les renouvelables et l'électricité (y compris d'origine gazière), le reste provenant de ses activités traditionnelles.

AFP/VNA/CVN

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