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Des migrants évacués d'un camp par la police, le 28 janvier dans le nord-est près de Paris. |
Encadrés par un important dispositif policier, 1.436 migrants, dont 93 enfants, qui avaient planté des tentes ou monté des baraquements de fortune au bord du périphérique proche de la Porte d'Aubervilliers ont été emmenés dans des gymnases ou des centres d'accueil franciliens.
Sous un vent glacial, les occupants du campement sont partis avec le strict minimum dans des sacs de course ou des valises, laissant derrière eux des tentes en vrac sur un terrain boueux aux allures de bidonville jonché de matelas, vélos et détritus, que les services de la Ville de Paris s'affairaient à nettoyer.
Avec ses trois filles, Fatima, 38 ans, venue de Côte d'Ivoire, y dormait "dans une tente, dans la saleté", quelque heures encore avant de monter dans un bus, sans en connaître la destination. "On va voir ce que la préfecture peut nous donner. Pour l'instant on ne sait rien du tout (...), mais on garde espoir", témoigne-t-elle, une main sur sa poussette recouverte d'une couverture.
Yssouf, lui aussi Ivoirien et âgé de 29 ans, vivait dans une tente depuis décembre. Il a déjà été hébergé dans un centre pour demandeurs d'asile mais a été débouté et s'est retrouvé à la rue.
"Je suis soulagé de cette opération car le froid commence à être pesant", confie-t-il, en espérant "quand même qu'un hébergement pérenne va arriver".
Le ministre de l'Intérieur, qui s'est rendu en fin d'après-midi sur les lieux, a assuré qu'une "présence policière sera(it) mise en place pour sécuriser ce site".
Sur le sort des migrants évacués, il prône un examen "au cas par cas" et dit souhaiter "éviter toute régularisation massive, qui aurait un effet négatif pour les migrants eux-mêmes avec un effet d'appel d'air"
Fin du "cycle infini"
Des policiers écavuent un camp de migrants, le 28 janvier à la Porte d'Aubervilliers, dans le nord-est de Paris. |
"Nous ne recommencerons pas un cycle infini évacuations/réinstallations. Ce serait incompréhensible pour les concitoyens", a insisté le préfet de police Didier Lallement, en soulignant que les camps de migrants sont "des lieux de pauvreté et de désespoir mais aussi de criminalité".
La doctrine des autorités a changé lors de l'évacuation d'environ 1.600 personnes à cheval sur Paris et la Seine-Saint-Denis, notamment à la Porte de la Chapelle, le 7 novembre.
Au lendemain de l'annonce de Christophe Castaner, promettant que ces sites allaient être évacués avant fin 2019, un tour de vis sécuritaire avait été opéré pour empêcher une réinstallation sur les terrains évacués.
Pour autant, avec cette opération, l'engagement du gouvernement n'est toujours pas tenu : entre les deux démantèlements, environ 300 migrants se sont installés Porte de la Villette.
S'il "déplore" ce délai qui a favorisé des réinstallations, le préfet de région Michel Cadot a précisé pour sa part que le campement de la Porte de la Villette serait démantelé lui aussi "dans les prochaines semaines".
Une fois le nord-est de Paris vidé de ces campements, l'objectif est de s'occuper des migrants dès leur arrivée, a-t-il dit, en soulignant que l'"on peut prendre en charge jusqu'à 400 arrivées par semaine".
Également présente, Anne Hidalgo, candidate à sa réélection à la Mairie de Paris, a vanté son projet de végétalisation et de piétonnisation de la Porte de la Chapelle pour qu'ils ne soient plus des lieux de campements, tout en espérant que "la prise en compte humanitaire de la situation des personnes sera réelle".
Si l'opération de mise à l'abri a été saluée unanimement par les organisations de défense des migrants, son effet à long terme pose question, soulignent-elles : les "blocages administratifs", explique par exemple l'association Utopia56, conduisent à la "reformation inexorable de nouveaux campements après les démantèlements".
AFP/VNA/CVN