L'inflation repart de plus belle en mai aux États-Unis

L'inflation est repartie à la hausse en mai au États-Unis, s'accélérant après un répit de courte durée en avril, et battant un nouveau record en 40 ans, des chiffres auxquels Joe Biden réagira à la mi-journée depuis le port de Los Angeles.

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Une station service de Washington le 26 mai
Photo : AFP/VAN/CVN

L'inflation a atteint 8,6% sur un an, contre 8,3% le mois dernier, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié vendredi 10 juin par le département du Travail. Sur un mois, la hausse des prix s'élève à 1,0%, contre 0,3% en avril.

Ces chiffres plus élevés qu'anticipé ont plombé Wall Street, qui a ouvert en forte baisse vendredi 10 juin, tandis que le dollar américain, lui, bondissait face à l'euro.

Logement, essence, billets d'avion, alimentation, voitures neuves et d'occasion, mais aussi soins médicaux, vêtements, la hausse des prix a été générale le mois dernier.

Les prix de l'énergie et de l'alimentation, qui ont flambé depuis le début de la guerre en Ukraine, ont enregistré de fortes hausses sur un an : +34,6% pour l'énergie - la plus forte hausse depuis septembre 2005 - et +10,1% pour les prix alimentaires - la plus forte progression depuis mars 1981.

En excluant ces deux catégories, l'inflation dite sous-jacente est stable sur un mois, à +0,6%, et ralentit même sur un an, à +6,0%. Cette nouvelle hausse des prix vient doucher les espoirs d'un ralentissement durable de l'inflation, dont le taux avait reculé un peu en avril, à +8,3% sur un an.

Cela "indique que le ralentissement de l'inflation jusqu'à la fin de l'année sera tout sauf rapide (...) et l'inflation CPI sera probablement encore supérieure à 6% en décembre", avertit Gregory Daco, économiste en chef d'EY-Parthenon

Prix du transport maritime

Joe Biden s'exprimera à 13h45 (17h45 GMT) depuis le port de Los Angeles, où arrivent les porte-conteneurs remplis de biens fabriqués en Asie, avant d'être installés dans les rayons des magasins américains.

Il en appelle à la Chambre des représentants, qui doit se prononcer la semaine prochaine sur un texte adopté en mars par le Sénat, pour empêcher les transporteurs maritimes de gonfler leurs prix, car cela se répercute ensuite sur le consommateur.

Le texte précise que le prix d'un conteneur de 40 pieds est passé d'environ 1.300 USD avant la pandémie à 11.000 USD en septembre 2021.

L'étal de Thomas Calomiris, vendeur au Eastern Market de Washington, le 20 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les difficultés mondiales d'approvisionnement ont provoqué une flambée des prix partout dans le monde, accentuée aux États-Unis par la pénurie de main-d'œuvre, au moment même où les généreuses aides financières versées par le gouvernement stimulaient la demande.

Cette inflation désespérément élevée est mauvaise pour Joe Biden, à quelques mois d'une échéance électorale cruciale, qui verra le renouvellement d'une large partie des élus du Congrès, le Parlement américain. L'opposition républicaine, accuse en effet la politique économique du président démocrate d'être inflationniste.

Risque de "stagflation

"Les risques liés aux évolutions géopolitiques, en particulier pour les prix du pétrole et des denrées alimentaires, restent élevés", relève Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.

Un accroissement de l'activité dans le secteur des services au cours des prochains mois, au détriment des achats de biens, devrait cependant "donner un coup de pouce", et faire baisser la pression sur la chaîne d'approvisionnement, anticipe-t-elle.

Cette nouvelle accélération de l'inflation devrait également convaincre la Banque centrale américaine (Fed) de donner un tour de vis supplémentaire à ses taux directeurs la semaine prochaine lors de la réunion de son comité monétaire.

L'institution est en effet à la manœuvre, son principal levier étant de freiner la demande de la part des consommateurs et entreprises, via les hausses de taux directeurs.

Elle les a déjà relevés à deux reprises, d'un quart de point puis d'un demi-point de pourcentage, jusqu'à la fourchette de 0,75 à 1,00%. La lutte contre l'inflation risque de peser sur l'économie américaine, faisant même craindre une récession. Le chômage, lui, pourrait repartir à la hausse.

"Faut-il craindre la stagflation?", c'est-à-dire une période prolongée de croissance faible et d'inflation élevée, s'interroge Gregory Daco : "non, pas en 2022, mais les risques seront bien plus grands en 2023", selon lui.

La Banque mondiale a mis en garde cette semaine contre les risques d'une stagflation au niveau mondial.

Un autre indice mesurant l'inflation, le PCE, privilégié par la Fed, est publié par le département du Commerce, mais plus tard dans le mois. Il a lui aussi ralenti en avril, à 6,3% sur un an, et les données de mai seront connues le 30 juin.

AFP/VNA/CVN

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